ISRAËL SONGE À L’EXPLOIT
DE 2007 CONTRE L’USINE NUCLÉAIRE EN SYRIE
Par Jacques
BENILLOUCHE
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La centrale nucléaire syrienne |
Israël tremble rétroactivement à l’idée que la Syrie aurait été en mesure, aujourd’hui, de disposer de l’arme nucléaire s’il n’était pas intervenu en 2007. La décision difficile avait été prise par le gouvernement israélien en accord avec les Etats-Unis, pour détruire le réacteur syrien, avant sa mise en fonctionnement. L'opération militaire Orchard fut exécutée par l'armée de l'air israélienne le 6 septembre 2007, vers minuit, contre un immeuble de Deir ez-Zor en Syrie.
Le plan de l'usine nucléaire |
Des
avions de combat israéliens F-15I armés de bombes guidées par laser de 500
livres, escortés par des avions de combat F-16I et des avions de renseignement,
ont d’abord attaqué et détruit le site radar syrien à Tal al-Abuad, puis ont
procédé à la démolition du réacteur nucléaire. Ce travail avait été préparé préalablement
par les forces spéciales israéliennes, les unités d’élite Maglan et Sayeret Maatkal,
qui étaient arrivées sur le site nucléaire la veille pour y insérer des
marqueurs électroniques afin d’aider les avions à repérer avec plus de
précision leur cible grâce aux indicateurs laser.
L'usine avant et après |
Tsahal
avait détruit l’immeuble qui abritait un réacteur à eau lourde construit avec
l'aide de la Corée du Nord et devant servir à la production de plutonium
militaire. Dix ingénieurs nord-coréens avaient d’ailleurs trouvé la mort lors
de l'attaque. Les unités de missiles balistiques des forces syriennes n’avaient
pas été mises en alerte et finalement n’avaient pas répliqué parce que les
radars avaient été rendus aveugles par des commandos au sol qui ont utilisé un procédé resté secret à ce jour.
C’est
seulement le 28 avril 2010, que le directeur général de l'AIEA Yukiya Amano avait
accepté de révéler que la cible cachait bien un réacteur nucléaire en
construction, contrairement aux assertions syriennes. C’est aussi seulement le
21 mars 2018, que l’État israélien a admis officiellement avoir détruit
l'installation nucléaire.
Général Eli ben Meir |
Cette
opération n’aurait pas eu lieu si le général israélien Eli Ben Meir ne s’était
pas entêté alors qu’il dirigeait, depuis 2005, le département technologique des
services de renseignements militaires. Des signes d’activité nucléaire en Syrie
avaient été détectés dès 2000 mais Israël n'avait aucune certitude. Au début de
2006, le général avait suffisamment de preuves pour demander des ressources
humaines supplémentaires afin de se concentrer sur le réacteur pour apporter la preuve du danger. Il avait alors dû convaincre, non seulement les dirigeants israéliens,
mais le président George W. Bush et le directeur du renseignement national,
John Negroponte, pour qu’une action soit entreprise.
L’équipe
d’Eli Ben Meir était la seule parmi les responsables israéliens à croire à cette
théorie du réacteur nucléaire syrien qui semblait tirée de l’imagination des
agents sécuritaires. Il a fallu de plus en plus de preuves pour étayer le
risque syrien mais Ben Meir était parvenu à convaincre. Par ailleurs, le
gouvernement israélien lui avait demandé de s’assurer que la centrale n’était pas encore
opérationnelle sinon, en cas d’attaque, elle devenait une véritable bombe
nucléaire. L’opération de destruction a été lancée au moment même où le premier
ministre Ehud Olmert était contraint à la démission sous le soupçon de
corruption. Il avait donné le feu vert mais son successeur Benjamin Netanyahou avait
été crédité du succès.
Avec
la guerre civile qui a été déclenchée en Syrie, la situation aurait été
totalement différente si Bachar El-Assad détenait des capacités nucléaires. Il
aurait eu des arguments pour faire pression sur les alliés occidentaux et sur Israël pour les empêcher
d’intervenir librement. Mais plus grave, l’arme nucléaire aurait pu passer
entre les mains du Hezbollah et de l’Iran.
