LE HEZBOLLAH VEUT IMPOSER AU LIBAN UNE
CONSTITUTION À SA MESURE
Par Jacques BENILLOUCHE
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Parlement libanais |
Le Hezbollah se substitue à la Syrie pour s’inviter à
l’élection présidentielle libanaise en cherchant à imposer ses vues. Le Liban,
en perdant son autonomie, est devenu un satellite de l’Iran, par milice
islamique interposée. Le parlement libanais doit élire un nouveau président au terme du mandat de Michel Sleiman. Mais pour
la troisième fois, l’élection a été reportée, la dernière au 15 mai en raison d’une absence
de quorum. Une partie des députés a en effet boycotté le vote.
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Le général Kohavi chef du commandement nord |
Il est évident qu’Israël suit avec attention une évolution qui peut modifier l'équilibre dans la région et qui a entraîné
d’ailleurs une réorganisation de Tsahal à la frontière avec le Liban. L’ancien
chef des renseignements militaires vient de prendre la direction du front nord.
8 et 14 mars
La vie politique libanaise
s’articule autour de deux grands mouvements incluant chacun une dizaine de
mini-partis. L’Alliance du 14-Mars est une coalition politique
regroupant les personnalités et mouvements politiques qui ont pris part à la
Révolution du Cèdre suite à l’assassinat, le 14 février 2005, de l’ancien premier
ministre Rafic Hariri. Ces forces, qui
intègrent en particulier la majorité des partis chrétiens, constituent l’opposition à l’hégémonie syrienne sur le
Liban.
L’Alliance du 8 Mars s’est constituée par opposition à celle du 14 mars. D’obédience
communautaire, elle comprend les partis
chiites, dont le Hezbollah, le parti chrétien du général Aoun, les partis
sunnites, les partis islamiques, le parti alaouite et, étonnement, le parti
druze de Walid Joumblatt qui a toujours combattu ses nouveaux alliés.
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Le gouvernement libanais |
Le Hezbollah, qui est devenu
une force militaire incontournable aux moyens matériels supérieurs à ceux de l’armée
libanaise, a acquis une grande influence politique au sein de l’alliance du 8
mars. Par intérêt politique et par stratégie dictée par l’Iran, il a décidé de
plomber l’élection présidentielle en désertant le parlement où a lieu
l’élection. Il veut remettre en cause la Constitution du Liban adoptée le 23
mai 1926 et modifiée à la suite de l'Accord de Taëf du 23 octobre 1989. Elle
prévoit un système multiconfessionnel sur la base d’une troïka mise en place pour
que le contrôle du pays soit assuré par trois dirigeants issus des trois
confessions majoritaires du Liban : président maronite, premier ministre
sunnite et président de l'assemblée chiite.
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Défilé du Hezbollah |
Cette répartition du pouvoir
où le Hezbollah est exclu ne lui convient plus. Son objectif à présent reste la
déstabilisation du gouvernement et à
fortiori celle du pays. Il s’agit pour lui de s’opposer par tous les moyens à
une éventuelle élection du chrétien Samir Geagea, chef des Forces Libanaises, soutenu
par le leader des Kataëb, Amine Gemayel. Les islamistes jouent la montre car
ils ont intérêt à ce que les délais imposés par la Constitution soient
dépassés. Si l’élection n’intervient pas avant le 25 mai, l’article 62 de la
Constitution donne au gouvernement des compétences présidentielles en cas de
vacance. Le Hezbollah y voit un moyen d’influer sur le cours politique puisque
ses amis participent au gouvernement actuel formé le 14 février 2014.
Terre brûlée
Dans le cadre d’une stratégie de terre brûlée pour gêner toute évolution politique, le Hezbollah organise en fait le vide politique au Liban pour mieux tirer les ficelles. Il avait pourtant le moyen d’influer sur le cours de la politique en appuyant la candidature du général chrétien Michel Aoun dont il est devenu l’allié. Ce général montre d’ailleurs que la morale en politique n’existe pas puisqu’il a été longtemps un fervent opposant à la Syrie, en particulier durant son exil à Paris, pour en défendre ensuite les intérêts. Les milices islamiques ne font que se conformer aux exigences de la Syrie mais surtout à celles de l’Iran.
L’Histoire a déjà démontré
que le Hezbollah pouvait tirer le meilleur profit de chaque crise ouverte
libanaise. En 1988-1990 il avait obtenu une refonte complète des pouvoirs du
président avec l’accord de Taëf qui remettaient les chiites dans le circuit
politique. La présence syrienne au Liban, dénoncée par la communauté
internationale et l'opposition libanaise, a été légalisée en 1989 par cet
accord.
