Alep femmes et enfants |
Dans son tour d’horizon sur les
dossiers internationaux, François Hollande a tout naturellement mentionné les
massacres d’Alep ; 300.000 enfants, femmes et hommes de tous âges, victimes
d’une atroce inhumanité. Ce genre de guerre civile, la France l’a aussi connu. Le
siècle des Lumières nous a apporté les encyclopédistes et les savants qui
accompagnèrent Bonaparte en Égypte. Mais aussi la Révolution et le régime
républicain qui réprimèrent communautarisme paysan et pratique religieuse en ce
qui fut le «génocide vendéen» comme le disait Leroy-Ladurie ; près de
200.000 morts.
Le président a également souligné le
prestige de nos héritages. Je viens d’en évoquer un. S’agissant de notre
langue, j’ai constaté qu’au Bourget, il n’était question que de Cop (conference of parties) 21 tandis que le
président concluait ses travaux devant un pupitre orné d’un large Action Day. Aurions-nous oublié que le
français est avec l’anglais seule langue de travail aux Nations Unies ? D’un
autre côté, pour l’Histoire et la culture, nous assistons à l’élimination du
grec et du latin, nos langues historiques.
En outre, notre président l’affirme,
«la France ne laissera personne, ni aucun État, fut-il le plus grand,
remettre en cause» le respect qu’inspirent ses valeurs, le crédit que sa
parole lui donne. Naturellement visé par ce propos, on aimerait savoir ce que
Donald Trump en pense. Et les autres «grands» ? Que disons-nous aux
Chinois qui s’installent impunément en mer de Chine méridionale où les atolls
annamites des Paracels furent français quelques décennies avant d’être rétrocédés
au Vietnam indépendant ? Quant à Vladimir Poutine, nos contorsions doivent
l’amuser plus que l’agacer.
À propos de Russie, un mot a retenu
mon attention, le Proche-Orient. Pour nous apparemment, hormis les crimes
commis à Alep, rien ne s’y passe. Une vague formule sur le dialogue, sur les
solutions que nous rechercherions partout, fait peut-être référence au conflit
israélo-palestinien. Le grand avenir attendu de la Conférence internationale sur
la paix qui doit réunir soixante-dix États à Paris dans quinze jours pour en
traiter ne méritait pas un tel oubli. À moins que l’on n’en prévoit dans nos
hautes sphères ce que j’ai en son temps appelé le pschitt de Laurent Fabius.
Au même moment, Poutine se rendra à
Astana afin de discuter du problème syrien. Créée il y a vingt ans, métropole
d’un État cinq fois plus étendu que le nôtre, la capitale kazakh sera le siège
d’une rencontre internationale d’envergure. Autre avantage, on y parle une
langue d’origine turque comme celle de son organisateur.
Poutine, Erdogan, Rohani |
Autour de lui, le président russe se
contentera, lui, de réunir trois participants, la Turquie d’Erdogan, l’Iran de
Hassan Rohani, la Syrie de Bachar el-Assad, tous connus, à l’image du président
du pays hôte, pour leur comportement démocratique. Les Occidentaux, y compris
les membres permanents du Conseil de sécurité que sont les États-Unis, le
Royaume-Uni et la France, n’ont pas été conviés.
Comptant sur une armée dont on
connaît la force depuis le coup de gueule de son chef d’État-major, notre pays
n’a de toute façon nulle raison de s’inquiéter de son avenir.
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