Le gaz réchauffe les relations entre Israël et l'Egypte

LE GAZ RÉCHAUFFE LES RELATIONS ENTRE ISRAËL ET L’EGYPTE

Par Jacques BENILLOUCHE

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          On ne peut pas dire que ce soit le grand amour entre Israël et l’Égypte mais, dans le cadre d’une paix froide, le président Al-Sissi a joué au médiateur dans le conflit avec le Hamas et a donné l’ordre à son ministre du Pétrole, Hamdi Abdel Aziz, de recevoir du gaz naturel en provenance du gisement Léviathan d'Israël. Il s’agit d’un moyen pour l’Égypte de commencer à régler sa dette envers Israël.

IEC

            Il existe en effet un vieux contentieux qui impliquait une obligation de règlement de 1,76 milliard de dollars au profit de IEC (Israel Electric Corporation) décidée en 2015. En effet, les entreprises égyptiennes n'avaient pas été en mesure, pendant des années, de remplir un contrat à long terme pour fournir à l'IEC du gaz naturel à un taux fixe.  L'Égypte n'a que récemment trouvé un arrangement pour ajuster le montant qu'elle devait à IEC. En 2005, l'Égypte avait signé un contrat de 15 à 20 ans pour vendre du gaz à Israël à un prix fixe mais après la révolution de janvier 2011 et l'état d'insécurité qui régnait dans le pays, l'Égypte s'est trouvée incapable de respecter son engagement de fournir du gaz.

            En plus de l'instabilité générale dans le pays, le gazoduc égyptien vers Israël avait été touché par des dizaines d'explosions. En 2015, les sociétés égyptiennes de gaz naturel étaient obligées, en vertu d'une sentence arbitrale rendue par la Chambre de commerce internationale, de lui verser 1,76 milliard de dollars en compensation pour l'arrêt de l'approvisionnement en gaz en 2012. Mais pour combler cette dette, l'Égypte a accepté d'importer du gaz d'Israël en échange d’une réduction du montant de l'indemnisation due d'environ 1,3 milliard de dollars pour le ramener à 500 millions de dollars.

            Le plus grand champ de gaz naturel offshore d'Israël Léviathan est exploité par Noble Energy, une société basée au Texas, qui a planifié d’approvisionner en gaz le marché israélien dès la fin de 2019. Benyamin Zomer, vice-président des affaires régionales de Noble Energy avait déjà annoncé : «Dans les semaines qui suivront, nous exporterons vers l'Égypte et la Jordanie ».

            L'entreprise EMED, dans laquelle Delek Drilling détient 25%, Noble Energy 25% et EGAS 50%, a acheté pour 520 millions de dollars 39% des droits dans le gazoduc EMG qui acheminera du gaz vers l'Égypte à partir des réservoirs de Tamar et Léviathan en Israël. Le pipeline sous-marin, d’une longueur de 90 kilomètres, transportera du gaz israélien depuis la région d'Ashkelon jusqu’au système égyptien d'El-Arish. Noble Energy et Delek Drilling avaient convenu de vendre pour 15 milliards de dollars de gaz à l’égyptien Dolphinus Holdings mais l'accord a été modifié pour augmenter l'offre à environ 20 milliards de dollars soit 85 milliards de mètres cubes.

            En plus de régler la dette, l'Égypte pourra exporter le gaz qu'elle importe vers d'autres pays après sa liquéfaction dans des stations du nord du Caire. Le pays veut devenir un centre énergétique régional, en particulier après avoir développé la production du champ égyptien Zohr en Méditerranée. Mais ce champ ne permettra pas de se passer des importations de gaz israélien dans les années à venir, afin de répondre aux besoins du marché local et des centrales électriques.

            Cet accord est la preuve que la vraie paix entre les pays se fait à travers l’économie.