LA POLITIQUE MOYEN-ORIENTALE DE MACRON
Par Jacques BENILLOUCHE
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Macron à Yad Vachem |
Il est une tradition qu’à chaque élection présidentielle française, qu’à chaque nouveau gouvernement, on se pose la question de savoir si «c’est bon pour Israël». C’est pourtant une déviation qui est anormale car la politique étrangère française se fait à l’Élysée, à la rigueur au Quai d’Orsay, mais jamais dans le bureau de Netanyahou. Cela est d’autant plus paradoxal que les binationaux se désintéressent totalement de la politique française puisqu’ils n’ont été que 15% à se déplacer pour voter à cette élection importante de 2017. Il leur est donc impossible de peser sur la politique à l’égard d’Israël comme certains le prétendent. Il faut donc cesser de juger la politique française à travers une lentille juive car les Juifs se répartissent normalement au sein de tout le spectre politique, de l’extrême-gauche à l’extrême-droite.
Un
député français, censé représenter les Français d’Israël et qui confond la
tribune de l’Assemblée nationale avec celle de la Knesset, a élu par défaut. Le
résultat de son mandat est nul puisqu’aucun des dix points écrits de son programme n’a été réalisé. Il sera sanctionné par les électeurs pour peu qu’ils
aient une rigueur politique. Il se glorifie que 60% des votants ont choisi François
Fillon alors que le nombre de votants dans tout Israël n’a pas dépassé celui des
communes de la Creuse, 11.502 votants sur 74.030 inscrits.
Ses excès l’ont déconsidéré, même auprès de ses amis, et pour preuve l’annulation de la venue de Claude Goasguen et Éric Woerth à la réunion électorale à Tel-Aviv le 20 avril, censée booster la candidature de Fillon. Ces invités avaient estimé que l’élection était pliée et qu’ils ne devaient pas se compromettre avec celui qui avait d’abord soutenu Nicolas Sarkozy contre Fillon puis François Fillon contre Macron. Les Francophones d’Israël ne pèsent politiquement ni en France et ni en Israël. Peut-être qu’un nouveau député, qui ne s’appuiera pas uniquement sur les rabbins orthodoxes mais sur toute la communauté française dans sa diversité, pourra insuffler un vent nouveau pour être entendu en France et apporter le changement tant attendu.
Habib avec une kippa interdite à l'assemblée nationale |
Ses excès l’ont déconsidéré, même auprès de ses amis, et pour preuve l’annulation de la venue de Claude Goasguen et Éric Woerth à la réunion électorale à Tel-Aviv le 20 avril, censée booster la candidature de Fillon. Ces invités avaient estimé que l’élection était pliée et qu’ils ne devaient pas se compromettre avec celui qui avait d’abord soutenu Nicolas Sarkozy contre Fillon puis François Fillon contre Macron. Les Francophones d’Israël ne pèsent politiquement ni en France et ni en Israël. Peut-être qu’un nouveau député, qui ne s’appuiera pas uniquement sur les rabbins orthodoxes mais sur toute la communauté française dans sa diversité, pourra insuffler un vent nouveau pour être entendu en France et apporter le changement tant attendu.
En politique
étrangère, Emmanuel Macron est qualifié de «mondialiste avec une conscience
sociale et européen convaincu». Quelques éclairages peuvent être apportés pour
caractériser ses options de politique étrangère qu’il souhaite équilibrée. Sur
le dossier Palestine-Israël, Emmanuel Macron s’inscrit dans la tradition
française : «La sécurité d’Israël est pour nous un principe intangible, de
même que la légitimité de l’État palestinien. Nous devrons rechercher les
conditions d’une paix juste et durable, qui permette aux deux États de
coexister en sécurité».
