LA
PAUVRETÉ EN ISRAËL EST UNE RÉALITÉ
Par Jacques
BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps
Des pauvres ramassent des restes au Souk Hacarmel de Tel-Aviv |
La pauvreté en Israël est une
réalité de la politique ultra libérale de Benjamin Netanyahou. Oui, la nation
hightech détient le record de la pauvreté parmi les pays de l’OCDE. Et cela est
véritablement un paradoxe car on entrevoit toujours Israël à travers le prisme
d’une réussite économique et d’une armée de haute technologie. A chaque
élection législative, les promesses des candidats, prêts à tout pour se faire
élire, pleuvent sur les électeurs avec un culot désespérant. C’est le cas de Moshé
Kahlon et d’Elie Elalouf de Koulanou qui ont caressé le monde francophone dans
le sens du poil ce qui a permis à leur nouveau parti d’atteindre les 10
députés, sans résultat notable. Or la pauvreté ne touche plus uniquement les populations arabes et
juives orthodoxes mais l’ensemble du pays.
La queue pour la distribution de vivres |
Depuis l’élection législative de 2015, rien n’a été fait pour améliorer le sort des
défavorisés, tant en ce qui concerne le coût de la vie que celui du logement qui
pénalise les jeunes couples incapables de se loger et contraints de s’expatrier
à Berlin. Les prix de l’immobilier augmentent avec le prix des locations qui,
selon la région tournent au minimum autour de 5.000 shekels (1.200 euros) à 8.000 shekels par
mois pour des salaires qui stagnent à 5.500 shekels (1.300 euros). D’ailleurs, les premières
victimes sont les immigrants de France qui arrivent avec le cœur léger et qui ne
parviennent pas à boucler leurs fins de mois. Cela explique d’ailleurs les
retours de plus en plus nombreux vers la France et la baisse de l'alyah. Les prix des denrées
alimentaires et des logements dépassent de 30% ceux de Paris.
Gilles Darmon |
Mais fait
plus grave, un million d’enfants et 1,3 million d’adultes israéliens vivent
dans la pauvreté avec des ressources de moins de 3.000 shekels par mois (720 euros).
Leur situation risque de s’aggraver avec les hausses de tarifs planifiées en
2019. Cette image sombre n’est pas véhiculée par des ONG "antisionistes" mais d’organisations
israéliennes, engagées contre la misère, comme Latet (donner) présidée
par Gilles Darmon, et dirigée par Eran
Weintraub. Parmi les personnes âgées pauvres, la situation se détériore ;
92% d'entre elles ont une pension insuffisante et les deux tiers n’ont pas les
moyens de payer leurs frais de santé. Un
rapport de l'OCDE indique qu'environ 21% des Israéliens vivent sous le seuil de
pauvreté, plus qu’au Mexique ou qu’en Turquie. Les taux les plus bas de
pauvreté ont été enregistrés en République tchèque et au Danemark.
Les
hausses de prix planifiées en 2019 vont aggraver la situation en particulier
celles de l’électricité, de la nourriture et de l’eau. Le taux de change du
shekel par rapport au dollar et à l’euro est aussi en cause tandis que la Banque d'Israël s'entête à ne pas le modifier. L'Autorité de l'électricité a annoncé que les
tarifs augmenteront de 4,5% à 8,1%. En moyenne, les factures d'électricité
augmenteront donc de 6,5% ce qui toucherait les personnes âgées qui
hésiteraient à se chauffer à l’électricité. Les prix de l’eau augmenteront de 4,5%
en raison des investissements dans les infrastructures hydrauliques pour
pallier la sécheresse. Les taxes municipales augmenteront de 2%. Les prix des
produits alimentaires sont aussi prévus à la hausse selon la société Osem qui
voit ses matières premières se renchérir à l’importation. Les fournisseurs de
service de téléphonie prévoient aussi une hausse de 10% des forfaits.
Kahlon et Elalouf |
Les
solutions simples existent pourtant mais elles ne sont pas appliquées. La plus
immédiate serait la baisse de la tva pour les produits alimentaires de 17% à
7%. Cette baisse de 10% donnerait un coup de pouce de 500 shekels par mois pour
le panier de la ménagère et pour les plus pauvres. Mais le gouvernement s’oppose face à l’argument du
sacro saint besoin de financement de la défense. Il lui suffit pourtant d’augmenter
la tva pour les produits non alimentaires de 17 à 20% comme en France. En
échange de la baisse du prix du sucre, de la farine, du yaourt et de l’huile,
les acheteurs de 4x4 n’auront aucun mal à payer 9.000 shekels de plus pour leur
bolide. Il y aura ainsi une compensation totale et le gouvernement, ni la défense nationale, ne seront pas
lésés.
