L’OCCIDENT ORGANISE L’ASSAUT ÉCONOMIQUE SUR
L’IRAN
Par Jacques BENILLOUCHE
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Les puissances occidentales n’ont
pas perdu de temps pour décider l’assaut économique sur l’Iran alors que l’accord
n’est pas encore paraphé par le Congrès américain. Barack Obama se méfie pourtant d’un
Congrès qui pourrait contrer son projet, d’autant plus que Benjamin Netanyahou
est à la manœuvre pour obtenir son rejet car, selon lui, «l’accord nourrit la machine de la terreur iranienne».
L’administration américaine a
adressé aux membres du Congrès le texte détaillé de l’accord. Obama a menacé d'exercer son
droit de veto si le Congrès rejetait un texte qui, selon son administration, freine le
programme nucléaire de l'Iran tout en assouplissant les sanctions économiques.
Le rejet de l’accord impose cependant une majorité des deux tiers de la Chambre des représentants et du Sénat. Ce
rejet ne serait possible que si, en plus de la totalité des membres
républicains, les représentants démocrates seraient assez nombreux pour
manifester une forte opposition.
Obama au golf avec un Républicain |
Le président Obama a
décidé d’aller au charbon en utilisant des méthodes inhabituelles aux États-Unis.
Il a en effet invité trois membres influents démocrates à le rejoindre à un
week-end de Golf. Ainsi, Joe Courtney du Connecticut, Ed Perlmutter du Colorado
et John Yarmuth du Kentucky ont accepté l’invitation. De son côté Benjamin Netanyahou, interrogé
par la chaîne de télévision CBS, n’a pas suivi les recommandations de son
Cabinet de Sécurité visant à ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures
américaines : «Je pense que la bonne chose à faire est simplement de mettre
fin à temps à cette affaire. Il y a beaucoup de choses à faire pour arrêter
l'agression de l'Iran, et cet accord n’est pas l’une des solutions».
Ash Carter avec le ministre de la défense Yaalon |
Le Secrétaire américain à
la Défense Ash Carter, a été mandaté d’urgence en Israël pour expliquer la
position américaine : «Je ne vais pas changer l'esprit de quiconque en
Israël ce qui n’est pas le but de mon voyage. Des amis peuvent être en
désaccord, mais nous avons des décennies de coopération solide comme le roc
avec Israël». Mais Israël n’est pas le seul pays à devoir être rassuré. Carter
se rendra en tournée en Jordanie et en Arabie Saoudite, les deux pays arabes
sunnites les plus inquiets de l'influence iranienne au Moyen-Orient.
De son côté, le président
Hassan Rohani persiste à affirmer que son programme de recherche n'a pas pour but de
développer des armes nucléaires. Comprenant les inquiétudes de ses voisins, il
a insisté sur l’intérêt de l’accord qui «conduirait à des relations plus
étroites avec les voisins du Golfe» tandis que le guide suprême Ali
Khamenei usait de déclarations contradictoires. Netanyahou est
plus sceptique : «Les Iraniens ne
cachent plus le fait qu'ils vont profiter des centaines de milliards qu'ils
recevront par le biais de l'accord pour armer leur machine de la terreur. Et ils disent explicitement qu'ils vont
continuer leur lutte contre les États-Unis et leurs alliés, Israël bien sûr
avant tout».
Sigmar Gabriel à Téhéran |
Les Allemands ont été les
premiers à s’engouffrer dans l’ouverture autorisée par le États-Unis. Il
s’agissait pour eux de montrer la volonté européenne de reconstruire les liens
économiques avec l’Iran, rompus pendant 12 ans en raison des sanctions. Ils
n’ont pas perdu de temps. Ainsi le ministre allemand de l’Économie, Sigmar
Gabriel, a pris la tête d’une délégation économique qui vient de se rendre à
Téhéran. Le ministre allemand justifie son voyage de trois jours en précisant
au journal Bild qu’il a l’intention d’user de son droit de médiation pour convaincre
le gouvernement iranien de reconnaître l’État d’Israël : «De bonnes
relations avec l'Allemagne ne pourront se développer que si cela est accepté
par la politique iranienne». Mais une reconnaissance israélienne est fort
improbable dans l’état actuel des rivalités internes entre «modérés» et
conservateurs en Iran.
Le Premier ministre britannique David Cameron y voit
plutôt un intérêt pour le conflit syrien
puisque l’implication de l’Iran est forte pour sauvegarder le régime de Bachar
Al-Assad : «Nous ne devrions pas être naïfs en aucune façon sur le
régime auquel nous avons affaire».
