RETOUR SUR LE BLUFF DE TSAHAL AU SUD-LIBAN
Par Jacques BENILLOUCHE
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C’est bien la première fois que Tsahal
organise un bluff sur le champ de bataille ou du moins, qu’il le révèle. Certes
l’intoxication a toujours été une stratégie militaire qui a servi les intérêts
de certaines armées, par exemple durant la Guerre Mondiale pour tromper les
nazis sur le lieu du débarquement en Sicile ou de celui en Normandie. Mais le 1er
septembre 2019, nous avons assisté en direct à une mise en scène, à la
frontière libanaise, digne des grands films. Il ne nous appartient pas de juger
du bien fondé d’un tel spectacle mais on ne peut s’empêcher de douter de son
efficacité sauf si nous ignorons sa finalité militaire qui ne nous a pas été
expliquée.
À l’heure d’Internet, les informations
circulent vite et il devient difficile de séparer le bon grain de l’ivraie.
Israël a toujours assuré qu’il fallait faire confiance aux informations qu’il
diffusait, contrairement aux autres armées arabes qui ne peuvent galvaniser
leurs troupes que dans le mensonge. Il devient donc difficile aujourd’hui de
croire aux dénis du premier ministre lorsque des images ont été vues par de nombreux
israéliens à travers les médias étrangers.
La chaîne de télévision al-Mayadeen avait
fait part de la «fuite des militaires israéliens de leurs casernes»,
après l’opération du Hezbollah. D’autres sources médiatiques ont rapporté la
mort du Commandant de la région Nord après une frappe sur son véhicule tout
près d’Avivim. L’information était crédible après la diffusion d’images de
blessés israéliens emportés dans des brancards vers des hélicoptères alors que
le Premier ministre israélien avait prétendu que la frappe du Hezbollah n'avait
fait aucun blessé. L’angoisse avait atteint toutes les familles de soldats
incorporés qui avaient interprété habituellement le silence de Tsahal comme le
temps nécessaire pour informer en priorité les familles des victimes.
Mais même si les images étaient faussées, Tsahal
a été montré en état d’infériorité pour la première fois, ce qui pourrait
donner un certain espoir au Hezbollah et un espoir à ses miliciens. Les frappes par
Israël d’obus de mortiers et de roquettes contre des terres, volontairement
inhabitées, ont été interprétées comme une volonté, voire une incapacité, à
contenir une escalade de grande échelle. Le Hezbollah en a conclu qu’Israël
refusait de se lancer dans une guerre au Nord après la guerre latente à Gaza.
Les observateurs ont effectivement conclu que Nasrallah avait tenu sa promesse
puisque dans son discours, il avait promis que sa riposte aurait lieu aux
fermes de Shebaa, mais aussi tout au long de la frontière libanaise.
Certains ont voulu voir dans ce bluff d’Israël
un moyen de déconsidérer le Hezbollah après ses communiqués de victoire
totalement irréalistes. On connaissait déjà cette milice et ses forfanteries,
ce n’est pas nouveau. Le bluff a été concluant mais au prix d’un doute qui
s’instillera dorénavant dans les actions de Tsahal. Est-ce vrai ou est-ce du cinéma ?
En revanche avec ce bluff, le Hezbollah s’est totalement trompé sur le Namer, véhicule de
combat de l’infanterie israélien, lourdement protégé, capable de transporter 12
personnes parce qu'il pensait avoir trouvé la faille et le moyen de le détruire avec tous ses
occupants malgré tous ses blindages. Il a dû revoir ses certitudes. En effet la chaîne de télévision
libanaise Al-Mayadeen avait affirmé que «Les
combattants du Hezbollah ont détruit un véhicule militaire sur la route de la
caserne d’Avivim, tuant ou blessant tous ceux qui se trouvaient à l’intérieur».
Ces terribles informations se sont révélées fausses
mais entre-temps l’angoisse était dans tous les regards israéliens. Ce sentiment
de victoire a permis aux Libanais de faire mentionner «l’état de peur et de
panique qui règne chez les colons israéliens du nord des territoires occupés».
