Echec de l'union nationale en Israël

ÉCHEC DE L’UNION NATIONALE EN ISRAËL

Par Jacques BENILLOUCHE

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          Le président Rivlin a accepté le souhait des stratèges de Benny Gantz de ne pas le désigner en premier pour constituer le nouveau gouvernement dès lors qu’un gouvernement d’union nationale n’a pu être mis en place. De toutes façons, beaucoup d’hommes politiques n’étaient pas convaincus de l’efficacité d’une union qui aurait mené à un gouvernement d’inertie nationale. Trop de problèmes, qui séparent la droite et la gauche, n’auraient pas trouvé de solutions car le gouvernement aurait alors évité les problèmes qui fâchent pour durer. Il se serait borné à gérer les affaires courantes comme un gouvernement transitoire. Kahol Lavan refusait l’entrée au gouvernement des extrémistes de droite tandis qu’Avigdor Lieberman et Yaïr Lapid ont mis leur veto pour l’entrée des religieux orthodoxes. 

          Netanyahou se retrouvera dans une situation pire qu’en avril car son handicap s’est aggravé puisqu’il ne dispose plus que 55 sièges contre 60.  Il lui manque six sièges pour boucler son gouvernement sachant qu’il a épuisé toutes ses réserves.

            Mais le premier ministre ne s’avoue pas vaincu et il compte sur une trahison d’un petit parti de gauche sachant qu’un éclatement de Kahol-Lavan est pour l’instant exclu. Le seul qui pourrait sauter le pas serait le travailliste Amir Peretz qui détient justement les six députés qui manquent à Netanyahou. De nombreuses avances lui ont été faites avec peu de discrétion. Il s’agit de jouer sur la faiblesse humaine et sur l’attrait de portefeuilles ministériels. Orly Levy Abecassis entrerait au gouvernement, éventuellement comme ministre de la santé où elle aurait une compétence indiscutable. Quant à Amir Peretz, il pourrait bénéficier des voix du Likoud à la Knesset pour être élu président de l’État à la fin du mandat non-renouvelable de Réouven Rivlin, en juin 2021. C’est son rêve, inaccessible sans l’aide active de la droite. D’ailleurs ses détracteurs l’accusent d’avoir refusé une union avec Meretz et Ehud Barak pour garder sa liberté. Mais Amir Peretz a démenti vigoureusement cette hypothèse et assuré que jamais il ne siégerait avec Netanyahou.  

            S’il n’y a pas de trahison avérée, alors l’échec de Netanyahou serait évident et il remettra son mandat entre les mains du président de l’État qui le confiera cette fois à Benny Gantz. Cependant, avec les voix de Lieberman et de la gauche, il atteint à peine 52 sièges. Mais il compte sur l'opinion publique qui ne souhaite pas de nouvelles élections pour imposer son scénario.

Rivlin reçoit les partis arabes

        Benny Gantz pourrait constituer un gouvernement minoritaire comme Itzhak Rabin en 1992. Si les partis arabes ne participent pas au gouvernement, ils refuseront de joindre leur voix pour faire tomber le gouvernement sachant qu’à droite ils ne disposent que de 55 députés. Benny Gantz pourrait offrir en échange de nombreux avantages économiques aux villages arabes. La liste de leurs doléances est longue. Par ailleurs, il n’est pas impossible qu’une ou deux personnalités arabes ou druzes, des technocrates non marqués politiquement, figurent parmi les futurs ministres.

Gideon Saar

            La constitution d’un gouvernement, même minoritaire, sera un double échec pour Netanyahou qui tirerait alors les conséquences en se retirant discrètement. Ce serait alors le signal pour une décomposition du Likoud. Tous ceux qui ont été brimés pendant plusieurs années malgré leur compétence inexploitée, tous ceux qui ont été volontairement écartés du gouvernement alors que le premier ministre détenait à lui seul quatre ministères pour éviter de mettre à la lumière des concurrents, tous ceux qui ont perdu leurs doutes sur la culpabilité du premier ministre, alors tous ces militants prendront peut-être leur revanche. En fait les frondeurs sous la conduite du meneur Gidéon Saar, n’hésiteront pas à sauter le pas pour rejoindre les généraux. C’est la situation que les stratèges de Benny Gantz ont imaginée.

            Mais en Israël, pays de miracles, tout est possible et nul n’est à l’abri d’une surprise. Le premier ministre a 28 jours pour sauver son fauteuil, jusqu’au 23 octobre, alors qu’il sera convoqué par la justice au début du mois. Mais il garde plusieurs flèches à son arc.