ASSAD RENVOIE EN IRAN LE
COMMANDANT DU CGRI
Par Jacques BENILLOUCHE
Jawad Ghaffari |
Yassir Ahmed Daher et Hasan Yusuf, |
La question du rôle exact de Jawad Ghaffari a été posée car il ne figurait sur aucun organigramme iranien. En raison de sa mission critique en Syrie, son nom gardé secret était interdit de diffusion. Les renseignements israéliens en savent un peu plus à présent. Jawad Ghaffari, dont le nom d'origine serait Ahmed Madani, a combattu en Irak entre 1980 et 1988 aux côtés de Qassem Soleimani. Il a été nommé commandant de toutes les milices chiites en Syrie après que le général de brigade Hossein Hamadani a été tué près d'Alep en octobre 2015. Il était installé sur la base militaire de Ruqayyah, entre les villages de Jarrah et Tat à l'ouest du lac Al Jaboul, à 30 km au sud-est du centre-ville d'Alep et à 5 km au sud du district de Safira. Cette base militaire est également le lieu où sont stationnés les bataillons spéciaux «Sabireen».
Selon certaines sources confirmées par le commandant
militaire iranien Mohammad Bagheri, l'Iran y a lancé des activités de
production de missiles.
Les Gardiens de la Révolution |
Jawad Ghaffari s’était fait
connaître durant le siège d'Alep. En décembre 2016, les forces du régime
soutenues par la Russie et l'Iran avaient assiégé l'est d'Alep. Après des
négociations entre la Russie et la Turquie, un accord avait été trouvé pour
l'évacuation des opposants et des civils assiégés. Mais malgré l’accord, les
milices chiites sous son commandement ont tiré sur des convois d'évacuation,
tuant des dizaines de civils. C’est pourquoi, l’organisateur de cet attaque est
qualifié selon ses admirateurs de «libérateur» et selon l’opposition de «Boucher
d'Alep».
L’absence de Soleimani transforma
Ghaffari en figure clé de la Syrie. Il était en première ligne depuis le début
de la guerre après avoir noué des relations avec l'appareil militaire et
sécuritaire en Syrie. Il a poursuivi l’agenda de Soleimani. L'attitude rigide
qu'il a affichée lors de l'évacuation d'Alep en 2016 est également l'une des
caractéristiques qu'il partage avec son mentor. Les attaques des milices
chiites et la prise de Saraqib ont servi de messages de détermination pour
montrer qu'il n'y aura pas de déclin des intentions iraniennes.
Les chefs militaires et le Guide suprême |
Au cours de ses six années en
tant que commandant de la Force Qods du CGRI en Syrie, Ghaffari a supervisé les
principales étapes du combat. Il a participé à toutes les batailles, a aidé à
former les Forces de défense nationale en 2013 et était assez fort pour saboter
un accord entre les Russes et les Turcs pour évacuer les combattants de
l'opposition. Mais il était devenu un handicap dès lors que la guerre était pratiquement terminée. Le régime syrien et les Russes le
considéraient comme un fauteur de troubles qui n'était pas prêt à compromettre
son pouvoir et son influence à tout prix. La décision de le licencier avait été
prise trois semaines avant la visite à Damas du ministre des Affaires
étrangères des Émirats arabes unis, Abdullah bin Zayed. El-Assad a demandé
expressément aux Iraniens de rappeler Ghaffari s’ils voulaient «préserver
les liens solides entre les deux pays». Il a exigé que les Iraniens et
leurs alliés quittent complètement Damas. La décision d’Assad est contestée par
un clan qui exige du respect vis-à-vis d’un officier qui a fait beaucoup pour
la Syrie durant cette dernière décennie. Mais à l’opposé, la première dame Asma
el-Assad et le général Maher el-Assad, le frère cadet du président et
commandant de la tristement célèbre quatrième division, estiment que la guerre
est terminée et qu’il faut se préparer au processus de reconstruction pour une réconciliation
nationale.
L’Iran sacrifie l’un de ses commandants pour ménager ses relations avec la Syrie. Après dix ans de combats en Syrie, l’Iran n’acceptera pas que Damas sorte de «l’axe de la Résistance» mais l’on ignore les options à la disposition des Mollahs. On voit dans cette mise à l’écart de Ghaffari une volonté de désescalade pour maintenir ce qui peut être sauvé par les Iraniens en Syrie. Mais pour Assad, en éloignant le mauvais génie iranien, il cherche à renouer avec les pays arabes pour conforter sa survie.
1 commentaire:
J'ai une impression de deja vu. Sadate, en 1973, avait exige le rapatriement de tous les conseillers sovietiques. Puis il declencha la guerre de Kippour. Le "renvoi" det Iranien pourrait etre une copie conforme ou les Syriens, les Libanais (Hezbollah), les Chiites de toute espece et meme les Russes (groupe Wagner par exemple) declencheraient une attaque pour recuper le plateau du Golan, ou meme conquerir quelques villages a l'interieur d'Israel.
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