L'action préventive fait partie de l'adn de l'armée israélienne. Les
dirigeants israéliens font aujourd’hui le parallèle avec la situation en Iran
qui dispose déjà de missiles et de lanceurs mais qui a été stoppé dans la production
d’armes nucléaires. L’accord nucléaire signé en 2015 ne garantit rien sur la
durée. C’est pourquoi les partisans d’une attaque contre les usines nucléaires
iraniennes, bien que minoritaires, font pression sur le gouvernement. Cependant
l’État-Major militaire et les services sécuritaires estiment qu’Israël ne peut pas agir
seul, sans l’aide logistique et surtout le soutien politique des Etats-Unis, face à la présence active de la Russie au Moyen-Orient. Tsahal
rappelle qu’en 2007 il était intervenu avec le plein accord des
Américains. Mais si les chefs militaires ne sont pas pour l’instant
favorables à une frappe contre l’Iran mais uniquement contre les Iraniens en
Syrie, ils se préparent à toute éventualité puisque c’est leur rôle d’envisager
toutes les options.
Carte nucléaire de l'Iran |
Dans
cet esprit, l’aviation israélienne a procédé à de nombreux exercices de masse
qui ont réuni plus de 100 chasseurs israéliens F-16 et F-15, ainsi que des
hélicoptères et des avions ravitailleurs. Ces aéronefs ont parcouru la Méditerranée sur plus de 1.500 kms pour simuler la distance qui sépare Israël
de l'usine nucléaire iranienne. Depuis quelques mois, les avions furtifs F-35
font partie de la panoplie aérienne mais il semble que leur utilisation soit
conditionnée à un feu vert américain.
Israël n’a pas attendu en 2007 et avait agi seul. La question se pose si en 2018 il pourra s’affranchir de l’aide de Donald Trump et de la menace de Vladimir Poutine.
Israël n’a pas attendu en 2007 et avait agi seul. La question se pose si en 2018 il pourra s’affranchir de l’aide de Donald Trump et de la menace de Vladimir Poutine.
3 commentaires:
Dans le contexte actuel des tensions avec l'Iran, est-ce que c'était vraiment une bonne idée de révéler par le détail le modus opérandi de cette opération ? Si la réponse est OUI, alors ça veut dire que l'IAF a trouvé encore mieux pour répondre aux défis à venir. Les Perses ne sont pas des musulmans comme les autres : ce sont des joueurs d'échecs, capables d'apprendre de leurs erreurs et surtout de mettre en pratique les bonnes recettes de leurs ennemis. Alors ? Drôle d'hasbara que cette médiatisation à outrance d'une opération éclair ! Comme si l'Histoire allait se répéter ! Comme si la donne stratégique d'aujourd'hui était la même ! Je crois que sur cette affaire Tsahal aurait gagné à être modeste (tsenoua). La sagesse juive nous met en garde contre l'orgueil, non pas parce que c'est un vilain défaut, mais plus prosaïquement, parce qu'on peut trébucher par orgueil. Militairement, et grâce à D.ieu, Israël a le savoir-faire. Mais quel intérêt y a-t-il à le leur faire savoir ? Ils n'ont rien compris et ils ne comprennent rien à la pérennité d'Israël. Finalement, toute cette campagne de presse qui ne visait qu'à mettre en garde Téhéran, n'aura servi qu'à rendre les stratèges des Mollahs plus intelligents, c'est-à-dire plus vicieux.
@Yaakov
Ce n'est pas la première fois qu'on m'accuse de divulger des informations scuritaires. D'une part, il ne faut pas prendre les ennemis d'Israël pour des débiles. Ils savent tout. D'autre part, ce qui est publié passe par la censure militaire qui est décisionnaire.
Aujourd'hui la guerre médiatique est plus importante que les missiles. Je ne me pose de question sur les motivations de Tsahal de divulger ces informations, il sait ce qu'il fait. Dans cette affaire, il faut faire confiance aux chefs militaires.
Monsieur Neeman,
Si vous voulez des informations sans intérêt vous avez beaucoup de journaux francophones qui sont dédiés aux informations communautaires ou religieuses. Laissez-nous au moins ce site qui nous informe avec détails.
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