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dimanche 27 janvier 2019

Gaza est un nid d'organisations terroristes



GAZA EST UN NID D’ORGANISATIONS TERRORISTES

Par Jacques BENILLOUCHE
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Guerre Fatah-Hamas

Quant on aborde le problème de Gaza, on ne parle que du Hamas qui détient le pouvoir depuis sa victoire aux élections de 2007. Or il existe une multitude d’autres organisations, toutes radicales, qui agissent dans la bande de Gaza et qui, pour certaines, imposent leur loi et bloquent souvent des avancées politiques. Les groupes se haïssent et veulent nuire aux uns et aux autres. Les clans palestiniens ont des difficultés à s’entendre, à fortiori lorsque les laïcs du Fatah sont condamnés à une action brutale par les islamistes.  On a surtout du mal à imaginer comment un si petit territoire, d’une superficie de 360 km², archi peuplé de 1,7 million d’habitants, arrive à tenir tête à la puissante armée du Proche-Orient.



Sharon en 1970

C’est par accident que ce territoire est tombé sous juridiction israélienne ; ce n’était pas sa vocation. Les accords d’armistice de 1950 entre Israël et l’Égypte avaient placé Gaza sous contrôle égyptien. A la suite de la Guerre des Six-Jours, Israël a occupé la bande avec pour conséquence le développement du terrorisme local. Au début des années 1970, le général Ariel Sharon, qui commandait la région sud, avait lancé les premières opérations contre les terroristes qui ont cessé toute action violente pendant quinze ans. Paradoxalement les Égyptiens ont signé l’accord de paix en 1979 sans exiger le retour de la bande sous leur juridiction. Ils connaissaient suffisamment les difficultés d’une population contestataire. Ils  ne s’étaient pas trompés puisque la première Intifada a effectivement été lancée en 1987 depuis les camps de réfugiés de Jabālīyah, Shati, Nuseirat, Rafah et Deir al-Balah.
Cette révolte a poussé le groupe islamique Mujamaa, affilié aux Frères musulmans, à créer en 1987 le mouvement Hamas qui, au départ, avait une vocation sociale à base de  collectes de fonds. Il s’agissait pour lui d’aider les familles dans le besoin et de dispenser un enseignement religieux avec l’accord des autorités de tutelle israéliennes. Mais l’Intifada a transformé le Hamas en mouvement violent qui a participé à l’enlèvement et à l’assassinat de soldats israéliens, Avi Sasportas et Ilan Saadon tout en construisant des infrastructures de combat.

Les Accords d’Oslo ont donné à l’Autorité palestinienne la gestion administrative de la bande tandis qu’Israël se chargeait de la sécurité. En 2005 Ariel Sharon, qui avait compris qu’il ne pourrait jamais soumettre cette population sans forte casse, décida de manière unilatérale l’évacuation de la région par l'armée et l’abandon des implantations. La corruption généralisée du Fatah s’installa de plus belle à Gaza justifiant en 2007 la victoire du Hamas aux élections locales, suivie d’un coup d’État contre l’Autorité Palestinienne. 
Par représailles, Israël a alors imposé un blocus économique, terrestre et maritime, contesté par le Hamas qui sombra dans la violence. Tsahal a donc été amené à organiser régulièrement des opérations militaires : opération Rainbow, opération First Rain en 2005,  opération Summer Rains en 2006, Opération Hot Winter en 2008, opération Cast Lead en  2009, opération Pilier de défense en 2012 et Bordure protectrice en 2014.  Ces opérations ont été entrecoupées par des périodes de calme relatif et d’espoir illusoire car le Hamas en profitait pour se réorganiser et se réarmer.
Le Hamas s’est alors totalement éloigné de son objectif initial consistant à venir en aide à la population. Il adopta une position radicale au sein des Frères musulmans avec l’objectif avoué de détruire Israël pour imposer à la région un califat islamiste à base de sharia. Au fil des problèmes économiques, la population s’est peu à peu éloignée de ses dirigeants après avoir pris conscience qu’ils gaspillaient les aides internationales pour construire des infrastructures militaires au lieu de participer à l’amélioration du niveau de vie à Gaza. Le Hamas et son aile militaire, les brigades Ezzedine al-Kassam, organisèrent les principales activités terroristes contre Israël avec les tirs de roquettes, de missiles et de bombes.
Brigade Ezzedine Al-Kassem

Le Djihad islamique palestinien, plus radical, vient en deuxième position pour ses actions sur le terrain mais il n’attire pas à lui beaucoup de militants malgré un soutien affirmé de la population locale. Bien que le Fatah soit sous surveillance à Gaza, quelques éléments armés qui lui sont rattachés, les martyrs d’Al-Aqsa, sont aussi impliqués dans des actions en collaboration avec le Hamas. Une micro-organisation, Jaysh al-Assifa, branche armée du mouvement Fatah fondée en 1964 et dirigée conjointement par Yasser Arafat et Khalil al-Wazir, s’impliquant aussi à envoyer des roquettes sur Israël.
Khalil Al-Wazir

Jamal Abu Samhadana, dissident du Fatah, a créé en 2000 les Comités de la résistance populaire (PRC) en amenant à lui des sympathisants du Fatah, du Hamas et du FPLP (Front populaire pour la libération de la Palestine). Il s’inspire à la fois de l’idéologie du Hamas et du Hezbollah et n’envisage la lutte armée que pour détruire Israël. Il a été impliqué dans plusieurs attaques terroristes.
L'effondrement du régime de Hosni Moubarak en Égypte a conduit à la radicalisation des factions salafistes opérant au nord-Sinaï, issues souvent de tribus bédouines. La chute du régime de l’islamiste Mohamed Morsi a permis à l’armée égyptienne de lancer de vastes opérations militaires au Sinaï et de détruire en particulier les tunnels de contrebande.
Enfin depuis 2011 et l’avènement de Daesh, Ansar Bait al-Maqdis, l'une des organisations salafistes les plus actives au Sinaï, rejointe par de nombreux bédouins, est de plus en plus impliquée à Gaza. C’est elle qui a lancé plusieurs attaques de missiles contre la ville d’Eilat. En juin 2014, elle a prêté allégeance à Daesh. Mais face à la détermination d’Israël, elle a déclaré que sa priorité était la lutte contre les musulmans chiites, et non pas l’aide aux factions palestiniennes dans leur lutte contre Israël.
Leader tué de Ansar Bait al-Maqdis

Le Hamas est donc bridé par ces factions radicales qui menacent son hégémonie et il se sent obligé d’entreprendre des actions fermes et violentes contre elles. Il n’est pas tout à fait convaincu qu’il doive encore appeler à la destruction totale de l'État d'Israël sachant que c’est un objectif illusoire.         
Alors que le président Al Sissi se positionne en arbitre pour faciliter un accord entre le Hamas et Israël, tous ces clans radicaux s’opposent pour empêcher une évolution pacifique du conflit et sombrent dans le radicalisme extrême pour faire de la surenchère. Le Hamas, élément mineur dans cette galaxie islamiste, est poussé à l’intransigeance par les radicaux. En effet, il a refusé le 24 janvier le transfert de 15 millions de dollars d’origine du Qatar et il préfère aggraver la ruine de l'enclave côtière frappée par la pauvreté, voire à anticiper l'effondrement de Gaza.  Gaza est et reste une poudrière.

1 commentaire:

  1. Intéressante analyse.. en terme d'informations sur la situation de Gaza... Merci... avec votre accord je partage, cela fera avancer les gens de mon pays (Algérie ) sur la connaissance des enjeux au Proche Orient et notamment le conflit israélo-arabo/palestinien.

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