GAZA EST UN NID
D’ORGANISATIONS TERRORISTES
Par Jacques
BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps
Guerre Fatah-Hamas |
Quant on aborde le problème de Gaza, on ne parle que du Hamas qui détient
le pouvoir depuis sa victoire aux élections de 2007. Or il existe une multitude
d’autres organisations, toutes radicales, qui agissent dans la
bande de Gaza et qui, pour certaines, imposent leur loi et bloquent souvent des
avancées politiques. Les groupes se haïssent et veulent nuire aux uns et aux autres. Les clans palestiniens ont des difficultés à s’entendre, à fortiori lorsque
les laïcs du Fatah sont condamnés à une action brutale par les islamistes. On a surtout du mal à imaginer comment un si
petit territoire, d’une superficie de 360 km², archi peuplé de 1,7 million
d’habitants, arrive à tenir tête à la puissante armée du Proche-Orient.
Sharon en 1970 |
C’est par accident que ce territoire est tombé sous juridiction israélienne ;
ce n’était pas sa vocation. Les accords d’armistice de 1950 entre Israël et l’Égypte
avaient placé Gaza sous contrôle égyptien. A la suite de la Guerre des
Six-Jours, Israël a occupé la bande avec pour conséquence le développement du
terrorisme local. Au début des années 1970, le général Ariel Sharon, qui
commandait la région sud, avait lancé les premières opérations contre les
terroristes qui ont cessé toute action violente pendant quinze ans.
Paradoxalement les Égyptiens ont signé l’accord de paix en 1979 sans exiger le
retour de la bande sous leur juridiction. Ils connaissaient suffisamment les difficultés
d’une population contestataire. Ils ne
s’étaient pas trompés puisque la première Intifada a effectivement été lancée
en 1987 depuis les camps de réfugiés de Jabālīyah, Shati, Nuseirat, Rafah et Deir
al-Balah.
Cette révolte a poussé le groupe islamique Mujamaa, affilié aux Frères
musulmans, à créer en 1987 le mouvement Hamas qui, au départ, avait une
vocation sociale à base de collectes de
fonds. Il s’agissait pour lui d’aider les familles dans le besoin et de
dispenser un enseignement religieux avec l’accord des autorités de tutelle
israéliennes. Mais l’Intifada a transformé le Hamas en mouvement violent qui a
participé à l’enlèvement et à l’assassinat de soldats israéliens, Avi Sasportas
et Ilan Saadon tout en construisant des infrastructures de combat.
Les Accords d’Oslo ont donné à l’Autorité palestinienne la gestion
administrative de la bande tandis qu’Israël se chargeait de la sécurité. En
2005 Ariel Sharon, qui avait compris qu’il ne pourrait jamais soumettre cette
population sans forte casse, décida de manière unilatérale l’évacuation de la région par l'armée et l’abandon des implantations. La corruption généralisée du Fatah s’installa
de plus belle à Gaza justifiant en 2007 la victoire du Hamas aux élections
locales, suivie d’un coup d’État contre l’Autorité Palestinienne.
Par
représailles, Israël a alors imposé un blocus économique, terrestre et maritime,
contesté par le Hamas qui sombra dans la violence. Tsahal a donc été amené à
organiser régulièrement des opérations militaires : opération Rainbow, opération
First Rain en 2005, opération Summer
Rains en 2006, Opération Hot Winter en 2008, opération Cast Lead en 2009, opération Pilier de défense en 2012 et
Bordure protectrice en 2014. Ces
opérations ont été entrecoupées par des périodes de calme relatif et d’espoir
illusoire car le Hamas en profitait pour se réorganiser et se réarmer.