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Accord de Doha |
De même la crise de 2007-2008 après le mandat du président Lahoud
avait entrainé l’accord de Doha qui a renforcé le Hezbollah et consacré une
fracture entre chiites et sunnites. Il prévoyait notamment la mise sur pied d'un gouvernement
d'union nationale de 30 membres, dont 16 pour la majorité et 11 pour l'opposition
composée des deux partis chiites Amal et Hezbollah et du Courant patriotique
libre du chrétien Michel Aoun. L’opposition a obtenu la minorité de blocage
qu'elle réclamait mais pas un poids suffisant pour influer sur la politique du
pays.
Refus de
la situation minoritaire
En laissant pourrir la
situation actuelle, le Hezbollah espère augmenter son influence au Liban au
sein du pouvoir exécutif. Il ne se contente plus de sa situation minoritaire. En
fait il veut casser la répartition paritaire du pouvoir entre chrétiens et
sunnites pour obtenir un système communautaire équilibré où les chiites auront
leur véritable place : trois tiers réservés aux chrétiens, aux sunnites et
au chiites. Ces derniers occuperaient alors un pouvoir nettement plus important
dans l’exécutif aux côtés des maronites et des sunnites.
Le président actuel Michel
Sleiman a bien sûr compris la finalité du Hezbollah qui semble prêt à provoquer
le chaos pour éviter une solution démocratique à son détriment. Alors aux
oubliettes Taëf et Doha et en marche vers la nouvelle constitution prônée par
le Hezbollah. Il s’agit de créer une vice-présidence attribuée d’office à un
chiite pour contrebalancer la présidence réservée à un chrétien, et le chef du
gouvernement à un sunnite. Le Hezbollah
voudrait se doter, avec la vice-présidence, d’un rôle constitutionnel pour contresigner
les lois et les décrets ou les bloquer, pour remplacer le président en cas
d’absence ou d’incapacité. Une perspective très envisageable dans le pays où
les attentats à la voiture piégée contre les dirigeants actifs sont légions.
Dans
ce nouveau projet, le Hezbollah exigerait par ailleurs le commandement en chef
de l’armée habituellement réservé à un maronite avec à la clef une intégration
des milices islamistes au sein de l’armée. Le noyautage islamique serait ainsi
définitivement réalisé avec pour conséquence la mise sous tutelle de l'armée, le contrôle militaire du Sud-Liban
et la création d’un nouveau satellite de l’Iran à la frontière avec Israël.
L’Iran
en toile de fond
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Général Yahya Rahim Safavi |
Le Hezbollah ne cache plus
ses ambitions pour phagocyter un Liban face à la passivité totale des
Occidentaux, occupés avec l’affaire de l’Ukraine, qui craignent d’intervenir et
de créer un nouveau chaos. Alors ils laissent faire. Ils n’entendent pas les messages pourtant
clairs des Iraniens qui expliquent ouvertement leur stratégie au Proche-Orient.
Le général Yahya Rahim Safavi, haut conseiller des Gardiens de la révolution
iranienne, a confirmé pourtant que «le pouvoir et l'influence de son pays se
sont étendus pour la troisième fois jusqu'en Méditerranée», et que «la
ligne de défense iranienne se trouve au sud du Liban». Il n’a fait que
réitérer ce qu’il avait déjà précisé en 1982 : «La ligne de défense de nos
frontières se trouve au Liban-Sud, à la frontière avec Israël. Notre profondeur
stratégique s'est désormais étendue aux rives de la Méditerranée, et plus
précisément au nord d'Israël.»
Ces déclarations prouvent,
s’il en était besoin, que le Hezbollah fait partie intégrante de l’armée
iranienne et qu’il reste sous la domination et l'influence des pasdaran, au
même titre que les islamistes d’Irak, de Syrie, d’Afghanistan et du Yémen. L’Iran
a profité de la fin de la tutelle syrienne sur le Liban, qui a duré trente ans,
pour organiser sa propre mainmise en usant de manipulation, de blocage des
institutions et du chantage des armes.
Le nouveau danger pour
Israël vient assurément du nord ce qui explique les dernières mesures
militaires de réorganisation prises par le chef d’État-Major qui doit réviser
sa tactique vis-à-vis d’un Liban devenu propriété de l’Iran.
2 commentaires:
C'est ce que le Hezbollah imposera à" l'état palestinien " pendant les mille ans de " glaciation ".
Une bombe à retardement
Les attentistes libanais espèrent qu’Israël fasse au Hezbollah ce qui avait été fait à l'OLP
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