LES VENGEURS DE LA MAISON SUBLIME
Par Jean-Pierre ALLALI
Editions
Glyphe
Le dernier roman de Jean-Pierre
Allali est original car il aborde un monde juif peu connu, sinon ignoré. Il
sort des sentiers battus pour nous proposer un thriller historique en nous
ouvrant sur les juifs français du Moyen-Âge. Denis Levy-Willard [1] avait traité le sujet sous un angle historique universitaire
mais, avec ce roman, le lecteur aura le loisir de se cultiver mais surtout de
se distraire. L’auteur a travaillé sa documentation pour nous raconter le moyen-âge
de la France profonde, la Normandie en l’occurrence, qui a accueilli une
communauté juive qui s’est développée malgré les vicissitudes des lois anti
juives.
L’arrivée des juifs en Gaule avait coïncidé avec la conquête par Rome.
Ils s’y sont maintenus sous les Mérovingiens et ont connu une période de
prospérité sous les Carolingiens. Au XIe siècle, la France est devenue un pôle
florissant de la culture juive, abritant au nord les communautés ashkénazes
parmi lesquelles fleurit en Champagne l'école de Rachi (Rabbi Shlomo ben Itzhak
HaTzarfati) et de ses continuateurs, et, au sud, les juifs de Provence et du
Languedoc.
Normandie
au moyen âge
Jean-Pierre Allali a choisi pour son
roman la trame de l’histoire des communautés juives de Normandie au moyen âge,
mal connue, alors que Rouen fut durant
plusieurs siècles un très important centre de culture juive. Il s’est inspiré
de la persécution qui frappa les juifs de Normandie avec une chronique qui eut
lieu en l'an 1007. Un notable juif de Rouen, Jacob bar Jeqouthiel, qui avait
été d'abord emprisonné par le duc Richard II, reçut l'autorisation de se rendre
auprès du pape, en laissant l'un de ses fils en otage aux mains de Richard. Le
pontife Jean XVIII aurait écouté ses doléances et envoyé un message en France
demandant qu'un terme soit mis à la persécution.
L’auteur dresse les tréteaux où les
comédiens de la vie vont jouer le drame d’une couple de jeunes juifs frappé par
la vindicte imposée par un seigneur féodal. C’est un roman policier avec tous les ingrédients du suspense et une
histoire de vengeance dans la pure tradition des mauvais garçons. Histoire
sérieuse certes, mais ludique. On y apprendra beaucoup plus de choses sur les
juifs que dans un livre d’Histoire.
La volonté de l’auteur est louable et il
arrive à capter l’attention du lecteur qui veut en savoir plus à la fois sur ces
juifs de l’époque mais aussi sur l’épilogue de l’histoire qu’il conte avec des
mots et des phrases de qualité. Il n’est pas osé de dire qu’il s’agit de bonne
littérature, loin du verbiage des polars traditionnels.
En cette période de vacances où la
bête bouge encore, ce roman de plage se lira sans discontinuer avec l’impression
finale qu’on s’est enrichi mais surtout qu’on n’a pas bronzé idiot. Certainement
l'un des romans de l’été 2012.
[1]
Le Livre dans la société juive médiévale de la France du Nord Par Denis Lévy
Willard (éditions Cerf)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire