Ce qui se passe avec les NUPES est passionnant et témoigne du chaos politique ambiant et l’extrême volatilité de l’opinion. Quelques mois auparavant, on s’en souvient, tous les experts s’accordaient pour dire que «la gauche» était morte et définitivement enterrée. La France était à droite, dans son immense majorité, résolument à droite à l’image du «leader nationaliste» Z qui, selon les mêmes experts, menaçait la République. Quant à M. Mélenchon, qualifié par les commentateurs les plus savants, quasi unanimes, de démagogue populiste au rancard et aux provocations indignes, il était voué aux oubliettes de l’histoire.
Oui, oui, souvenez-vous ! Remember ! Et puis voilà…
A la veille des législatives de 2022, la gauche ressuscitée par son flanc
gauche, la NUPES domine le paysage politique. C’est elle, la gauche dure,
radicale, populiste, et non la droite nationaliste, qui dispute la première
place au parti présidentiel. C’est d’elle, la NUPES, c’est-à-dire la gauche de
la gauche, que provient l’espérance d’éviter le spectre d’une majorité absolue.
Alors pourquoi cette résurrection invraisemblable, contraire à tous les
diagnostics, toutes les analyses des experts les plus pointus ?
Cela ne tient pas à un projet que nul ne connaît et
qu’il vaut mieux ne pas connaître. Cela tient à presque rien : une «grande
gueule» ayant le culot de se proclamer candidate au poste de Premier
ministre (contrairement à tous les autres leaders qui ont choisi le
renoncement) ; à un nom, une étiquette la NUPES; à une dynamique d’unité (aussi
factice soit-elle). Les Français qui annoncent voter pour cette alliance ne
sont pas forcément des gauchistes convaincus.
Mais voilà, la NUPES, par sa seule existence, au milieu de l’atonie
politique générale, a su attirer l’attention de la France qui désespère et qui
ne supporte pas la morgue de ses actuels dirigeants. La poussée de la NUPES
cristallise en parallèle la frousse du bourgeois possédant et bienpensant,
terrifié par Mélenchon après l’avoir été par Le Pen. De fait, la NUPES n’a
aucune intention ni aucun moyen de gouverner le pays. Mais elle a réussi à
s’imposer comme la première incarnation du grand malaise. Elle prouve aussi que
dans ce paysage de chaos mental et intellectuel, il suffit d’une étincelle pour
renaître de ses cendres.
1 commentaire:
"il suffit d’une étincelle pour renaître de ses cendres"... ou rallumer des bûchers.
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