Le Hamas s’est alors totalement éloigné de son objectif initial consistant
à venir en aide à la population. Il adopta une position radicale au sein des
Frères musulmans avec l’objectif avoué de détruire Israël pour imposer à la
région un califat islamiste à base de sharia. Au fil des problèmes économiques,
la population s’est peu à peu éloignée de ses dirigeants après avoir pris
conscience qu’ils gaspillaient les aides internationales pour construire des
infrastructures militaires au lieu de participer
à l’amélioration du niveau de vie à Gaza. Le Hamas et son aile militaire, les
brigades Ezzedine al-Kassam, organisèrent les principales activités terroristes
contre Israël avec les tirs de roquettes, de missiles et de bombes.
Brigade Ezzedine Al-Kassem |
Le Djihad islamique palestinien, plus radical, vient en deuxième position
pour ses actions sur le terrain mais il n’attire pas à lui beaucoup de militants
malgré un soutien affirmé de la population locale. Bien que le Fatah soit sous
surveillance à Gaza, quelques éléments armés qui lui sont rattachés, les martyrs
d’Al-Aqsa, sont aussi impliqués dans des actions en collaboration avec le
Hamas. Une micro-organisation, Jaysh al-Assifa, branche armée du
mouvement Fatah fondée en 1964 et dirigée conjointement par Yasser Arafat et
Khalil al-Wazir, s’impliquant aussi à envoyer des roquettes sur Israël.
Khalil Al-Wazir |
Jamal Abu Samhadana, dissident du Fatah, a créé en 2000 les Comités de
la résistance populaire (PRC) en amenant à lui des sympathisants du Fatah, du
Hamas et du FPLP (Front populaire pour la libération de la Palestine). Il
s’inspire à la fois de l’idéologie du Hamas et du Hezbollah et n’envisage la
lutte armée que pour détruire Israël. Il a été impliqué dans plusieurs attaques
terroristes.
L'effondrement du régime de Hosni Moubarak en Égypte a conduit à la
radicalisation des factions salafistes opérant au nord-Sinaï, issues souvent de
tribus bédouines. La chute du régime de l’islamiste Mohamed Morsi a permis à
l’armée égyptienne de lancer de vastes opérations militaires au Sinaï et de
détruire en particulier les tunnels de contrebande.
Enfin depuis 2011 et l’avènement de Daesh, Ansar Bait al-Maqdis, l'une
des organisations salafistes les plus actives au Sinaï, rejointe par de
nombreux bédouins, est de plus en plus impliquée à Gaza. C’est elle qui a lancé
plusieurs attaques de missiles contre la ville d’Eilat. En juin 2014, elle a
prêté allégeance à Daesh. Mais face à la détermination d’Israël, elle a déclaré
que sa priorité était la lutte contre les musulmans chiites, et non pas l’aide
aux factions palestiniennes dans leur lutte contre Israël.
Leader tué de Ansar Bait al-Maqdis |
Le Hamas est donc bridé par ces factions radicales qui menacent son
hégémonie et il se sent obligé d’entreprendre des actions fermes et violentes
contre elles. Il n’est pas tout à fait convaincu qu’il doive encore appeler à
la destruction totale de l'État d'Israël sachant que c’est un objectif
illusoire.
Alors que le président Al Sissi se positionne
en arbitre pour faciliter un accord entre le Hamas et Israël, tous ces clans
radicaux s’opposent pour empêcher une évolution pacifique du conflit et
sombrent dans le radicalisme extrême pour faire de la surenchère. Le Hamas,
élément mineur dans cette galaxie islamiste, est poussé à l’intransigeance par
les radicaux. En effet, il a refusé le 24 janvier le transfert de 15 millions
de dollars d’origine du Qatar et il préfère aggraver la ruine de l'enclave
côtière frappée par la pauvreté, voire à anticiper l'effondrement de Gaza. Gaza est et reste une poudrière.
1 commentaire:
Intéressante analyse.. en terme d'informations sur la situation de Gaza... Merci... avec votre accord je partage, cela fera avancer les gens de mon pays (Algérie ) sur la connaissance des enjeux au Proche Orient et notamment le conflit israélo-arabo/palestinien.
Enregistrer un commentaire