LE PRÉSIDENT
LIBANAIS AOUN FAIT ALLÉGEANCE AU HEZBOLLAH
Par Jacques BENILLOUCHE
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Le
12 février 2017, pour une interview au journal égyptien al-Ahram, le président
a revêtu ses habits militaires pour confirmer officiellement le rôle du
Hezbollah comme fondement de la défense du Liban. Cette prise de position a une
implication directe sur la sécurité d’Israël. Il a ainsi déclaré sans détour ni propos alambiqués: «Le
Hezbollah est une partie importante du peuple libanais. Tant qu'Israël occupe
la terre et convoite les richesses naturelles du Liban, et aussi longtemps que
l'armée libanaise n'a pas le pouvoir de se mesurer à Israël, les armes du
Hezbollah sont essentielles. Elles se complètent, plutôt que de contredire
l'activité de l'armée. Les armes du Hezbollah ne contredisent pas le projet
national et sont, au contraire, un élément principal de la défense du Liban».
Il n’y a pas lieu de s’étonner de telles
déclarations d’un dirigeant qui s’est comporté comme une girouette en fonction
de la tournure des événements. Refusant la tutelle d’une Syrie omniprésente à
Beyrouth, il s’était exilé pour poursuivre son combat depuis l’étranger mais au
final, au lieu d’être de Gaulle il a chaussé les bottes de Pétain dans la collaboration avec Bachar al-Assad. Le comble
est qu’il doit d’ailleurs sa nomination au feu vert du Hezbollah et de l’Iran
qui avaient rejeté toute autre candidature. Israël doit à présent tenir compte dans
sa stratégie sécuritaire des nouvelles perspectives liées à la relation entre l’État
libanais et la milice chiite.
armée libanaise |
La déclaration du nouveau président
est en effet en contradiction avec la résolution 1701 du Conseil de Sécurité
qui délègue aux forces armées libanaises le suivi de cette résolution. En
effet, le gouvernement libanais, avec l'aide de la FINUL, doit œuvrer pour «l'établissement
entre la ligne bleue et le fleuve Litani d'une zone libre de tout personnel
armé, biens et armes autres que ceux du gouvernement libanais et de la FINUL et
vers l'application intégrale des dispositions pertinentes des Accords de Taëf
et des résolutions 1559 (2004) et 1680 (2006), qui nécessitent le désarmement
de tous les groupes armés au Liban, de sorte que, conformément à la décision du
Gouvernement libanais du 27 Juillet 2006, il n'y aura pas d'armes ni d'autorité
au Liban autres que celle de l'État libanais».
Mais au lieu de s’armer, de se
réorganiser, d’entraîner les conscrits et d’augmenter sa puissance de frappe,
l’armée libanaise s’est affaiblie et a permis à la milice chiite de devenir
plus forte que l’État jusqu’à subir sa loi, souvent par la force. Le Hezbollah
avait déjà terrorisé le gouvernement en utilisant sa force militaire en 2008.
Des affrontements s’étaient déroulés principalement entre le 7 et le 14 mai
2008 à Beyrouth et dans plusieurs régions du Liban, entre l’armée et le
Hezbollah qui avait mis en ordre de bataille sa branche armée, proche des Gardiens
de la révolution iraniens et du parti Baas syrien.
La milice chiite a neutralisé le
contrôle de l'armée libanaise et de la FINUL au Sud-Liban qu’elle a fortement
militarisé ; elle a construit une vaste infrastructure militaire souterraine
et en surface dans tout le Liban ; elle a conçu une politique étrangère et
de défense indépendante, calquée sur celle de Téhéran ; elle s’est engagée
dans la guerre de Syrie aux côtés de son suzerain iranien. Le Hezbollah avait
longtemps paralysé le processus de nomination du président, pour mettre à genoux
les partis afin d’imposer ses exigences. Aoun n’a fait que confirmer l’état de
fait qui s’est installé au Liban reconnaissant la place prépondérante du groupe
chiite.
Hezbollah et armée libanaise réunis |
L'ancien général représente en fait la marionnette dont les ficelles sont manipulées
par les barbus iraniens. Il ne se rend pas compte que pour
obtenir et garder sa place il est obligé de jouer avec le feu, en se
positionnant comme président-guerrier, sans moyens militaires et sans mesurer les conséquences pour son pays. Sa
déclaration conforte l’idée que les conventions diplomatiques n’ont plus cours
dans la région. Il cautionne ouvertement le Hezbollah, qualifié d’organisation
terroriste par la plupart des pays occidentaux. Il met surtout fin à l’illusion
que l’État contrôle la défense de son pays. Par cette prise de position officielle, les
actions du Hezbollah contre Israël deviennent la responsabilité du président libanais
avec une conséquence grave pour la population libanaise puisqu’il a avoué que
son gouvernement n’avait pas la capacité de contrôler les actes de la milice
chiite.
Obsèques d'un milicien hezbollah |
Le réchauffement du front nord est
une donnée de plus en plus présente dans la stratégie du Hezbollah pour
rehausser son prestige après les nombreuses pertes de combattants en Syrie.
