VOTE SUR JÉRUSALEM : UNE
DÉFAITE SANS LENDEMAIN ?
Par
Jacques BENILLOUCHE
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Il
faut appeler un chat, un chat et garder raison. Il n’y a aucune honte à
reconnaître ses défaites et ne pas interpréter à sa façon les chiffres comme
l’a fait un éminent ancien ambassadeur d’Israël à la télévision. Il a présenté
ce vote comme une «victoire diplomatique» d’Israël sous prétexte que
la résolution n’a pas atteint les 130 voix. Sur les
193 pays membres de l’ONU, 128 ont voté pour la résolution, 35 se sont abstenus
et 9 (Guatemala, Honduras, Israël, Palaos, Îles Marshall, Micronésie, Nauru,
Togo, États-Unis) ont voté contre.
Une
large majorité a ainsi condamné la reconnaissance par les Etats-Unis de
Jérusalem comme capitale d’Israël. Il ne s’agit pas d’une «victoire
diplomatique» mais pas non plus d’une défaite déshonorante car 35
pays se sont abstenus et 21 ne sont pas venus voter. Seuls deux
tiers des membres de l'Assemblée générale se sont exprimés en faveur de la
résolution. Les
abstentionnistes ont tenu compte des menaces de Donald Trump qui avait laissé
entendre qu'il pourrait mettre fin aux aides accordées à ceux qui
s'exprimeraient contre sa position.
Mais
au lieu de donner une interprétation optimiste du vote, voire de travestir le
résultat pour calmer les appréhensions des Israéliens, il suffit de préciser que les résolutions de l'Assemblée générale des
Nations unies n’ont pas de valeur juridique contraignante en droit
international public, contrairement aux résolutions du Conseil de sécurité des
Nations unies.
Les Palestiniens à l'ONU |
Les
Palestiniens peuvent toujours se féliciter de la résolution mais elle ne
changera rien : «Cette décision réaffirme que la juste cause des
Palestiniens bénéficie du soutien du droit international. Nous allons
poursuivre nos efforts à l’ONU et dans d’autres forums internationaux pour
mettre fin à l’occupation israélienne et créer un État palestinien avec comme
capitale Jérusalem-Est. Aucune décision d’aucune partie ne peut changer la
réalité : Jérusalem est un territoire occupé aux termes du droit international».
Nikki Haley |
Nikki
Haley, ambassadrice américaine auprès des Nations unies, a prévenu aujourd’hui
que : «quoi qu’il advienne, l’Amérique mettra son ambassade à
Jérusalem, aucun vote ne changera cela».
On
devrait en revanche s’inquiéter du flou de la déclaration de Donald Trump et
comme dit l’autre, «quand c’est flou c’est qu’il y a un loup».
Le président américain n'a pas parlé d'une Jérusalem unifiée pour laisser
ouverte la discussion sur le statut final de la capitale. C’est tellement flou
que certains pays, la Turquie en particulier, considèrent qu’il y a toujours
deux Jérusalem et que «Jérusalem-Est reste la capitale de la
Palestine».
Trump n’a pas défini de quelle Jérusalem
il parle. Il a certes reconnu Jérusalem en tant que capitale d'Israël mais a
fait un pas en arrière en justifiant que le déplacement de l'ambassade américaine
nécessiterait au moins un mandat en raison des délais de planification et de
construction. En d’autres termes, revotez pour moi et vous aurez plus de
chances pour le transfert. S’il le voulait vraiment, il aurait pu installer
temporairement l’ambassadeur et ses collaborateurs directs dans les locaux du
Consulat de Jérusalem pour marquer sa détermination politique. La place n'y manque pas.
Consulat de Jérusalem |
Beaucoup
d’Israéliens s’inquiètent de sa volonté cachée de diviser Jérusalem pour calmer
la fureur des pays arabes et atténuer les conséquences du vote à l’Onu qui va
le contraindre à agir. Certains lui prêtent l’intention «d’offrir»
dans une négociation les quartiers arabes de Jérusalem-Est et quelques villages
environnants pour créer une capitale palestinienne en fermant les yeux, en échange, sur les
quartiers juifs qui ont été annexés, Gilo en particulier.
