Radio Judaïques FM
FIN DE LA COLLABORATION SÉCURITAIRE
ISRAËL-PALESTINE
Jacques BENILLOUCHE
au micro de
Eva SOTO
Conseil central OLP |
Le Conseil Central de l’OLP a voté un texte comprenant
six points. Le premier point stipule que «Israël sera tenu responsable du
bien-être du peuple palestinien en tant que puissance occupante selon le droit
international». La résolution recommande aussi la «fin de la
coordination de la sécurité, sous toutes ses formes, avec les autorités
d'occupation israéliennes, à la lumière de son échec à respecter les accords
signés entre les deux parties».
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Oslo 1993 |
Il faut d’abord préciser que cette coopération
sécuritaire n’est pas une faveur unilatérale de la part de l’Autorité
palestinienne mais qu’elle découle des accords d’Oslo de 1993. Ces accords, ou
ce qu’il en reste, sont toujours en
vigueur et n’ont été révoqués par aucune
des deux parties. Il s’agit donc pour
l’instant uniquement d’une menace : Mahmoud Abbas, a déclaré que toutes
les options étaient sur la table, sans pour autant préciser ce qu’elles étaient. Tout cela est nébuleux. En effet, le Conseil Central de l’OLP doit réunir
son comité de direction pour mettre en application la décision, mais aucune
date de réunion n’est encore arrêtée. Par ailleurs cette requête doit être ratifiée
par le chef de l’Autorité palestinienne. C'est dire si nous sommes encore loin de l'application de cette décision.
Gesticulations
CPI à La Haye |
En fait cela entre dans le cadre des gesticulations palestiniennes habituelles en représailles aux décisions israéliennes de geler chaque mois plus de 120 millions de dollars de
recettes fiscales collectées et qui leur sont dues. Le recours à la Cour Pénale Internationale, consistant à porter plainte contre Israël pour crimes de guerre, entre dans cette stratégie. Les Palestiniens frappent à
toutes les portes internationales en attendant que l’une d’entre elles s’ouvre.
Il est vrai que l'accord de 1993 est très impopulaire auprès
de la population arabe mais c’est celui qui fonctionne le mieux, même s’il n’est
pas très visible aux yeux du citoyen lambda. Israël
observe la plus grande discrétion à ce sujet pour éviter que les Palestiniens ne soient
accusés de collaboration au sens péjoratif et pétainiste du terme.
Lourdes conséquences
Police palestinienne |
Un arrêt de la coopération aurait de lourdes
conséquences pour les deux parties car elle a permis de déjouer de nombreux
attentats contre Israël mais inversement des projets de troubles contre
l’Autorité. Cela se traduit concrètement par des rencontres à très haut niveau
entre officiels palestiniens et leurs homologues israéliens, qui échangent des
informations et qui facilitent aussi certaines opérations israéliennes ponctuelles
dans les zones sous contrôle exclusif des forces palestiniennes. Ces réunions créent des liens humains utiles. Israël en tire
des renseignements pour empêcher des attentats dans les territoires et à
Jérusalem-Est. Mais c’est à charge de réciprocité puisque l’Autorité a été
informée de tentatives de déstabilisation de la part du Hamas.
Intifada 2000 |
Instaurée par les accords d'Oslo conclus en 1993 entre
Israël et l’OLP de Yasser Arafat, cette coopération a toujours fonctionné sauf
pendant la courte période de la deuxième Intifada de 2000. Mahmoud Abbas l’a reprise graduellement parce
qu’il avait fait le choix de la négociation plutôt que de la lutte armée. Ces
menaces répétées d'abolir la coopération sécuritaire sont brandies pour
forcer l’ONU à définir un calendrier pour une solution en Cisjordanie et éventuellement
pour la reconnaissance d’un Etat palestinien.
D'ailleurs le Secrétaire
général des Nations Unies, Ban Ki-Moon a aussitôt exprimé sa préoccupation à la décision
prise par les dirigeants palestiniens et, fidèle à sa stratégie
habituelle, il a appelé la communauté internationale à faire pression sur Israël pour un
accord de paix.
En fait la
classe politique est sceptique sur la décision qui sera mise en œuvre car elle
signifierait alors la fin des accords d’Oslo. Les Palestiniens n'y croient pas eux-mêmes. Cette menace n’est pas prise au
sérieux mais elle doit être considérée seulement comme un avertissement car l’Autorité
n’est pas prête à ce changement majeur qui n’a aucun sens sur un plan
stratégique. C’est purement un slogan. Les Palestiniens ne peuvent pas
envisager de rupture tant qu’ils n’ont pas d’alternative économique. Leur économie est trop dépendante des Israéliens sauf à développer des échanges avec les pays arabes de manière significative pour traiter uniquement avec eux. Mais ce n’est pas demain la veille.
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