POURQUOI
IL NE FAUT PAS CRAINDRE LA RECONNAISSANCE
Par
Gérard AKOUN
Judaïques
FM
L’Autorité palestinienne a demandé à l’assemblée générale de l’ONU une reconnaissance pleine et entière de l’État de Palestine, et un vote du Conseil de Sécurité d’un calendrier pour mettre fin à l’occupation israélienne. Un certain nombre de pays européens la Suède, la Grande-Bretagne, l’Espagne ont déjà soutenu, mais avec des nuances, cette demande, dans la mesure où il s’agit de reconnaître un État virtuel, un État à naître, de manière unilatérale.
135 États
auraient déjà reconnu, ces dernières années, la Palestine mais les États-Unis
et l’Union Européenne ont jusqu’à présent considéré que la reconnaissance de
cet État ne pourrait avoir lieu qu’à la suite d’un accord entre les Palestiniens
et les Israéliens.
Frontières sûres
et reconnues
La fin du conflit qui les oppose devait se
conclure par la création d’un État palestinien aux côtés d’Israël, dans des
frontières sûres et reconnues par les deux parties. Depuis les accords d’Oslo,
en 1993, qui enclenchaient un processus
de paix, toutes les négociations qui ont suivi, se sont soldées par des échecs.
Les deux protagonistes en sont
responsables. On a tendance en Europe à considérer Israël, parce qu’il est
l’occupant, comme le seul responsable de ces échecs. Il faut reconnaitre
qu’il porte une lourde responsabilité, dans la mesure où les différents
gouvernements, qui se sont succédé depuis les accords d’Oslo, n’ont jamais, réellement, renoncé à développer les
implantations, donc à élargir, indéfiniment, les frontières de leur État aux
dépens du futur État palestinien. Mais il est évident que les torts sont partagés.
Abba Eban |
Abba
Eban qui fut ministre des affaires étrangères d’Israël, (entre 1966 et 1974) fervent partisan, après la Guerre des Six-Jours,
d’un échange des territoires occupés
contre un accord de paix, disait des Palestiniens,
je cite de mémoire : «ils ne
ratent jamais l’occasion de rater une
occasion». Ils ont raté deux occasions qui auraient permis de déboucher sur
un accord, en 2000 entre Barak et Arafat,
en 2008 entre Abbas et Olmert. Pour ce
faire, ils devaient accepter, dans les faits, et pas seulement en paroles, l’existence
d’un État juif dans la Palestine historique, dans le monde arabe et, une fois
l’accord négocié, ils devaient signer l’abandon de toute revendication
ultérieure. Ils ne s’y sont pas résolus.
Aidez-nous à divorcer
Demain, l’Assemblée nationale va
débattre d’un texte, présenté par le groupe socialiste «invitant le gouvernement à reconnaître
l’État de Palestine en vue d’obtenir
un règlement définitif du conflit». Le texte souligne «que
le statu quo est intenable et dangereux» d’où «l’impératif d’une reprise rapide des négociations entre les parties
selon des paramètres clairs et un calendrier déterminé». En 2004 la situation
était déjà bloquée, Amos Oz écrivait, à l’intention des Européens «aidez-nous
à divorcer». 10 ans après, elle l’est toujours autant, dans un contexte
régional encore plus explosif. Ce conflit entre deux nationalismes, pourrait très
rapidement se transformer en guerre de
religion et devenir totalement incontrôlable.
Hamas et Fatah |
Aujourd’hui « il faut les forcer à divorcer». Il n’y a pas d’autre solution mais
il est dommage que la résolution
présentée devant l’Assemblée nationale, ne fasse peser les responsabilités du
blocage que sur Israël. Pour symbolique qu’elle soit, cette reconnaissance
unilatérale d’un État palestinien ne peut esquiver l’irrédentisme du Hamas, une
organisation terroriste qui fait, au moins, jeu égal avec le Fatah de Mahmoud
Abbas et qui veut rayer de la carte, l’État d’Israël. Il est absurde de penser
que le vote de ce texte par l’Assemblée nationale éloignerait la paix, nous n’en
avons jamais été aussi loin. De surcroît, comme l’a déclaré le ministre des
affaires étrangères Laurent Fabius, «le
Parlement peut voter des invitations.., la décision relève du gouvernement, du
Président de la République et eux seuls».
Il
est probable que les Américains opposeront, au Conseil de Sécurité, leur veto à
une reconnaissance unilatérale de l’État palestinien. Toutefois, il est
possible que la reconnaissance, avec plus ou moins de réserves, de cet État
palestinien par de nombreux pays européens, renforce la légitimité et l’autorité
de Mahmoud Abbas, le contraignant à maîtriser les factions extrêmes de sa
population. Cette autorité retrouvée pourrait par ailleurs contraindre le
gouvernement israélien à faire des compromis nécessaires pour aboutir à un
accord de paix en bonne et due forme. Israël ne peut pas se permettre de
s’isoler encore sur la scène internationale.
3 commentaires:
Je suis toujours surpris que ce soit à Israël de faire des concessions et à lui seul et de plus c'est un conflit religieux,les arabes ne veulent absolument pas d'état juif dans la région.
Il me semble que ce n'est pas de cette façon qu'il y aura véritablement la paix.
Mais quelle idée vous faites-vous de ce que doit être la souveraineté d'un Etat de droit démocratique, pour accepter qu'un faction ultra-minoritaire d'un pays qui se dit "ami", s'autorise à "faire pression" sur cet Etat pour quelque raison que ce soit ?
La.Paix c'est de vivre ensemble. C'est accepter l'un l'autre. Alors oui pour un etat pour les deux peuples.
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