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samedi 1 mars 2014

SOMBRE AVENIR POUR L'UKRAINE Par Jean SMIA



SOMBRE AVENIR POUR L'UKRAINE

Par Jean SMIA

Marine russe à Sebastopol

Dans ma précédente chronique du 21 février, j'écrivais que Poutine attendait la clôture de Sotchi pour faire vrombir les moteurs de ses chars. La protection des russophiles ukrainiens étant une suffisante bonne raison que personne ne peut lui contester. Quelques nouveaux heurts, désordres et autres victimes ensanglantées et il faudra bien qu'une force armée vienne mettre fin à l'anarchie. Et cette force armée ne sera certainement pas l'Otan.



Légèreté européenne

Ce qui est particulièrement offusquant, c'est la légèreté avec laquelle les ministres européens ont agi en allant dicter leurs desiderata à Victor Ianoukovitch, sans envisager qu'ils étaient en train de s'adresser au représentant de Poutine en Ukraine, et que celui-ci ne pouvait accepter cette gifle sans répondre. Offusquantes aussi les postures triomphalistes de ces mêmes ministres au sujet du départ de Victor Ianoukovitch, se gargarisant de la force de persuasion de l' «unité européenne». Offusquant encore ce mutisme, devant les moteurs des chars qui s’échauffent, auquel on répond par un vague et hypocrite discours de naïfs pacifistes.

Lorsqu'on se propose d'aider quelqu'un, quelle que soit l'empathie qu'on lui porte, il faut d'abord s'assurer que, non seulement on a les moyens de l'aider, mais en plus il faut évaluer si les démarches envisagées ne sont pas contre-productives. (cf : la Syrie en plus de l'Ukraine). Or, se proposer d'aider un pays qui a plus de 35 milliards de dettes n'entre pas dans nos moyens actuels, mais à fortiori lorsque la destination de toute aide financière y est incontrôlable.
Se proposer d'aider un pays dont les citoyens rêvent de démocratie ne peut se faire qu’à très long terme : il suffit de constater qu'il ne dispose pas de partis politiques au sens où nous les concevons en Europe, car tous ses partis politiques ne sont que des lobbies. Tous les élus actuels sont en place par ce système, ces mêmes élus qui avaient accepté de l'argent en échange de leur vote contre Victor Ioutchenko et qui siègent toujours. Changer toute une nomenklatura politique sans qu'il y ait le moindre parti politique pour proposer un projet viable est impossible en quelques mois, même s'il y avait un assentiment de la Russie.
      Et tout cela n'est certainement pas un scoop pour nos affaires étrangères, non ?

Négocier avec les Russes


Une fois ceci évalué et constaté, n'aurait-il pas été plus approprié de négocier avec Poutine un autre avenir pour l'Ukraine ? Car Poutine, n’étant pas un fanatique de la corruption, est obligé de faire avec ce qu'il a. N'y avait-il pas un moyen plus constructif de faire miroiter les avantages que la Russie pourrait tirer d'une meilleure exploitation du potentiel des richesses ukrainiennes grâce à l'aide de l'Europe ?
N'importe quel apprenti diplomate pouvait prévoir qu'Odessa ne sera jamais un port pour l'Otan et le mot partition revient en écho dans certaines phrases. Partition hautement improbable : Poutine n'a pas laissé tomber son ami Assad ; il n'est certainement pas disposé à faire passer une partie de l'Ukraine en pertes et profits, alors que rien ni personne n'a les moyens de l'y obliger.
Il ressort de cette situation la solidité et la constance du soutien de Poutine à ses alliés en regard de la mollesse et de la versatilité des Européens et des Américains. Celui qui rend l'image d'un homme de parole qui tient ses engagements: c'est Poutine et d'aucuns l'ont proposé pour le Nobel de la Paix, ai-je entendu dire. Au point où nous en sommes... pourquoi pas ?
Il y aurait aussi Kim Jong-Un : il n'a jamais fait la guerre à personne, et en plus on sait où il est et on sait où il va, lui aussi.


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