Lors d’une conférence à Beyrouth le 23 janvier 2017, il a rejeté l’idée que la France reconnaisse un État palestinien avant qu’un accord n’ait été trouvé entre les deux parties. Il estime qu’il n’est pas souhaitable de mettre la pression sur l’État hébreu avec en particulier le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions), qui tente d’infléchir la politique dans les implantations : «Le boycott d'Israël a été condamné par la France dans un arrêt de la Cour de Cassation de 2015 et il n'est pas question de revenir là-dessus». Selon lui, l’appel au boycott relève de «méthodes antisionistes et donc profondément antisémites».
Aoun et Macron au Liban |
Lors d’une conférence à Beyrouth le 23 janvier 2017, il a rejeté l’idée que la France reconnaisse un État palestinien avant qu’un accord n’ait été trouvé entre les deux parties. Il estime qu’il n’est pas souhaitable de mettre la pression sur l’État hébreu avec en particulier le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions), qui tente d’infléchir la politique dans les implantations : «Le boycott d'Israël a été condamné par la France dans un arrêt de la Cour de Cassation de 2015 et il n'est pas question de revenir là-dessus». Selon lui, l’appel au boycott relève de «méthodes antisionistes et donc profondément antisémites».
Sur le dossier
Palestine-Israël, Emmanuel Macron s’inscrit dans la tradition française : «La sécurité d’Israël est pour nous un principe intangible, de même que la
légitimité de l’État palestinien. Nous devrons rechercher les conditions d’une
paix juste et durable, qui permette aux deux États de coexister en sécurité».
Il s’est en revanche positionné contre la reconnaissance unilatérale de la
Palestine qui «ne sert à rien».
Sa
position sur le conflit syrien est clair : «Bachar el-Assad est un
dirigeant qui a failli. L’erreur qui a été faite, de droite ou de gauche, a été
à un moment de faire du départ de Bachar el-Assad un préalable à tout. La
France n’est pas là pour décerner des bons points et des mauvais points à qui
que ce soit, elle est là pour construire la paix, c'est bien plus compliqué
mais il n’est pas question de pactiser avec le dirigeant syrien. Il faut
accepter de dialoguer avec chacune des grandes puissances régionales pour construire
une solution politique en Syrie». Contrairement
à la politique menée par François Hollande, «l'extermination du régime de
Bachar el-Assad ne doit pas constituer un préalable à toute décision car
l’objectif demeure la lutte contre Daech et le Front al-Nosra». Emmanuel
Macron entend privilégier le dialogue politique tout en refusant de laisser «les États-Unis et la Russie, qui sont par ailleurs profondément opposés,
décider du sort de la Syrie». Il s’insère ainsi entre le soutien
ostensible apporté à la rébellion par François Hollande et la politique du
dialogue avec le régime alaouite prônée par Marine Le Pen.
Emmanuel
Macron veut inscrire son volet international sur une vision d’indépendance : «Je souhaite mettre en œuvre une diplomatie claire et résolue, dans la tradition
gaulliste et mitterrandienne, pour faire de la France une puissance
indépendante, humaniste et européenne». Il se situe loin du néo-atlantisme
prôné par Nicolas Sarkozy et François Hollande. Il est pour «l’Europe toute» en attribuant à la zone euro un budget, un parlement et un ministre de
l’Économie. Il soutient par ailleurs le CETA, le traité de libre-échange entre
le Canada et l’Union européenne.
Sur
le plan international, il veut s’appuyer sur les forces nationales, sur les
traités européens avec les clauses de protection réciproque, sur l’OTAN et sur
les Nations unies. Plus précisément : «la France n’a pas intérêt à
remettre en cause sa place au sein du commandement intégré de l’OTAN. Elle veillera
seulement à limiter les interventions de l’OTAN en dehors de sa zone
géographique aux seuls cas où les intérêts de la France sont directement
concernés. Je souhaite faire de la France une puissance indépendante, humaniste
et européenne».
