L’UUV CONSOLIDE
LA PUISSANCE MARITIME D’ISRAËL
Par Jacques BENILLOUCHE
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UUV |
Pendant plusieurs décennies, Israël avait axé sa défense militaire sur le tout aérien. Il a ensuite compris qu’il devait investir dans la guerre navale en raison de l’étendue de l’espace des conflits. L’acquisition de sous-marins Dolphin auprès de l’Allemagne a étoffé sa capacité d’intervention au-delà de ses frontières et en particulier à la limite des eaux territoriales de l’Iran, en permanence sous surveillance. Bien sûr les escadrilles de F-35, le dernier-né des avions furtifs, ont consolidé la suprématie de Tsahal dans les airs au Moyen-Orient mais les limites techniques d’intervention des avions de chasse ont imposé une stratégie complémentaire.
Sous-marin Dolphin |
Les
sous-marins de la nouvelle génération souffrent de la limitation d’un
fonctionnement autonome prolongé dans les fonds marins. Ils ont
toujours été la bête noire des armées et des navigateurs parce qu’ils
symbolisent l’élément de surprise et de dissuasion surtout lorsqu’ils sont
équipés d’armes nucléaires. Ils sont imprévisibles et invisibles puisqu’ils ont
la capacité de rester sous l’eau pendant des semaines, voire des mois.
Mais
un sous-marin habité a besoin de refaire surface pour récupérer de l’air, pour une maintenance obligatoire, pour s’approvisionner en denrées
alimentaires et pour permettre une réadaptation au cycle naturel du corps
humain. Les véhicules sans équipage deviennent donc une alternative
intéressante aux sous-marins équipés. Ils sont connus sous le nom de véhicules
sous-marins sans équipage (UUV-Unmanned
underwater vehicles). Les services techniques de Tsahal, avec l’aide
américaine, ont donc développé de véritables monstres sous-marins capables
d’évoluer dans les profondeurs marines en toute autonomie, hors la présence
humaine à l’intérieur.
UUV |
Mais
chaque technologie évoluée entraîne de nouveaux blocages techniques. Les
véhicules sous-marins sans équipage, de véritables robots, peuvent avoir des
difficultés à communiquer sous l'eau en raison d’une multitude d'obstacles dans
les communications. Par ailleurs, le fonctionnement pendant de longues périodes
est entravé par l'absence d'une source d'alimentation adéquate utilisable à
proximité immédiate de l'eau. L’objectif restede permettre au drone sous-marin
de rester en mer pendant 70 jours consécutifs.
Alfred Thayer |
L’UUV
ne supprime pas la nécessité du sous-marin habité, seul capable de lancer des
missiles lourds. Il doit être en mesure de générer sa propre énergie, doit être
fabriqué avec des matériaux auto réparables et être capable d'un
fonctionnement autonome prolongé avec des prises de décision indépendantes.
Tsahal n’a rien inventé. Il s’est inspiré de l’ouvrage de 1890 «The
influence of sea power on history» du contre-amiral américain, Alfred
Thayer Mahan, grand stratège de la guerre navale, qui avait mis en évidence les
avantages de la supériorité navale.
La différence essentielle entre un
sous-marin et un UUV est surtout économique. Pour assurer la sécurité maritime
des navires marchands israéliens dans les eaux internationales éloignées il
faut de nombreux sous-marins coûteux alors que la mise en place de plusieurs
UUV peut se faire à un prix abordable pour le budget de la défense israélienne.
Cette nouvelle technologie a remis en cause la nature de la guerre navale. Les
UUV sont peu coûteux, et si un UUV tombe en panne, il sera remplacé par un
autre sans nécessité de réparer immédiatement. Une panne technique ou un
dysfonctionnement à proximité de la rive ennemie ne mettra pas en danger des
combattants et ne nécessitera aucune opération de sauvetage humaine complexe.
L’UUV a une capacité offensive et
défensive. Il peut désactiver les ports ennemis, neutraliser les mines pour
ouvrir des voies aux sous-marins, détruire les installations d’énergie côtière,
attaquer les navires et sous-marins ennemis, et enfin briser les
infrastructures civiles sans risquer la vie de marins israéliens. Sur le plan
défensif, l’UUV limite le déploiement de sous-marins et détecte plus facilement
les dangers des éléments sous-marins habités ou non habités. Ces robots
permettent aussi l’utilisation de bouées reliées aux satellites pour communiquer
avec un système central de commande et de contrôle. L’État-major est donc
informé en temps réel de l’état militaire de l’ennemi, suffisamment pour
prendre des mesures adéquates rapides.
Dolphin |
C’est pourquoi les sous-marins ont
la charge de déployer des UUV pour compléter les moyens d’informations et de
surveillance de Tsahal. Ces robots sous-marins peuvent remplir d’autres
missions de reconnaissance au profit des sous-marins pour leur éviter
l’utilisation visible du télescope et pour limiter la vulnérabilité dans des
phases d’approche des côtes.
