LE MONT DU TEMPLE : LA PRIÈRE OU LA GUERRE
Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps
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Le droit à la prière juive sur le Mont du Temple mérite-t-il une
guerre ? De manière cyclique, ce problème revient au-devant de l’actualité, au gré des revendications des nationalistes israéliens. Le Mont du Temple est gravé dans l’inconscient
juif depuis la destruction du temple par les Romains, en 70 avant notre ère, et il est même sculpté sur l’Arc de Titus à Rome représentant des légionnaires
emportant la Menora du temple. Et depuis, les Juifs prient pour sa
reconstruction tandis que d’autres en portent le deuil en s’habillant de noir,
de la tête aux pieds.
Attente du Messie
Cependant la situation risque
d’être bloquée car les orthodoxes n’envisagent sa reconstruction qu’avec
l’avènement du Messie ce qui risque d’être long au train où vont les conditions
mal remplies de sa venue. En attendant la grande majorité des Juifs prie au
Kotel, le Mur des lamentations, au pied de la montagne où était érigé le temple.
Mais la montée du nationalisme
israélien pousse de plus en plus de groupes à chercher à modifier le statu quo
en surfant sur la faiblesse du premier ministre empêtré sur le plan intérieur. Les
gouvernements précédents ont pourtant compris la nécessité de faire preuve de
retenue. Quand Israël a repris le Kotel en 1967 au terme de la Guerre de
Six-jours, il a annexé Jérusalem-Est en assurant aux musulmans le droit
exclusif de prier. Moshé Dayan, le ministre de la défense de l'époque, avait signé un décret permanent prévoyant que les Juifs prieraient au Mur Occidental et les Musulmans à la mosquée Al-Aqsa. Moshe Dayan, avait
jugé que les Juifs devaient faire preuve de tolérance à cet égard.
Les Rabbins avaient confirmé l’interdiction pour les Juifs de souiller
le sol du Mont du Temple, impur à leurs yeux en raison de l’impossibilité de fixer avec précision le lieu du sanctuaire du Saint des Saints. Le grand rabbin séfarade Yitzhak
Yossef vient de condamner sévèrement les Juifs qui incitent et autorisent leurs
ouailles à aller sur le site saint. Il a réitéré l’interdiction faite à tout Juif de monter au Mont du Temple, dans
la plus forte déclaration publique faite par une haute autorité religieuse. Mais
ces derniers temps, plusieurs rabbins d’extrême-droite
ont rendu des décisions halakhiques qui permettent aux Juifs de prier sur le
Mont du Temple, et qui les encouragent à y aller. Les nationalistes juifs se sentent donc dans leur droit d'exiger de prier avec une intention cachée, à terme, de raser la mosquée Al-Aqsa de l’esplanade.
Émeutiers palestiniens
En fait la prière juive n’est
plus vue comme un acte de dévotion mais comme la volonté de marquer son
territoire et comme un signe de propriété. Certains voudraient
s’inspirer du statut réservé au Caveau des Patriarches à Hébron. En effet, le
25 février 1994, Baruch Goldstein, habitant une implantation et membre du parti
nationaliste-religieux Kach, avait tué 29 Palestiniens de la ville d'Hébron alors
qu'ils priaient un vendredi du mois sacré de ramadan. Le site avait été alors divisé
en deux zones de prière, juive et musulmane.
Yehouda Glick |
Mais ces gesticulations ont fini
par entraîner le réveil des émeutiers palestiniens qui ont décidé de défendre
Al-Aqsa. La tentative d’assassinat de Yehouda Glick le 29 octobre est venue
compliquer une situation déjà
tendue. Les mesures de sécurité israéliennes, imposant l'exclusion
systématique des musulmans âgés de moins de 50 ont eu pour effet de modifier le
statu
quo de 1967.
Les Palestiniens voient s’effondrer l'espoir d'une paix négociée induisant
la création d'un État palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale. Ils ne reçoivent plus de soutien des
pays arabes ; l’Irak et la Syrie sont déchirés par des guerres tandis que
les djihadistes sont occupés à tuer des Arabes plutôt que des Israéliens. Cette
situation pousse les Palestiniens au radicalisme. Les Lieux Saints de Jérusalem
deviennent le catalyseur d’une explosion
de violence dont on ne sait pas où elle peut mener. Il s’agit d’un alibi pour entretenir
de nouvelles revendications.
En décidant, pour la première
fois depuis 1967, de fermer l’enceinte d’Al-Aqsa aux fidèles arabes, le
gouvernement a pris le risque de raviver les tensions. La révolte de la jeunesse à Jérusalem pourrait
conduire à un soulèvement plus grave pour le seul motif, condamné d’ailleurs
par les hautes autorités religieuses juives, de permettre aux Juifs de prier. Jérusalem
a contaminé les autres villes arabes ; les manifestations ont eu lieu
ainsi à Hébron, le 31 octobre 2014, durant lesquelles des palestiniens ont
manifesté contre les restrictions d’accès à la Mosquée Al-Aqsa. Après une
fermeture totale, la mosquée a été rouverte pour les Arabes de plus de 50 ans.
Attitude des dirigeants palestiniens
L’attitude des dirigeants
palestiniens, au moins dans leurs prises de position officielle, n’est pas ambiguë.
