PALESTINE : RÊVERIES D’UN NAÏF SOLITAIRE
Par
Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps
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Dani Dayan |
Dani Dayan, ancien président du Conseil Yesha des communautés juives de Cisjordanie, est un personnage clé dans le mouvement de colonisation, en grande partie religieuse. Le paradoxe est qu’il est laïc. Il s'oppose à la solution à deux États et il estime que le maintien de la Cisjordanie dans le giron d’Israël est dans l'intérêt du pays. Il vit actuellement dans l’implantation de Ma'ale Shomron dans les territoires.
Il vient de
publier un plan pour résoudre à sa manière le conflit israélo-palestinien. Ce
plan a l’intérêt d’exister quand on sait que le gouvernement israélien a
toujours été critiqué pour ne pas écrire, noir sur blanc, le programme qu’il
compte mettre en œuvre. Le projet de Dani Dayan est marqué par la même absence de
courage qui a caractérisé les gouvernements de droite et de gauche jusqu’alors car il n’envisage
pas l’annexion pure et simple des territoires. Il craint en effet que cela ne
constitue un casus belli pour les Occidentaux et pour les pays arabes qui
entretiennent des relations avec Israël. Mais son projet prône en fait une
annexion déguisée qui ne dit pas son nom.
Son plan très détaillé et bien ordonné se distingue par son côté
irréaliste bien que pavé de bonnes intentions. Les principes du plan comportent
huit sections :
1/ Liberté de mouvement des palestiniens et suppression de la
barrière de séparation
2/ Liberté de l'emploi pour tous les Palestiniens
3/ Augmentation du revenu par habitant palestinien
4/ Démilitarisation de l'administration civile
5/ Application des normes juridiques égales des deux côtés de la Ligne
verte
6/ Renforcement de la gouvernance de l'AP
7/ Hébron en tant que symbole
8/ Réhabilitation des camps de réfugiés
Solutions
irréalistes tardives
Dani Dayan feint d’ignorer
que ces solutions viennent trop tard, après que les Palestiniens se soient
faits à l’idée de leur propre État pour gérer leurs populations à leur guise. Il propose en fait aux Arabes une situation de
Dhimmis, inversée car le juif devient le maître, à l’instar de celle qu’ont connue les populations juives
dans les pays arabes, c’est-à-dire une situation de citoyens de deuxième zone.
S’ils n’ont pas leur État, les Palestiniens persisteront dans leur agressivité
et leur jeunesse continuera à se rebeller, faisant de la suppression de la
barrière de sécurité une hérésie que peu de responsables sécuritaires
pourraient cautionner.
Clôture de sécurité |
Les Juifs qui ont
décidé de vivre leur sionisme en Israël s’attendent à un État juif à la fois
par ses principes, sa culture, sa religion que par ses habitants. Or ce melting-pot voulu par Dani Dayan enlèvera sa spécificité
à un pays conçu dès l’origine pour n’accueillir que des Juifs. Si l’État n’est
plus celui des Juifs uniquement, alors nos jeunes estimeront qu’ils n’ont plus
rien à y faire et qu’il leur sera préférable d’aller vivre à New-York, ville
juive et cosmopolite par excellence.
Démilitariser l’administration
c’est ouvrir aux jeunes terroristes des perspectives quant à leur action
violente qui sera accrue par une liberté totale de circulation. Nous
reviendrons alors à la situation qui prévalait pendant les Intifada. On ne donnera
alors pas cher de nos centres commerciaux et de nos écoles qui seront sous le
feu d’illuminés. Il est quand même étonnant que les nationalistes juifs
craignent de vivre aux côtés d’un État indépendant et qu’ils se sentent à l’aise
et en sécurité lorsqu’ils seront entourés de Palestiniens à l’intérieur de
Tel-Aviv ou de Jérusalem.
On peut ne pas vouloir de mal aux Palestiniens sans pour autant accepter de cohabiter avec eux. Nous n’avons pas la même mentalité ni la même conception de la vie moderne. Il ne s’agit pas de racisme comme tendent à accuser les tenants d’un État binational mais d’une réalité à laquelle est difficile d'échapper après plus de soixante années de conflits. Cela ne pourra s’envisager à la rigueur qu’après une ou deux générations de paix au même titre que le temps qui s’est écoulé pour que les Français reprennent vie commune avec les Allemands.
On peut ne pas vouloir de mal aux Palestiniens sans pour autant accepter de cohabiter avec eux. Nous n’avons pas la même mentalité ni la même conception de la vie moderne. Il ne s’agit pas de racisme comme tendent à accuser les tenants d’un État binational mais d’une réalité à laquelle est difficile d'échapper après plus de soixante années de conflits. Cela ne pourra s’envisager à la rigueur qu’après une ou deux générations de paix au même titre que le temps qui s’est écoulé pour que les Français reprennent vie commune avec les Allemands.
Paternalisme
désuet
Dani Dayan propose
que le gouvernement israélien se charge de problèmes spécifiquement arabes dans
le cadre d’un paternalisme désuet. En effet, le gouvernement n’a pas vocation à
s’occuper à réhabiliter les camps de réfugiés ni à les financer. Cela reste de
la responsabilité de tous les pays arabes qui ont attaqué Israël en 1947 et qui
ont favorisé le départ de ceux qui vivaient sous mandat britannique.
Le projet
envisage par ailleurs une liberté de l’emploi pour les Arabes des territoires. Or cela
coulera de source sans nécessité de légiférer en cas de création d’un État
palestinien. Il suffira d’ouvrir les frontières à tous les ouvriers arabes étrangers,
candidats au travail en Israël dans le cadre d’accords bilatéraux. Ils
seront alors obligés de réintégrer leur pays au moins le week-end pour éviter
de créer des quartiers de non-droit où la prostitution et la drogue deviennent
le lot des miséreux à la recherche d’une subsistance. Cela diminuera d’autant le
nombre de clandestins et de ressortissants de certains pays de l’Est, générateurs
de troubles.
Ouvriers palestiniens à un chekpoint |
Si les
frontières restent ouvertes, alors Gaza et la Cisjordanie pourront exporter
leurs marchandises dans le cadre d’accords et d’échanges économiques entre pays
pacifiques. Les Palestiniens ont goûté au luxe et à la belle vie et ils n’auront
de cesse que d’améliorer leur quotidien dès lors où ils seront maitres de leur
avenir.
Toutes les
solutions proposées par Dani Dayan, qui tendent à retarder la création d’un État
Palestinien et qui contournent le principe même d’une annexion pure et simple,
ne sont pas viables et ne sont vues que par le petit bout de la lorgnette de
nationalistes qui veulent tout et qui ne veulent rien donner. Mais les rêveries d’un naïf solitaire ne font
pas de mal et ne servent qu’à dédouaner ceux qui sentent qu’il faut agir à moins
qu’il ne s’agisse d’un ballon d’essai transmis de manière stérile dans le camp
adverse pour mesurer sa réaction.
3 commentaires:
Vous oubliez les Trois NON de Khartoum
Dani Dayan, ancien président du Conseil Yesha des communautés juives de Cisjordanie, propose une belle solution, non concertée, tout seul dans son coin.
c'est le reste de la pensée du "Grand Israël", qui revient sur le devant de la scène.
vu le taux de pauvreté de certains habitants israéliens, ce monsieur propose de financer et de rénover tous les camps palestiniens.
A-t-il bien regardé son pays avant de dire de si grosses bêtises?
Un peu tôt pour rêver de père Noel, non?
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