La
baisse des prix de l’alimentaire pourrait aussi intervenir si les autorités
libèrent l’installation en Israël de grandes marques étrangères qui
appliqueraient des prix compétitifs et s’opposeraient aux monopoles des importateurs
israéliens qui gonflent leurs marges.
Enfin
une promesse importante de Kahlon n’a
jamais été tenue. Il avait promis de mettre à la disposition des promoteurs d’État
des terres domaniales pour la construction de logements sociaux. Le prix du
terrain représentant souvent 30% du prix d’un appartement, les logements
deviendront plus accessibles aux jeunes couples, bien sûr sous conditions de
ressources.
Alors,
sentant le danger, le chef de Koulanou s’agite sur les réseaux sociaux pour vanter
les résultats de son mandat, des résultats totalement nuls car il n’a jamais montré
d’indépendance vis-à-vis de Netanyahou pour imposer ses projets. Il a accepté
un ministère où il est bridé et où il ne peut pas exprimer concrètement ses
options. Elie Elalouf, de son côté, n’a rien pu faire comme député à la Knesset ; il a été
placé à la tête d’une commission qui, comme toutes les commissions, discute à l’infini
sans effet concret. Ils se seraient glorifiés en quittant un gouvernement qui
les a gardés dans un placard doré. Les électeurs s’en souviendront.
Israël
attend son sauveur, celui qui réglera à la fois les problèmes économiques et
les problèmes sécuritaires. Des pistes sont certes ouvertes mais elles ne sont
pas encore concrétisées car tous les politiques attendent que la justice écarte
Netanyahou de la gouvernance donnant l'impression qu'ils manquent de charisme pour le
remplacer.
Les
Israéliens sont des gens disciplinés car ils mettent au-dessus de toutes les
préoccupations la sécurité du pays. Ils ne sont pas violents ni amateurs de
manifestations. Depuis 2011 et malgré les coups de massue économiques, ils ne
bronchent pas, sont résignés et se terrent pour certains dans leur misère. Pourtant eux au
moins sont éligibles aux Gilets jaunes.
7 commentaires:
Certes les israéliens ne sont pas violents et subissent les aléas de la misère en se taisant. Néanmoins il se pourrait qu’ils prennent appui sur l’exemple de la France et des gilets jaunes. Une deuxième manifestation aura lieu samedi soir à Tel-Aviv. Les appels à manifester se font nombreux et comme en France envers Macron , les panneaux « Netanyahou démission » fleurissent. Si les autorités ne souhaitent pas de débordements, ils devraient tenir compte de ce mouvement et faire le nécessaire pour annuler les augmentations et taxes prévues avant qu’il ne soit trop tard et que la rue se déchaîne.
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes. » Kennedy
"Prenez garde aux larmes des pauvres, les poignards sont doux à côté." Pierre Perret
Je partage totalement votre point de vue sur cette catastrophe sociale en Israel.
Il est vrai que la politique ultra libérale de Natanyahou en porte une large responsabilité. Je ne pense pas qu'il y'ait eu malveillance mais volonté de mettre en oeuvre rapidement -trop?- une politique économique sortant du carcan sclérosé d'un pays socialisé et bureaucratisé à l'excés, fruit d'une époque révolue.
Il faut aussi prendre en considération le fait qu'Israel est entre les mains de puissantes familles détenant sociétés dans les domaines de la banque,des assurances, de la communication.. etc ..qui empechent toute concurrence sérieuse menaçant leurs monopoles et ententes défendus par eux becs et ongles.
Pour rappel la ministre de Natanyahou a l'époque Limor Livnat qui avait convoqué un patron d;une grande société de communication l'obligeant sous la menace à casser ou réduire ses tarifs.
A ce jour le juste équilibre n'a pas encore ete atteint.Mais l'est-il dans un pays comme la France sans provoquer d'autres problémes?
Le social est préoccupant en Israel.
Il y va de l'avenir du pays s'agissant entre autres fractures de la défense si l'armée populaire est composée à un trop grand nombre de soldats d'un bas niveau.
Or le niveau éducatif fait aussi la force dune armée moderne face à nos bruyants ennemis .
La directrice de la philanthropie du FSJU, une jeune femme formidable de très haut niveau, est revenue émue aux larmes de ce qu’elle a vu en Israël en termes de pauvreté. Mais elle n’a pas les armes politiques pour casser cette politique néfaste actuelle.
C’est un problème majeur qui a des implications sur l’avenir du pays : immigration, émigration etc.
Comme sur toute la planète bleue - Cette pauvreté est générée par la maladie, l'ivrognerie, la drogue et la paresse !
C’est de l’humour noir, M. Brami, j’espère. Je connais beaucoup de gens dignes se battent et qui sont en difficulté financière.
Enregistrer un commentaire