Usine nucléaire de Fordo |
L’un des points qui inquiètent les opposants à l’accord
reste l’insuffisance des moyens de contrôle du programme nucléaire iranien.
John Kerry, Secrétaire d’État, qui a été l’un des instigateurs de l’accord,
justifie à Fox News les raisons qui poussent les Iraniens à exiger un délai
avant tout visite des inspecteurs de l’AIEA : «Le fait est que, dans le
contrôle des armes, il n'y a aucun pays partout sur cette planète qui accepte
ces contrôles n'importe où et n’importe quand. Ce ne sont pas les normes et il
n’existe pas de telles normes dans les inspections de contrôle des armements».
Toutes les
délégations économiques mondiales vont à présent se ruer sur le sol iranien
pour prendre part à la plus grande libéralisation d’un marché depuis la chute
du mur de Berlin. Cet accord va pousser les délégations économiques occidentales
à déferler sur l’Iran. Ce pays de 80 millions d’habitants, délaissé en raison
des sanctions, aiguise les appétits européens.
Porsche Cayenne |
Mais le retour des sociétés
étrangères n’est pas du bon goût de tous les Iraniens qui s’inquiètent déjà de
la concurrence. En plus des ultra-conservateurs, les patrons d’usines et les
dirigeants d’entreprises, qui avaient développé de nombreuses structures
industrielles locales, voient d’un mauvais œil l’arrivée potentielle de
nouveaux concurrents redoutables sur le marché. Des réseaux de contrebande, qui
s’enrichissaient au passage, permettaient jusqu’alors l’introduction de tous
les produits de haute technologie comme les Ipad et Iphone. Les Porsche Cayenne,
au prix trois fois supérieur au prix en Europe, sont visibles en grand nombre
dans les rues de Téhéran. Toute une activité souterraine est subitement
menacée.
Les Iraniens
avaient trouvé la parade aux sanctions internationales grâce à un système de
troc utilisant les banques en Turquie ou à Dubaï, pour vendre leurs produits
aux Asiatiques. Aujourd’hui, les étrangers risquent de tout rafler sur leur
passage. De nombreux témoins expliquent que les Américains envahissent déjà depuis
plusieurs mois les grands hôtels à Téhéran pour préparer leur retour. Ainsi les
représentants de General Motors s’affichent ouvertement avec leur pancarte «GM:
We are back». Des représentants de
Glencore, géant du négoce américain et groupe
international de marketing et de production intégrée de matières premières,
sont à présent sur le pied de guerre. Des diplomates commerciaux et des
représentants d’une vingtaine d’entreprises suisses se sont rendus à Téhéran.
Une délégation officielle a été emmenée par Livia Leu, ancienne ambassadrice de
Suisse en Iran et actuelle directrice du département des Relations économiques
bilatérales.
Les Iraniens
devront dorénavant se frotter à la concurrence étrangère alors que les
sanctions leur laissaient le marché libre local. D’autres dirigeants iraniens,
plus optimistes, estiment que la fin des sanctions permettra le développement
des ventes de produits pétroliers. Le commerce du pétrole et des produits
dérivés pourrait atteindre les chiffres d’avant 2012 de 250 milliards de
dollars contre 120 aujourd’hui.
Les banques occidentales seront les plus réticentes à
renouer avec l’Iran. Toutes ont quitté Téhéran le jour où BNP Paribas s’est vue infliger une amende de 8,9
milliards de dollars par la justice américaine pour avoir violé l’embargo qui
frappe le pays.
Peugeot en Iran |
La France n’avait pas attendu la signature de l’accord
pour envoyer ses patrons en Iran. S’il n’a jamais été interdit de commercer
avec l’Iran, le régime de sanctions internationales a rendu quasi impossible
tout transfert de fonds vers et en provenance de la République islamique.
Désormais, l’Iran détenant les deuxièmes réserves de gaz du monde et les
quatrièmes réserves de pétrole, la perspective d’un accord définitif aiguise
l’appétit des investisseurs étrangers, notamment pour ce qui concerne le
secteur des hydrocarbures, de l’automobile, des infrastructures, du transport
aérien, mais aussi de l’eau, vital pour l’Iran.