Le
Premier ministre israélien, comme il fallait s’y attendre, a rejeté la
résolution «absurde» de l'ONU et l’a déclarée «nulle et non avenue». Il a déclaré que Jérusalem «a toujours été, sera toujours la capitale
d'Israël». Il a apprécié «qu'un nombre croissant de pays refusent
de participer à ce théâtre de l'absurde» .
François Delattre |
L'ambassadeur
de France à l'ONU, François Delattre, a déclaré de son côté, sur instructions du
Quai d’Orsay, que : «La résolution adoptée aujourd'hui ne fait que
confirmer les dispositions pertinentes du droit international sur Jérusalem, ce
vote ne doit pas diviser ou exclure».
L’initiative
de Trump sur Jérusalem a remis les Palestiniens, qui avaient été marginalisés par
l’émergence de Daesh, sur le devant de la scène arabe et a renforcé la position
de l’Iran et de la Turquie. Le commandant iranien Qasem Soleimani a appelé les branches armées palestiniennes à aller au combat en leur offrant tout son soutien.
L’Iran a émergé comme allié principal des Palestiniens au moment où ses rivaux
du Golfe se préparaient à normaliser leurs relations avec Israël. Dans son
discours du 18 décembre, lors d’une manifestation au sud de Beyrouth, Hassan
Nasrallah, a immédiatement tiré profit de ce revirement stratégique en
déclarant que le Hezbollah allait se recentrer sur la cause palestinienne, à
présent que Daesh est défait et que ses miliciens sont sur le chemin du retour au Liban.
La
décision de Trump a eu pour effet imprévu d'unir le monde islamique et de freiner la division entre les
Sunnites et les Shiites. Elle risque d’être un message fort aux adeptes arabes
de la normalisation qui risquent de repousser leur décision en attendant des jours meilleurs, voire de l'annuler.
3 commentaires:
128 pays ont vote la resolution mais combien de pays arabo-musulman peut etre une centaine ou un peu moins et certains pays d'afrique d'amerique du sud et d'asie.donc combien de votes senses plus ou moins 30.quelle affaire.non contraignante elle permet a certains de se defouler c'est de bonne guerre.cette resolution a ete votee, et apres?????
sur le terrain c'est autre chose.
chalom a tous
georges
Ce vote cautionne tous les attentats passés et à venir.
Mais en quoi il est gênant pour tous ces pays et la France en particulier que les ambassades soient à Jérusalem ouest, ne sont ils pas entrain de faire que Jérusalem soit palestinienne, cela ne m’étonnerait pas avec cette bande de voyous
Ce vote a quelque chose de positive ; il aura montré, encore une fois, que beaucoup de pays versent davantage dans l’hypocrise diplomatique, la poltronnerie, le mensonge … plus qu’ils ne versent à chercher les justes solutions aux justes problèmes, nombreux, de notre Monde. Alors qu’en est-il, de cette cause oubliée ; en termes de priorité, de l’importance de sa population, d’attente sur le plan historique, de souffrances endurées, emprisonnement, repression, liquidation physique…. du Peuple Kurde ; Une cause qui n’ a pas eu cette « chance » d’avoir toutes les sollicitudes des « nations unies » notamment de sa majorité automatique, contrairement, en fait, au volet israélo-arabo/palestinien qui ne date que de quelques décennies, lequel en outre est né de l’entêtement des Arabes et Musulmans à ne pas reconnaître ISRAEL et la judaïté de sa propre terre. L’ONU doit faire amende honorable à l’égard des Kurdes et Le KURDISTAN, en tant que cause d’urgence et prioritaire, qui mérite tous les espoirs de dire OUI, ENFIN, l’Humanité avance dans le vrai, car un Peuple de 40 000 000 habitants aura récupéré son identité, sa dignité, sa terre, sa langue, sa démocratie, sa liberté.
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