La chaîne de télévision Al-Mayadeen a mentionné par ailleurs la grandeur
d’âme du Hezbollah car «les forces israéliennes qui voulaient transférer les
blessés étaient à la portée de tir des combattants de la Résistance, mais ces
derniers leur ont permis de récupérer les blessés».
D’autre part, cet
incident a prouvé l’incompétence de la FINUL (Force intérimaire des Nations
unies au Liban) qui n’a rien vu et qui n’a pas pu rapporter correctement les
faits. Son chef, le major-général Stefano Del Col, s’est borné à demander un «maximum de
retenue» aux deux parties. C’est peu quand on sait que cela aurait pu dégénérer.
Enfin la leçon à
tirer de cet incident sans victime : aucune des deux parties n’est
intéressée à se lancer dans une aventure militaire sans lendemain. Même le
Hezbollah ne veut pas en découdre… pour l’instant.
3 commentaires:
On n'avait pas besoin de ces images, et de cette info, pour savoir que le bluff a de tout temps existé, notamment dans l'armée, sous l'appellation effectivement de "stratégie". Or la stratégie militaire n'a rien à voir du tout avec le mensonge, ni n'est à confondre avec les fake news qui, quant à elles, sont devenues monnaie courante dans la presse. La presse dans son ensemble n'a plus d'honneur.
Le problème aujourd'hui, lié essentiellement à la mentalité des journalistes actuels, est le voyeurisme journalistique : On est dans une dictature journalistique de l'information, les journalistes veulent, eux d'abord, tout voir, tout savoir, tout connaître, sous couvert des meilleures intentions du monde : informer le public.
En fait, ici, ce sont d'abord les journalistes qui ont été, ce qu'ils font d'habitude eux, BLUFFES, et je vais même dire : MANIPULES ! L'arroseur arrosé.
Donc il est clair que les journalistes n'apprécient pas du tout, et du coup ils vont dire que c'est le public qui n'apprécie pas, et qui n'a plus confiance. Mais pendant que les journalistes font du voyeurisme, pour exposer au public les soi-disant problèmes du monde entier, le public, quant à lui, occupé à travailler, et donc par son travail, fait rentrer de l'argent dans les caisses de l'Etat qui n'a qu'une seule idée en tête : le dépenser pour son propre compte, ses propres intérêts et non celui du peuple...
Mais on ne fait ici, au sujet de cet événement, que parler, supposer, spéculer...
@Ingrid
Vous transposez me semble-t-il le sujet de l’article avec les problèmes de la France. Vous accusez les médias qui, avec la volonté du scoop à tous prix, nous donnent souvent une information faussée. Je ne pense pas qu’en Israël le cas soit le même concernant le sujet de l’article car ce ne sont pas les seuls journalistes qui ont été bluffés, c’est le pays tout entier qui a été manipulé. Lorsqu’on sait qu’Israël est un pays en guerre et que ce qui fait consensus est son armée qui a pour habitude de ne rien dévoiler, on est en droit de s’interroger sinon de s’inquiéter du but recherché.
On peut donc légitimement se poser la question du pourquoi et se demander si les élections à venir n’auraient pas une corrélation de cause à effet.
à Véronique : Lorsque le pays est attaqué, le premier réflexe de l'armée est de défendre donc de contre-attaquer, et la stratégie, aujourd'hui bluff, est une arme dans la guerre non pas contre le peuple mais contre l'ennemi. C'est ce qui s'est passé ici. Personnellement, je ne pense pas que l'armée, à ce moment-là, s'est inquiétée des élections à venir, mais plutôt de l'adversaire en face et du comment le neutraliser. C'est ça le but de l'armée. Quand des vies sont en danger, l'armée n'a pas le temps, et d'ailleurs ce n'est pas sa vocation, de se poser des questions d'ordre politique mais uniquement de s'occuper de l'ennemi de manière MILITAIRE. Or, il se trouve qu'aujourd'hui l'info est instantanée et court plus vite sur les réseaux que la réflexion, et l'analyse qui devraient en être faites... A mon avis, le peuple israélien n'a pas été manipulé par son armée, il a juste été arrosé d'images et de commentaires non réfléchis de journalistes trop pressés de savoir ce qu'ils ne devaient pas savoir avant le temps. Et voilà le résultat...
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