La furtivité fournie par le milieu
sous-marin pour les missions d'attaque et de collecte de renseignements a
augmenté l’intérêt des véhicules sous-marins sans équipage (UUV) aux yeux des
chefs militaires. Ces petits véhicules servent au lancement de missiles et au
transport d'espions mais surtout comme plate-forme de collecte de
renseignements. On imagine un essaim de petits UUV, chargés d'explosifs, entrant
dans un port ennemi et détruisant par surprise les navires de guerre amarrés. En
Israël, le milieu sous-marin est classé secret militaire comme l’industrie
nucléaire, ce qui rend difficile l’analyse des activités dans ce domaine. Mais
les informations puisées aux États-Unis donnent une idée du fonctionnement puisque
la collaboration avec la marine américaine est totale.
Tsahal avait nommé un haut officier à l'identité secrète chargé d'exécuter le plan directeur pour l'utilisation des UUV délivrés par la
marine américaine. L'une des missions consiste
à permettre à ces véhicules de rester immergés en continu. Contrairement à un
sous-marin habité, qui peut rester submergé pendant près de 40 jours, les UUV
peuvent actuellement être immergés pendant environ 30 jours. L'objectif est de
maintenir ces véhicules immergés indéfiniment. Un UUV armé dispose d’une
capacité de production d'énergie indépendante et il peut être rechargé à l'aide
de stations de rechange sous-marines. La technologie des stations de recharge
sous-marines est déjà à l’essai avec des accès sécurisés. Ces stations de
recharge ont un double rôle puisqu’elles peuvent également communiquer avec les
satellites et servir de relais pour extraire et transmettre les données de
renseignement accumulées par les UUV.
Une autre mission assignée aux UUV consiste
à neutraliser les mines sous-marines devant une force de navires de surface ou
de sous-marins habités. Une discussion animée sur le sujet des UUV a été menée
lors de la Conférence internationale sur les systèmes sans-abri israéliens de
2015, initiée par la Défense israélienne en novembre 2015, en coopération avec
la marine de Tsahal et l'Université de Haïfa.
La France est pionnière dans ce
domaine puisque DCNS travaille depuis plus de 10 ans sur le sujet. Le groupe
français, spécialisé dans les armes sous-marines, a conçu et testé plusieurs
systèmes d’UUV ainsi que des dispositifs de mise en œuvre et de récupération
prévus pour être intégrés sur un sous-marin. Son dernier drone sous-marin
multi-missions à grande autonomie, qui reprend la forme générale d’une torpille
lourde, avec une longueur de 5/6 mètres pour un poids d’environ 1 tonne. L’engin
se veut modulable, avec des parties dédiées à la motorisation, aux batteries, à
l’électronique et à la charge utile.
Si l’on s’inspire des États-Unis qui
utilisent des sous-marins pour des cyber attaques contre des cibles ennemies,
il est raisonnable de supposer que les UUV peuvent avoir les mêmes
objectifs pour perturber ou bloquer des systèmes informatiques et altérer des
données stockées.
Les services techniques de Tsahal travaillent à rendre les UUV indépendants sous la mer, sans être contrôlé à distance, en déterminant leur propre localisation, l'emplacement de la cible, en évitant les obstacles et en sélectionnant l'itinéraire qui convient le mieux à la nature de la mission. Les capacités de communication sous-marine sont en développement intense car les UUV fonctionnent dans un milieu non pénétré par des ondes électromagnétiques ce qui rend obsolètes les dispositifs de communication standard. Sous la mer, il s'agit d’ondes sonores et de leur propagation.
Les services techniques de Tsahal travaillent à rendre les UUV indépendants sous la mer, sans être contrôlé à distance, en déterminant leur propre localisation, l'emplacement de la cible, en évitant les obstacles et en sélectionnant l'itinéraire qui convient le mieux à la nature de la mission. Les capacités de communication sous-marine sont en développement intense car les UUV fonctionnent dans un milieu non pénétré par des ondes électromagnétiques ce qui rend obsolètes les dispositifs de communication standard. Sous la mer, il s'agit d’ondes sonores et de leur propagation.
Israël prépare donc une véritable
révolution avec l'introduction des UUV dans l'arène navale. Les sous-marins
habités assurent la dissuasion de la deuxième frappe en raison de leur capacité
à lancer de lourds missiles. Les UUV pourront fonctionner en continu sans
quitter le milieu sous-marin et offrir divers avantages en ce qui concerne les
aspects offensifs et de collecte de renseignements. La navigation, la
communication, les matériaux de pointe, la photographie sous-marine, la
transmission de données vidéo vers l'arrière et l'intégration des ressources de
réparation sous-marines dans l'UUV sont des fonctionnalités en cours de
développement pour la recherche marine, sinon déjà disponibles. La marine
israélienne a adopté cette révolution pour assurer une nouvelle configuration
défensive et offensive capable de faire face aux menaces futures.
2 commentaires:
Bravo! Bel article intéressant et tout à fait nouveau, du moins pour moi, humble profane.
Andre M
Tribune juive
Profane aussi.
Un gros gros casse-tête pour l'Iran, à la limite de des eaux territoriales....
J'aime que l'Iran aie des insomnies...
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