En 2010, Stéphane Hessel
publiait sous le titre «Indignez-vous»,
un essai de 32 pages qui connut un formidable succès et dont il fut
vendu 4 millions d’exemplaires. L’indignation, écrivait-il, est devenue le
ferment de l’esprit de résistance.
Ces propos ne restèrent pas lettre morte. Un peu partout dans le monde,
des foules nombreuses ont manifesté leur ras-le-bol de leurs conditions
d’existence, des injustices sociales,
des combines, de l’incurie, de l’incompétence voire de la malhonnêteté de leurs dirigeants. Ils ont compris qu’on se
jouait d’eux, qu’on les utilisait.
Révolution des tentes à Tel-Aviv |
Il y eut en 2011, 2012,
différents mouvements de protestation sociale tant en Israël où l’on vit
des milliers de personnes manifester, envahir le boulevard Rothschild à
Tel-Aviv et y camper pendant 3 semaines, qu’en Inde et à New-York où à
Wall-Street il fut teinté d’un certain antisémitisme alors que son promoteur
lui-même d’origine juive, se voulait
seulement anti-israélien et pro-palestinien. S’il vivait encore,
l’auteur aujourd’hui disparu de cet
ouvrage, serait bien surpris de la suite
des événements.
En janvier dernier, les
élections grecques ont donné contre
toute attente la victoire à la gauche radicale
avec le mouvement Syriza, dont le
leader Alexis Tsipras, presqu’inconnu
jusque- là est devenu premier ministre. Il y a quelques jours, après des années de crise et d'austérité, les
indignés espagnols, ont infligé à l’occasion des municipales et des
régionales, un camouflet
retentissant à la droite, qui
semble en passe de perdre plusieurs
bastions régionaux. Ils pourraient
remporter les villes de Barcelone et de Madrid.
Ada Colau |
À Barcelone, la liste d’Ada
Colau, est arrivée en tête devant celle du maire nationaliste sortant Xavier
Trias. «Le désir de changement a vaincu la campagne de la peur, de la
résignation», a déclaré avec des
larmes de joie le grand vainqueur du scrutin. À Madrid, la liste de Ahora
Madrid dirigée par une ancienne juge de 71 ans, Manuela Carmena, et comprenant
notamment le parti anti-libéral Podemos,
est deuxième après celle du Parti populaire (PP) sortant (20 conseillers contre
21) et pourrait gouverner avec l'appui des
socialistes.
Par ce message clair, les Espagnols comme les Grecs ont voulu exprimer
leur ras-le-bol de l'austérité et de la corruption gangrenant la
politique et ont choisi pour leur amener
«un souffle d'air frais», ces nouveaux-venus dont on pourrait redouter l’inexpérience. «Notre
main est tendue disent les vainqueurs,
mais ceux qui voudraient s'entendre avec nous doivent savoir que la
manière de faire de la politique doit changer».
Mais si en Grèce, en Espagne les
Indignés se sont tournés vers la gauche radicale, il n’en a pas été de même
en Hongrie ou en France, Chez nous, s’ils ont manifesté au cours des dernières élections leur rejet de la classe politique de
gouvernement ; ils ont donné leurs
voix un peu sur le parti de gauche, beaucoup plus sur Marine Le Pen
et si l’on n’y prend pas garde, ce mouvement ira en s’accentuant.
Un fait est certain, que ce soit en France, ou en Grèce, en Espagne ou en
Israël le peuple veut changer les règles du jeu. Il réclame plus de justice
sociale, il veut des dirigeants plus
proches de lui, plus honnêtes et plus
préoccupés de leur mission que de leur propre
sort et espère les trouver soit dans la gauche radicale soit dans la droite extrême. Nos hommes et nos
femmes politiques ont-ils compris le message ? Qu’ils prennent garde. A la contestation pacifique peut
succéder la violence.
3 commentaires:
Plus trop envie de manifester. Depuis qu'on sait comment votent les moins aisés, ce n'est pas comme dans la caricature de Mahomet :" C'est dur d'être aimé par des c...." mais "C'est dur de se battre pour des c....".
En France, ce qui est indigne, c'est que depuis une trentaine d'années les partis de gouvernement de droite comme de gauche se sont exonérés de leur responsabilité envers les classes populaires, les poussant toujours d'avantage vers l'abstention et le vote FN, à chaque élection. Aujourd'hui cet électorat qui est devenu largement majoritaire et qui ose remettre en cause les choix fondamentaux des dirigeants, est décrédibilisé et diabolisé, par la classe politique dirigeante, sous le nom de "populistes".
Cordialement.
Les Européens ont heureusement encore une culture démocratique.
Après toutes ses désillusions le peuple se tourne vers les extrêmes
Mais qu'adviendra t-il d'une Europe divisée entre des partis extrémistes, sans aucune connaissance politique et des idéologies dont on a vu les désastres durant le 20eme siècle.
Certainement rien de bon !!
Bernard
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