Cela risque de mener à une confrontation directe qui, cette fois, sera directement imputée
au gouvernement libanais par les Israéliens. Aoun valide la thèse selon
laquelle le Liban est responsable des actions du Hezbollah. Israël veut encore
croire à cette paix froide qui perdure depuis 2006 avec quelques incidents mineurs mais il n’a pas caché sa détermination qu’en cas de
guerre imposée par le Hezbollah, les infrastructures du Liban seraient
détruites. La liste précise a d’ailleurs été communiquée au gouvernement dans
un but de dissuasion. Israël n’a aucune intention de guerre avec son voisin mais il se prépare à toute éventualité.
Cependant un nouvel élément est intervenu
depuis 2006. De nombreux pays sunnites dialoguent avec Israël et collaborent
même dans le cadre d’une large coopération régionale. Il n’est donc pas certain
qu’ils viendront au secours du Liban si le Hezbollah prenait la décision
dramatique de provoquer leur voisin. Israël trouvera alors une justification
dans d’éventuelles destructions puisqu'il estime que les infrastructures du Liban sont mises
à la disposition du Hezbollah pour soutenir les efforts de guerre de la milice.
Usine d'électricité |
Tsahal a déjà diffusé ses plans de
destruction qui n’auront rien à envier à ceux de Gaza, ramené en un mois à
l’âge de la pierre après l'envoi de milliers de missiles sur le sud d'Israël. Le Liban devrait pourtant savoir que les destructions sont
un terrain fertile contre le gouvernement, pour le développement de la violence
et surtout pour l’entrée en scène de l’extrémisme. La Syrie en est l’exemple le
plus frappant.
Le président Aoun surestime sa
puissance car il n’est pas en mesure de contrôler les velléités du secrétaire
général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui a pris des risques dans son
discours du 16 février 2017 en menaçant de frapper les réservoirs d’ammoniac
d’Israël et le réacteur nucléaire de Dimona. Ces attaques signeraient la fin du
Liban en tant que structure encore humaine. Le Hezbollah surestime aussi sa
force. Il n’est plus le même que du temps où il se bornait à une guerre de
guérilla qui rendait ses agents difficiles à localiser parce qu’ils se fondait
dans la population. Il a perdu les avantages de la petitesse, le secret et
l'agilité d'une organisation de guérilla et son statut de bouclier du Liban à
la pointe de la «résistance» à Israël, puisqu’il s’est lancé dans les
champs de bataille de la Syrie. Il a voulu grandir comme une véritable armée mais il devient plus attaquable.
Il a acquis ses lettres de noblesse grâce
à ses combats en Syrie mais ses structures sont devenues plus visibles et plus
vulnérables. À vouloir renforcer son déploiement militaire à grande échelle
dans les villages chiites, il devient une cible facile pour Israël. Pendant que
le Hezbollah se battait en Syrie et comptait ses milliers de morts, Israël a
amélioré ses collectes d’informations au Liban, a installé des matériels
d’écoutes et de vidéos, a détruit les convois d’armement en provenance de Syrie
et a infiltré les structures vivantes au sein même de la milice.
Char du Hezbollah |
Aoun a supprimé tout dilemme aux
Israéliens qui craignaient les dégâts collatéraux et les critiques politiques d’une éventuelle
intervention de grande envergure contre les cibles militaires du Hezbollah,
avant qu’Israël ne subissent de dégâts irréversibles. La milice chiite, par la voix
du président libanais, est devenue partie intégrante des moyens sécuritaire du
pays, donc une cible militaire. Elle devra payer les conséquences de son installation dans
des zones peuplées de civils. En transformant des zones de résidences en zones
militaires truffées d’armement de destruction, le Hezbollah les condamne en cas
de conflit à être réduits en cendres ou en ruines.
Le langage belliqueux du président
Aoun, face au silence prudent d’Israël, ne correspond pas aux moyens militaires
du Liban. Alors qu'Israël se montre très discret et non menaçant, Aoun prévoit «une réponse appropriée
à toute tentative de nuire au Liban et sa souveraineté». Cette réponse
ne viendrait certainement pas de son armée, plutôt pacifique et mal pourvue en armements, mais certainement
d’un Hezbollah en mal de victoires concrètes face aux revers qu’il subit en
Syrie. Le discours de Aoun sonne comme un encouragement à la milice terroriste
d’agir, en s’appuyant sur le sceau officiel d’approbation du président, pour se
lancer dans l’aventure au-delà de ses frontières.
Michel Aoun a eu le tort de
rejoindre le chef du Hezbollah Nasrallah dans ses menaces contre l'État juif. Sa stratégie politique n’étonne plus la communauté internationale puisqu’il a été le seul
dirigeant à recevoir en grandes pompes Marine Le Pen. On devine ses préférences politiques. Il a d’ailleurs été
critiqué par la nouvelle administration américaine. Alors que le Liban se reconstruit tranquillement, que les buildings poussent sur les anciennes ruines, que les affaires économiques reprennent, que les exilés reviennent au pays, que les traces des précedentes guerres ont totalement disparu, que la petite Suisse du Proche-Orient renaît, le nouveau président opte pour un conflit ouvert avec Israël. Un véritable suicide programmé.
1 commentaire:
Michel Aoun est un félon doublé d'un mégalomane. Son parti, le RPL, fédère les plus antisionistes des Chrétiens du Liban, et reprend texto les publications iraniennes ou du Hezbollah ; haine rabique contre Israël, théories du complot, on trouve tout cela sur leur site, que je suis depuis longtemps : http://rplfrance.org/
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