LA RUSSIE
EN MÉDITERRANÉE
Ancien Ambassadeur
|
Marins russes à Tartous |
L’annonce
du retrait des forces russes envoyées en Syrie est, a priori, une bonne
nouvelle. Il ne faut toutefois pas croire à un départ massif, voire total. La
formule du président Poutine rappelle celle qui suscita tant de discussions en
1967 lors de l’adoption aux Nations Unies de la résolution 242 dont l’original
anglais prévoyait «the withdrawal of
Israel armed forces from territories» tandis que la
traduction officielle française réclamait le «retrait des forces armées
israéliennes des territoires
occupés», c’est-à-dire de toute la Palestine revendiquée par l’OLP. Astucieux,
mais malhonnête.
|
Statue équestre de Pierre Ier à Saint-Pétersbourg |
De longue
date, la Russie a cherché à s’implanter en Méditerranée. Il y a trois siècles
déjà, des Monténégrins furent chargés par Pierre le Grand de former les marins
à Kronstadt pour la défense de Saint-Pétersbourg qu’il venait de fonder. Un
siècle plus tard, ce fut au tour des Russes de venir soutenir la petite
république adriatique envahie, occupée par les troupes de Marmont, futur duc de
Raguse, de Molitor, de Lauriston.
Au XIXe
siècle, la guerre de Crimée fut l'un des avatars de ces expéditions russes pour
s'assurer cet accès méditerranéen, comme aussi, indirectement, le développement
du «Quartier russe» à Jérusalem. Dans les années 1970, alors que la
Yougoslavie titiste continuait officiellement de tenir à l’écart l’URSS, on
pouvait voir des navires de guerre soviétiques en carénage à Tivat, dans les bouches
de Kotor.
Après
la Seconde Guerre mondiale et les premiers soubresauts du monde arabe, Moscou
trouva auprès d’une Syrie fraîchement indépendante une nouvelle possibilité de
franchir les Dardanelles. Ce fut le port de Tartous. Fin 1987, lors de sa visite
à Jérusalem, le Premier ministre Jacques Chirac avait accepté la demande des
frères ennemis Shimon Pérès et Yitzhak Rabin d’envoyer un bâtiment de guerre à
Haïfa.
|
Frégate Suffren |
Il fallut plusieurs années avant que ce projet prît forme. La Marine
choisit la frégate anti-engins Suffren, mais le Quai d’Orsay exigea une escale
préalable précisément à Tartous où la marine russe était déjà présente. Comme
cela avait été le cas lors de la venue de la Patrouille de France à Tel Aviv
début mai 1989, coïncidant avec la visite de Yasser Arafat à Paris au jour de
commémoration de la Shoah, aucune autorité militaire israélienne ne jugea
opportun de faire le déplacement de Haïfa.
|
Condoléances de Chirac au fils Assad |
Ces
dernières décennies, la politique arabe de la France au Proche-Orient s’est
essentiellement appuyée, y compris par d’importantes fournitures d’armements,
sur les États «laïcs» : Syrie, Irak, Libye. Temporisant au sujet de
sa présence aux funérailles du roi Hussein de Jordanie ou de l’israélien Rabin,
le président Chirac avait été le seul représentant occidental à se rendre à
celles de Hafez el Assad. Et, sans parler du pays de Saddam Hussein, on constate
aujourd’hui les résultats de notre intervention contre Kadhafi.
1 commentaire:
Pour qui l'annonce du retrait des forces russes serait-elle une bonne nouvelle ? Sans doute pour les moudjahidins et autres djihadistes de Syrie mais certainement pas pour les habitants de ces centaines de localités libérées par les Russes et où la vie reprend depuis.
Cordialement.
Enregistrer un commentaire