CLINTON ET TRUMP SE
RETROUVENT SUR ISRAËL
Par Jacques BENILLOUCHE
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Donald Trump et Hillary
Clinton divergent totalement sur la manière de conduire la politique internationale des États-Unis mais se retrouvent sur la même longueur d’onde dès qu’il s’agit
d’Israël. Trump est peu disert sur sa politique étrangère sachant que les
Américains s’y intéressent peu. Il laisse donc le soin à son entourage
d’expliquer sa position, donnant ainsi l’impression qu’il a peu de compétence dans ce
domaine. Or Trump n’est pas uniquement le comique troupier qui force le trait avec
ses dérapages verbaux. C’est sa technique de campagne et il est loin d’être
néophyte en matière de politique internationale laissant entendre qu’il
souhaiterait isoler les États-Unis du reste du monde. Clinton, en revanche, tient à
une présence américaine sur les tous les théâtres d’opération à l’étranger. Trump a montré
dans certains débats qu’il disposait d’arguments solides et qu’il analysait les conflits mondiaux d'une façon différente.
Hillary Clinton, au début
de sa campagne, n’avait pas voulu donner une place importante à la politique
étrangère. Les deux candidats avaient surtout axé leur campagne sur les affaires
intérieures en abordant les sujets classiques du port d’arme, de l’emploi et de
l’immigration. Elle pensait que les électeurs ne la jugeraient pas sur sa façon
de traiter le problème de Daesh et sur son habileté à gérer les relations avec le Japon
ou la Chine. Mais elle a opéré un virage lors de son discours du 2 juin à San
Diego où elle a décidé de rendre sa campagne plus agressive. Elle a martelé
qu’elle était la plus qualifiée pour être le commandant américain en chef et a abordé sa vision générale quant à la place
des États-Unis en tant que leader mondial.
Madeleine Albright née de parents juifs convertis |
Hillary Clinton se distingue de son
concurrent parce qu’elle tient à la présence des États-Unis dans le monde. Elle
parle avec l’expérience acquise en tant que Secrétaire d’État de Barack Obama. Mais
en ce qui concerne le Moyen-Orient, elle s’inspire plutôt de la politique
suivie par le président Bill Clinton pour que les États-Unis redeviennent le «gendarme
du monde». Elle le prouve en rappelant à ses côtés Madeleine Albright,
ancienne secrétaire d’État de son époux, qui a toujours prôné la nécessité pour
les États-Unis de s’ingérer dans les affaires du monde.
Donald Trump voit les choses
autrement en particulier au Moyen-Orient où il veut revoir les alliances, celle
avec l’Arabie saoudite en particulier. Son slogan «make America great again»
(Rendre sa grandeur à l’Amérique) montre sa nostalgie du temps où son pays était
respecté, puissant et capable d’agir partout dans le monde avec une industrie
américaine florissante. Ce serait une erreur de croire que Trump cherche à
enfermer son pays dans une tour d’ivoire mais il veut sélectionner ses amis et les
conflits auxquels les États-Unis doivent s’engager sans de foncer tête basse. Il
s’agit pour lui de responsabiliser ses alliés en se désengageant des théâtres
d’opérations pour n’intervenir que lorsqu’ils appellent au secours. Malgré ses
efforts, Hillary Clinton n’est pas parvenue à convaincre les Américains que les
États-Unis étaient indispensables au monde.
Hillary Clinton avec Abbas et Netanyahou |
Les
deux candidats se rejoignent sur le seul dossier des relations avec Israël
considérant que la politique d’Obama resterait comme une parenthèse
douloureuse. Ils tiennent à améliorer les relations avec un État allié considéré
comme stratégique au Moyen-Orient. C’est pourquoi ils ont affûté leurs
arguments sur ce terrain à l’occasion de la conférence du lobby pro-israélien Aipac.
Hillary Clinton avait affirmé : «Oui, nous avons besoin de constance,
pas d’un président qui dit qu’il est neutre le lundi, pro-Israël le mardi et on
ne sait pas quoi d’autre le mercredi parce que tout est négociable. La sécurité
d’Israël n’est pas négociable».
Donald Trump avait immédiatement riposté
devant le même auditoire en qualifiant son adversaire de «catastrophe
complète» : «Quand je serai président, il en sera fini des jours où l’on
traitait Israël comme un citoyen de seconde zone». Ses promesses ont été
au-delà de celle de Clinton puisqu’il s’est engagé «à reconnaître Jérusalem
comme capitale de l’État hébreu et à transférer l’ambassade américaine de
Tel-Aviv à la Ville sainte», ce que Bush avait déjà promis et jamais
réalisé. Il a aussi juré de «démanteler l’accord catastrophique signé entre
les grandes puissances et l’Iran sur son programme nucléaire. Obama est
peut-être la pire chose qui soit jamais arrivée à Israël».
Hillary
Clinton peut se targuer d’avoir contribué à rétablir l’image désastreuse de
l’Amérique au Moyen-Orient, laissée après la présidence de George W. Bush. Elle
prône «des visions différentes du leadership de l’Amérique dans cette région
et dans le monde». Elle a surtout accusé Trump d’avoir une «politique
étrangère potentielle qui insulte nos amis, ne collabore pas avec eux, qui
enhardirait nos adversaires sans les vaincre». Elle insiste pour une
solution à deux États au moyen de «négociations directes». C’est
d’ailleurs la même position affichée par Trump qui plaide pour un «accord
entre Israéliens et Palestiniens».
Les
Israéliens observent, pour l’instant, la campagne avec neutralité et il est
fort probable qu’ils ne feront pas l’erreur de prendre position officiellement pour
l’un ou l’autre des candidats comme ils l’avaient fait à la précédente élection.
Il est vrai que les deux candidats montrent beaucoup de sollicitude à leur
égard mais c’est ainsi dans toutes les campagnes électorales qui voient
toujours fleurir de nombreuses promesses.
2 commentaires:
Les blablabla sont aujourd'hui obsolètes. Du concret RIEN d'autre !
Que cela ne nous empêche pas de chanter :
"Jérusalem, Jérusalem, quitte ta robe de tristesse...
Toutes les nations marchent vers ta lumière
Et leurs rois passeront par tes portes...."
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