Les deux faits saillants du dîner
annuel du CRIF qui s’est tenu lundi dernier à Paris sont d’une part, le très
important discours du président de la république et d’autre part la brouille
entre le CFCM et le CRIF. Le président du Conseil français du culte musulman
(CFCM) Dalil Boubakeur, a fait savoir en effet, en milieu d’après-midi, qu’il
ne viendrait pas. Tout comme Mohammed Moussaoui, le responsable de l’Union des
mosquées de France (UMF).
Le discours de François Hollande
était clair, net, précis. Il s’engage en substance à lutter contre
l’antisémitisme, demande aux Juifs de ne pas être tentés par l’exil et affirme
que les antisémites n’ont pas leur place dans notre pays. On ne peut rien dire
de plus ni de mieux, mais maintenant les actes doivent suivre les mots. Il ne
s’agit pas seulement de nous protéger, de mettre des policiers ou des soldats
devant les synagogues ou les écoles juives, de punir sévèrement les coupables
de violences et leurs complices ; il faut agir en amont, par l’éducation,
par la fermeture des lieux de cultes qui diffusent la haine des Juifs, par
des mesures énergiques pour mettre un
terme aux radicalisations dans les prisons, par la reprise en mains des
quartiers qui se mettent hors les lois. C’est un travail long et difficile,
mais il est indispensable, sinon, c’est paroles, paroles, paroles.
Concernant le, boycott de ce dîner
par des dignitaires musulmans, il était motivé par les propos tenus le
matin-même sur Europe1 par Roger
Cukierman, président du CRIF, disant que les auteurs des violences anti-juives
étaient des jeunes Musulmans. Certes, le jour et le lieu étaient peut-être mal
choisis, mais, s’il y a eu maladresse, que je déplore, il n’en demeure pas
moins que, comme dit le proverbe arabe, on ne peut pas cacher le soleil avec un
tamis. Les faits sont les faits. Ceux qui ont massacré des journalistes, des
policiers et des Juifs, l’ont fait au nom d’Allah, au nom du Coran, tel qu’ils
l’interprètent en tous cas.
Le fait qu’une petite minorité
de jeunes soient antisémites et se livrent à des actes condamnables ne nous
empêche pas d’avoir le plus grand respect et les relations les plus cordiales
avec nos concitoyens musulmans qui, comme nous, ne cherchent qu’à vivre en
paix.
L’imam de Drancy, Hassen Chalghoumi, qui n’a pas
décliné l’invitation du CRIF et a assisté à ce repas le sait bien quand il déclare : «Ce n’est
pas le moment de polémiquer dans ces moments que la France traverse. Il faut
renforcer au contraire le vivre ensemble».
On ne peut nier qu’un grave
mouvement djihadiste, terroriste et farouchement antisémite traverse le monde musulman et qu’il a aussi
des adeptes dans notre pays. Le président de l’Égypte, le maréchal Al Sissi,
musulman de stricte observance, en est parfaitement conscient, le combat de
toutes ses forces et va encore plus loin. Il y a quelques semaines, à l'Université Al-Azhar, il a mis l’accent
sur les maux de l'islam en général, sans parler uniquement du seul islam
radical, appelant tous les musulmans à une révolution religieuse afin de
renouveler leur foi. Il a exhorté les Musulmans
à ne pas se comporter selon «les interprétations destructrices du
Coran et de l'islam détestées par le reste du monde».
À sa suite, le Cheikh Dr. Ahmed
al-Tayyeb, le grand imam de cette Université du Caire, s’est livré hier à un discours
historique à La Mecque, en Arabie saoudite, exhortant ses coreligionnaires à
réformer l'enseignement religieux et à freiner l'extrémisme. Ces éminentes
personnalités peuvent-elles être taxées d’islamophobie ?
Hier, sur le perron de l’Élysée,
Dalil Boubaker et Henri Cukierman se sont serré la main. Ils savent que dans la
difficile période que nous traversons, nous sommes dans le même bateau et que
Musulmans, Chrétiens et Juifs, nous menons le même combat pour sauver nos
libertés et notre civilisation.
1 commentaire:
Cette crise de nerfs judéo-musulmane a certainement laissé pantois plus d'un Français de souche (oh pardon !)
Heureusement - et tout est bien qui finit bien - notre Président dans sa grande magnanimité, héritée tout droit des manifestations si bien organisées du 11 janvier, a su trouver les mots pour réconcilier le Juif et le Musulman sur le dos du "Français de souche".
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