Mais il n’est pas impossible que l’Iran lui-même
soit un obstacle à une arrivée en masse
des investisseurs étrangers. L’économie iranienne, au trois-quarts étatisée, est
administrée de manière forte par des organismes religieux et militaires qui ne
tiennent pas à perdre leur influence et leurs privilèges. Mais les Occidentaux
misent sur une équipe gouvernementale la plus libérale sur le plan économique
depuis la Révolution islamique. Les entreprises
françaises vont tenter de reprendre leur place en Iran.
Les Occidentaux ne visent pas uniquement le marché
iranien. L’accord sur le nucléaire a généré des peurs parmi les pays arabes
sunnites qui sont contraints de se lancer dans une course aux armements au
bénéfice des industries militaires. La
Grande Bretagne a prévu de reprendre la vente d’armes, de radars militaires et
de véhicules blindés à Israël pour l’aider face à l’Iran. Dassault Aviation a
livré le 20 juillet à l'Égypte les trois premiers Rafale. Ces trois avions de combat, qui font partie
d'une commande de 24 unités, ont pour but d’assurer une défense militaire de
l’Égypte contre le voisin iranien. L’accord pourrait de même pousser le Qatar à
signer un contrat de 24 avions.
Rafales |
L’accord sur le nucléaire fait donc le bonheur des
Occidentaux mais pas pour les raisons stratégiques et militaires qui ont été
soulevées, mais uniquement pour un intérêt économique au profit des économies
occidentales. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères français
envisage de se rendre lui-aussi rapidement en Iran avec plusieurs chefs
d’entreprise. Avant les sanctions, en 2004, les échanges commerciaux entre la
France et l'Iran se montaient à 4 milliards d'euros. En 2013, ils étaient
tombés à 500 millions d'euros. Les entreprises françaises ont donc d'énormes
intérêts commerciaux à défendre en Iran. Le pays paria pendant une décennie est
devenu le pays où il faut bien se montrer.
De bonnes opportunités s’ouvrent pour les entreprises
françaises. L’objectif de la France est de retrouver sa deuxième place en Iran
derrière l’Allemagne, comme avant l’embargo. Prévoyant la signature de l’accord,
de nombreux dirigeants français avaient commencé à prospecter en attendant le
feu vert américain. La France avait complétement disparu de la scène iranienne.
Peugeot vendait 450.000 voitures avec à la clef des milliers d’emplois. Aujourd’hui
toutes les infrastructures iraniennes sont à reconstituer parce qu’elles sont obsolètes.
Avec l’accord sur le nucléaire, Alstom, Total, Peugeot, Renault et Airbus vont se réinstaller
ainsi que de nombreuses PME. La guerre économique va être totale contre les
Allemands mais aussi contre les Chinois, les Japonais, les Turcs et les Indiens
qui ont profité de l’embargo pour gagner des parts de marché.
On voit ainsi que les problèmes nucléaires iraniens ne sont plus
la préoccupation des pays occidentaux. L’Occident se prépare à l’assaut économique
sur l’Iran. Les inquiétudes d’Israël n’entrent plus dans le schéma stratégique
mondial face aux millions de dollars qui devraient pleuvoir de la manne pétrolière iranienne.
5 commentaires:
Ca me rappelle le grand Audiard... "Quand les types de 130 kilos disent certaines choses, ceux de 60 kilos les écoutent."
Passionnant et très riche en infos....comme toujours. Merci Jacques.
Les capitalistes nous vendrons la corde avec laquelle nous les pendrons LENINE
Étonnant de voir que les investisseurs étrangers et la France notamment jouent sur tous les tableaux : profiter de la libéralisation du marché iranien pour leur vendre nos produits et dans le même temps profiter de la peur suscitée par l'accord dans les pays sunnites et leur vendre des armes et des avions !!
Grande hypocrisie des pays dits democrates qui nous font croire qu ils signent des accords avec l iran pour le bien de la planète !!!nos pays usa europe etc.. Sont les initiateurs des guerres ils vendent des armes pour remplir leurs caisses et se faire elire
Qu importe comment vient l argent !!!et sur le dos de qui ou de quel pays cet accord se fait !?!!
Quel monde corrompu laissons nous a 'os generations???? Obama l europe la russie etc ne pensent qu en interets financiers jusqu au jour ou l interet financier deviendra un chantage ideologique dangereuc pour la democratie
Voir et lire Eurabia et comment le quatar qui alimente la france en finances exige de ce pays un retour en echange favoriser l islam!?!!! Et faire des pressions sur israel voir les gesticulations du plan Fabius!!!!
Qui est le dindon de la farce iranienne nous le saurons plus tard!!!!
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