L’AVERTISSEMENT D’ISRAËL À
LA SYRIE
Par Jacques BENILLOUCHE
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Tsahal au Golan |
Depuis que la guerre civile a
éclaté en Syrie en 2011, Israël a mené des centaines de frappes aériennes pour
cibler les forces iraniennes en Syrie et les miliciens du Hezbollah. Jamais l’aéroport
de Damas n’a été visé et Israël ne s’est jamais attaqué aux installations
civiles pour éviter de provoquer un arrêt du trafic aérien. Mais la Syrie n’a
pas tenu compte de plusieurs mises en garde car des images satellitaires montraient
le débarquement de matériel depuis des avions civils. Aucune victime humaine n’est
à déplorer mais plusieurs hangars de stockage, des salles de réception et la
tour de contrôle ont été détruits. Certaines des salles de réception, utilisées
pour recevoir des responsables iraniens et des membres du Hezbollah, ont été
visées ainsi que les entrepôts où étaient stockés des armes en provenance
d'Iran.
L'aéroport
se trouve dans une région au sud de Damas où des groupes soutenus par l'Iran,
dont le Hezbollah libanais, opèrent régulièrement. La zone a été ciblée à
plusieurs reprises par Israël, qui a lancé 15 attaques aériennes contre la
Syrie cette année seulement et qui accuse régulièrement l'Iran d'utiliser l'aéroport
pour envoyer des cargaisons d'armes à ses alliés. Les médias d'État syriens ont
rapporté qu'une volée de missiles avait été tirée depuis les hauteurs du Golan vers
04h20 le vendredi 10 juin.
La Russie, alliée de la Syrie, a fermement condamné «l'attaque israélienne provocatrice contre des infrastructures civiles essentielles». Un porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères a qualifié ces attaques de «violation absolument inacceptable des normes internationales». Pourtant ces normes internationales sont bafouées tous les jours en Ukraine. Le ministre syrien des Affaires étrangères, Faisal Mekdad, qui s’est entretenu avec son homologue iranien Hossein Amir-Abdollahian, a également condamné l'attaque. La Syrie «se défendra par tous les moyens légitimes contre les attaques israéliennes».
Le 20 mai, des
missiles sol-sol israéliens lancés depuis les hauteurs du Golan avaient tué trois
personnes près de Damas. Ces frappes visaient des positions iraniennes et des
dépôts d'armes près de Damas, déclenchant un incendie près de l'une des
positions proches de l'aéroport. Israël, qui commente rarement les frappes
individuelles, avait reconnu en avoir mené des centaines en Syrie, au titre d’avertissement
pour empêcher l’installation pérenne d’Iraniens en Syrie.
La Russie occupe des
bases militaires dans le pays mais elle les a dégarnies pour renforcer ses
troupes en Ukraine. Mais bien qu’elle ait durci le ton après la destruction de
l’aéroport de Damas, Israël pense qu’elle n’est pas en situation de le critiquer
quand on songe au drame ukrainien. Il faut s’attendre cependant à une
dégradation des relations entre Israël et la Russie qui avaient déjà souffert
de la condamnation de l’invasion de l’Ukraine par Naftali Bennett. Sergueï
Lavrov est malvenu de soulever la question de «la provocation qui met la vie
d’innocents en danger». Devant la situation inadmissible en
Ukraine, Israël ne craint plus de remettre en cause l’accord tacite avec le
Kremlin qui lui permettait d’agir en toute liberté en Syrie. La Russie s’est trop
affaiblie en Syrie pour peser sur le cours des évènements. Israël mesure ce
risque.
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