ISRAËL N’A RIEN À ATTENDRE DU TUNISIEN KAÏS SAÏED
Par Jacques BENILLOUCHE
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Après les péripéties du «printemps arabe» de 2011 et de la «révolution
du jasmin» avec l’intermède des islamistes au pouvoir, la présidentielle
tunisienne de 2014 avait apporté un léger espoir aux Israéliens avec le retour
de la génération Bourguiba au pouvoir.
Mais ce fut la grande déception car Mohamed Kacimi, auteur algérien, décrit ainsi le père de la nation Béji Caïd
Essebsi : «l’homme était un politicien
retors et chevronné. A peine investi, le patriarche tente d’introniser son
rejeton de fils à la tête du parti qui l’avait porté au pouvoir. En tout
dirigeant arabe, fut-il républicain, sommeille un monarque».
Les résultats du 15 septembre 2019 sont tombés comme un coup de tonnerre pour
la classe politique tunisienne. Sont arrivés en tête le juriste
ultraconservateur Kaïs Saïed et l'homme d'affaires Nabil Karoui, emprisonné à
la suite d’un mandat de dépôt émis par la chambre d’accusation le 23 août
dernier. Président de Qalb Tounès (au cœur de la Tunisie), Karoui est
l'un des principaux acteurs du monde de la publicité et des médias de son pays.
Saïed est universitaire et juriste, spécialisé en droit constitutionnel.
Nabil Karoui |
Le premier tour est un cauchemar pour le parti islamiste de Ghannouchi
et pour l’ancien premier ministre Youssef Chahed. Cependant, ils se sont déjà entendus pour
partager le pouvoir à condition d’appeler à faire voter pour Saïed et
barrer la route à Karoui. Leur scénario passe par l’élection au perchoir de Ghannouchi
au Palais du Bardo et par le maintien comme premier ministre de Chahed à la
Kasbah.
Kaïs Saïed |
Après avoir refusé le soutien d’un quelconque parti politique, ne
disposant d’aucune structure électorale, avare en apparition médiatique, Kais
Saïed a dépassé tous les autres candidats qui disposaient de fonds importants
pour leur campagne. Il a déjà annoncé son programme politique. Pour lui : «le
destin de la Tunisie est lié à l’Algérie» qui sera sa première destination
à l’étranger dès son élection.
À noter la défaite
cuisante que viennent d’essuyer les deux principaux candidats tunisiens
soutenus par l’internationale des Frères musulmans, à savoir Moncef Marzouki et
le représentant du mouvement Ennahda, Abdelfattah Mourou. La Tunisie est devenue
un terrain d’influence pour les puissances régionales et un champ de bataille
pour les Émirats arabes unis et le Qatar. Mais, les résultats de l’élection freinent la
volonté expansionniste de ces deux monarchies pétrolières, tentées déjà par la
conquête de l’Algérie et de la Tunisie.
Comme si l’État
juif était le centre du monde, le juriste Kaïs Saïed a déjà annoncé la couleur
avant le premier tour en s’opposant à la normalisation des relations avec Israël.
Dans une vidéo officielle le principal candidat à la présidentielle tunisienne a
été clair : «Nous sommes en état de guerre avec le régime occupant et
toute tentative de normalisation des relations avec ce régime est une énorme
trahison. La normalisation des relations avec Israël n’est pas simplement un
crime mais aussi une grande trahison. Celui qui traite avec l’ennemi
israélien est un traître et sa trahison devrait être jugée le plus tôt
possible. Nous sommes en état de guerre avec le régime occupant, un régime qui
déplace la nation palestinienne et occupe ses territoires».
Sa
dialectique ne diffère pas beaucoup de celle des islamistes : «Malheureusement,
le massacre du peuple palestinien frère continue avec la complicité des régimes
arabes et avec l’appui des puissances occidentales. Les grandes questions qui
se posent c’est de savoir qu’est-ce qu’on a fait pour eux et quelle est la
différence entre l’attitude des régimes arabes actuels et ceux de 2008». Et sa haine d’Israël s’exprime
crescendo : «La Tunisie peut
faire beaucoup de choses, bien que la libération de Palestine ne passe pas par
la Tunisie mais par tous les pays arabes. Avec ses moyens très limités, la
Tunisie fraîchement indépendante a pris des positions plus respectueuses dans
les années 60. Hélas, aujourd’hui on n’arrive même pas à ce niveau de réaction.
Le comble c’est que les pays arabes ne sont même plus maîtres de leur volonté
pour dénoncer le génocide israélien et se limitent simplement à dénoncer la
violence». Israël
peut se passer d’un tel allié éventuel qui n’a pas assimilé que l’entrée dans
le monde occidental passe par des relations normales avec l’un des leaders du high-tech.
Mohamed Kacimi |
Selon
Mohamed Kacimi : «En face de Karoui, émerge la singulière figure de
Kaïs Saïed, le Robocop tunisien, raide comme un passe-lacet, froid comme un
colin, avec un phrasé particulier, le menton toujours en l’air, les yeux au
ciel, il parle un arabe classique, sorti du Lissane al arab, et qui fait penser
à un prêche du vendredi plutôt qu’à un cours de droit. Homme d’un autre temps,
illuminé, en lévitation permanente, il caresse les foules dans le sens du poil
: il est contre l’égalité dans l’héritage, pour la peine de mort, contre la
dépénalisation de l’homosexualité, imposée, selon lui, par la commission
européenne. Son idéologie est aussi simple qu’une notice du jeu de dominos :
tous les malheurs de la Tunisie viennent des autres, de l’étranger : le
terrorisme, la liberté des mœurs, la crise économique».
Avec des
candidats de ce calibre, la Tunisie persiste à vouloir se distinguer du Maroc,
de l’Égypte et de la Jordanie et même d’une certaine manière de l’Arabie et des
Émirats, en étant le porte-parole des Palestiniens. Plus royaliste que le roi. L'élection présidentielle tunisienne risque d'être encore une plongée vers l'anachronisme et l'antisionisme pour le malheur de la Tunisie.
P.S : Merci à mon ami Jean Corcos qui m'a fourni une abondante documentation tirée de ses émissions.
P.S : Merci à mon ami Jean Corcos qui m'a fourni une abondante documentation tirée de ses émissions.
2 commentaires:
la Tunisie, combien de divisions?
Et bien voilà qui semble clair .Si je vous lis bien un nouvel ennemi d Israël va se manifester ,et on peut conclure que ce n est pas demain que les juifs nés en Tunisie pourront retourner voir leur ancien pays .je ne parle pas d y habiter ,comme certains le
Souhaiteraient .On est tenté de penser que ce pays musulman qui semblait modéré et moderne va tomber dans l excès
et on peut raisonnablement admettre que cela peut se passer dans n importe quel pays voisin .
Bien entendu tout cela si le résultat des élections se rapproche de vos prévisions
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