Mahmoud Abbas a réitéré à la télévision israélienne son opposition au
déclenchement d’un soulèvement à Jérusalem mais il ne peut pas grand-chose. Les
manifestations actuelles sont conduites par des jeunes âgés entre 14 et
20 ans qui utilisent tous les moyens violents pour s’opposer à la police malgré
les menaces pour leur ville et pour leur avenir. De l’avis d’experts, ces
protestations sont spontanées et ne sont pas coordonnées au sommet, ce qui rend
difficile leur contrôle. Le manque de leadership crée l’incertitude dans ces
événements. Il n’y a aucune comparaison possible avec la première Intifada où existait
un commandement politique et militaire unifié.
Certains militants se plaignent d’ailleurs que l’Autorité palestinienne soit en train de manœuvrer pour mettre un terme au
soulèvement dans la ville de Jérusalem.
Quartier arabe de Jérusalem-Est |
La situation est prise au sérieux
par les Israéliens. Le journal Yediot Aharonot a écrit dans son édition du 31
octobre que «les affrontements et heurts que vit Jérusalem ont pris les
proportions d’un conflit religieux qui risquerait de se propager dans tout le
Moyen-Orient.» Benjamin Netanyahou a été à plusieurs reprises mis en garde
contre les dangers sur le Mont du Temple. Ses services de renseignements lui
conseillent la prudence. Ils lui ont expliqué que l’attaque du tramway est
symbolique car cette nouveauté dans la ville personnifie l’unification de la
Capitale grâce à son parcours à l’est et à l’ouest. Ils ont soulevé l’augmentation de la pauvreté à l’Est et l’abandon des quartiers arabes
de Jérusalem par les services
municipaux. Ils ont attiré son attention sur l’augmentation anormale des
visites de personnalités juives sur le mont du Temple, en particulier la député Shouli Moualem de Bayit Hayehoudi, ce qui est interprété
comme une provocation. La poursuite des violences à Jérusalem est susceptible
selon eux de renverser les alliances stratégiques forgées avec certains pays
arabes modérés.
Mais la contagion peut s’étendre aussi aux villes israéliennes pour n’importe quel motif. Ainsi l’arrestation pour fait de droit commun d’un Arabe israélien, le 8 novembre, et sa mort ont dégénéré en barricades dans la ville de Kfar Kana au nord d’Israël. La solidarité avec les Arabes de Jérusalem risque de faire tâche.
Mais la contagion peut s’étendre aussi aux villes israéliennes pour n’importe quel motif. Ainsi l’arrestation pour fait de droit commun d’un Arabe israélien, le 8 novembre, et sa mort ont dégénéré en barricades dans la ville de Kfar Kana au nord d’Israël. La solidarité avec les Arabes de Jérusalem risque de faire tâche.
La bataille de Jérusalem devient
un symbole pour les Palestiniens qui la considèrent comme le premier combat à mener. Les Israéliens pourraient voir leurs plans stratégiques chamboulés
même si les mesures décidées par le gouvernement ont reçu l’aval de tous les
partis de la coalition. Mais ces affrontements sont susceptibles de se
transformer, à n’importe quel moment, en un soulèvement dont on est incapable
aujourd’hui d’en prévoir la portée et les conséquences. La police est
convaincue que la seule force ne suffira pas à calmer l’escalade actuelle. Elle
prône une action politique, en particulier des mesures économiques pour les
quartiers arabes en difficulté. Mais il s’agit avant tout de savoir si la prière juive sur
le Mont du Temple, contestée par les rabbins, mérite une guerre.
5 commentaires:
Je n'ai pas eu d'éducation religieuse,mais il me semble que les uns et les autres oublient les décisions des premiers responsables politique pour un bien vivre côte à côte.
Pour ma part je pense que l'internationalisation du conflit depuis 67 et les prises de positions des européens en supplément des pays arabes,n'arrange pas une évolution des mentalités,bien au contraire et on assiste à une guerre de religion qui ne veut pas dire son nom !
Une chose à rectifier:le soulèvement à Jérusalem-est MrAbbas y est pour quelque chose,quand m^eme directement ou indirectement personne ne peut le nier.Natanyaou doit clarifier sa position.la ville est une et indivisible.Il doit développer la partie Est , c.est une des conditions de l.unification de la ville.Tout doit être fait pour contrer la division voulue par Abbas!!!!!
"Lorsque vous étendez vos mains vers moi, je détourne mes yeux de vous; et lorsque vous multipliez vos prières, je ne veux point vous écouter, parce que vos mains sont pleines de sang."
Le Livre d'Isaïe (chapitre I - 15)
Sur le fond, je suis d'accord, les nationalistes poussent à la violence qui entraîne des meurtre, et je rejoint la position du Grand Rabbin d'Israël, mais les illustrations de l'articles me laissent rêveur, il y a des quartiers très propres à Jérusalem Est, et la photo du leader nationalistes avec un musulman n'est pas représentative des sentiments.
Seuls les idolâtres ont besoin de s'adresser à une icône ou à un totem pour prier.
Je n'ai pas souvenir d'avoir lu que Dieu avait institué un parloir dans lequel il recevrait les doléances des humains.
La différence essentielle entre un religieux et un croyant, c'est que l'un s'enferme dans la liturgie de sa religion alors que l'autre a foi en l’immatérialité et l'omniprésence de Dieu.
Tout objet matériel que l'on considère comme sacré est, par définition, une idole. Icône indispensable aux adorateurs du veau d'or pour justifier leur prétention à s'instituer en porte parole de Dieu.
Ce qui conduit tous ces barbus, avec ou sans papillotes et de quelque croyance que ce soit, à se conduire en suppôts de Satan.
C'est ainsi qu'ils en oublient de respecter la seule icône réalisée par Dieu et à l'image de Dieu : l'homme.
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