Macron
soulève un nouveau point fort depuis le Brexit à savoir que la France est devenue
le seul membre permanent de l’Union européenne disposant du droit de veto à
l’ONU. Il entend en faire un levier «pour faire prévaloir dans cette enceinte les intérêts et les positions communes
de l’Union». Il plaidera pour un élargissement du Conseil de sécurité à d’autres
puissances comme l’Allemagne, le Japon, l’Inde, le Brésil et un pays africain.
Il
a ouvertement choisi son camp vis-à-vis des États-Unis et de la Russie : «la présidence de Donald Trump inquiète nos concitoyens mais notre proximité
avec les États-Unis et avec nos alliés est une chance». Il songe à la
perspective d’un désengagement accru des États-Unis qui va accroître les défis
sécuritaires. C’est pourquoi la France «doit se doter d’une politique
étrangère et de défense européenne qui ne s’inscrit pas forcément dans une
Europe à 27, mais dans un Europe à géométrie variable en partenariat avec les
États membres qui sont prêts à avancer».
Il
semble en revanche plus ferme envers la Russie : «La Russie de Vladimir
Poutine mène une politique étrangère dangereuse qui n’hésite pas à s’affranchir
du droit international. L’Europe a vocation à s’entendre avec la Russie, sur la
situation en Ukraine en particulier. Les sanctions existent et elles seront
nécessaires tant que les accords de Minsk signés en septembre 2014 pour
instaurer un cessez-le-feu en Ukraine ne seront pas respectés. Le dialogue OTAN-Russie ne doit pas être
abandonné».
La seule exigence qui s'impose reste un équilibre total de la politique française vis-à-vis d'Israël.
La seule exigence qui s'impose reste un équilibre total de la politique française vis-à-vis d'Israël.
3 commentaires:
Effectivement, et d’une part : ce ne sont pas les votes des Français d’Israël ni la balourde agitation, aussi brouillonne que peu diplomatique, de son représentant qui pourrait modifier quoi que ce soit en France, et surtout pas l’attitude du quai d’Orsay.
D’autre part, tu soulignes le décalage de préoccupation entre les Français Juifs qui vivent en Israël et ceux qui vivent en France.
Ces derniers, majoritairement, soutiennent l’existence de l’état d’Israël, espèrent le meilleur pour la France, mais n’osent pas exprimer clairement leurs réserves à propos d’un gouvernement Israélien colonisé par les droites religieuses tout en reprochant aux Musulmans de France la tiédeur de leurs réserves à propos d’un Hamas colonisé par le Hezbollah et les Frères Musulmans.
Enfin, il y aurait une certaine naïveté dans ton analyse de l’approche de Macron à propos du Moyen Orient, car lorsqu’un banquier te dit que « quelque chose » est « un principe intangible » : cela signifie simplement que le taux d’intérêt est négociable à la hausse, et qu’il attend une offre....
La meilleure offre lui viendra-t-elle du Qatar, de l’Iran ou de l’Arabie Saoudite ?
Emmanuel Macron n'est pas un banquier ! C'est un brillant énarque . Il est resté 2 ans à l' Élysée, 2 ans à la Banque Rothschild et 2 ans à Bercy . Il a dynamité le PS et sans doute deman LR .
Pour Israël, Il a des idées simples sur lesquelles tout le monde est d'accord mais qui sont irréalisables avec les arabes Palestiniens . Il faudra sans doute attendre une nouvelle génération .
Quant à Meyer Habib, : Point n'est besoin de le dénigrer . Il vaut mieux que ce qui est écrit dans l'article et il sera réélu dans un fauteuil.
André M
Tribune juive
@André
Il faudrait vous relire.Vos commentaires figurent toujours dans notre site. Avec le même aplomb vous aviez prévu la victoire de Sarkozy, il a été battu. Toujours avec votre certitude de militant discipliné vous aviez tablé sur la victoire de Fillon, il a été battu. Si vous apportez la même chance à Habib, il vous en voudra car en misant sur Fillon il s'est condamné à tenter à nouveau sa chance au CRIF car le candidat choisi par Macron sera forcément élu.
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