Galilée |
En clin d’œil, le prof commença en soulignant que le processus
politique démocratique classique, s’appuyait, de fait, sur une originalité
géométrique. La transformation de l’horizontalité en verticalité. Horizontalité,
par principe. Le gouvernement du peuple, par le peuple. Largeur de spectre des
électeurs et variété des partis politiques en lice. Verticalité, par pratique. Consolidation
d’une majorité, constitution d’un gouvernement, mise en œuvre d’un programme.
Galilée avait raison. Le monde est écrit en langue mathématique. La
crise de la démocratie s’explique par cette acrobatie géométrique. En grande
partie. S’y ajoutent, la complexité croissante des affaires du monde, la
vitesse exponentielle de l’innovation. Et, bien entendu, la folie des hommes. Encore
mal contenue par la sagesse des femmes. Jonathan perçut là un autre clin d’œil,
plus amusé et plus égrillard. Le tout conduit ainsi, quasi automatiquement, à
un gouvernement du peuple par une partie du peuple. Verticalisation que
l’exercice du pouvoir, puis la fascination du pouvoir, ne font qu’accentuer. Autant
qu’il puisse juger, le prof dit distinguer trois catégories d’inversion du
processus démocratique. La verticalité devient une ligne. Imposée. Avec une
très forte personnalisation. Les dictatures, à l’évidence. Plus ou moins
affichées. En Afrique, Asie, Amérique du sud, Moyen-Orient, en Iran en
particulier. Les grands Etats. Chine, Russie. Seconde catégorie, celle des pays
nationalistes, conservateurs. Où les formes démocratiques demeurent,
effectives, mais très fortement orientées par un homme fort et son équipe
politique directe. Des pays de l’Europe de l’Est, la «plus grande démocratie
du monde» l’Inde, la Turquie. Enfin, les pays à démocratie revendiquée.
Dans sa version occidentale. La plupart des pays de l’Union Européenne et la Grande-Bretagne,
les Etats-Unis et le Canada.
Xi Ping, Chine |
Et Israël.
Jonathan sentit l’attention de l’auditoire se tendre. Israël,
Jusqu’à, il y a peu. Cette position du pays, dans l’échelle de la pratique démocratique,
ajoutait à son originalité native, une dimension régionale spécifique. Jusqu’à
l’évolution actuelle. Où l’inversion géométrique devient une déviation.
Réduisant la pratique de la démocratie à la seule loi de la majorité. Oublieuse
que le principe de la démocratie s’appuie non seulement sur cette loi
majoritaire, mais aussi sur le respect des minorités, l’équilibre des pouvoirs,
la défense des libertés. Oublieuse de la distinction, sinon la séparation de
l’Eglise et de l’Etat, offrant soudainement à une minorité religieuse extrémiste
un champ d’intervention inespéré. A ce simple stade de transformation
politique, Israël rejoindrait la seconde catégorie.
La cristallisation de la transformation en cours autour d’un homme risque
de pousser le pays plus bas encore dans le registre de la pratique
démocratique. Car un faisceau de présomptions convergent pour attribuer cette
rétrogradation du pays au seul bénéfice d’une protection personnelle. Alors que
les questions urgentes, économiques, sociales, climatiques, sociétales
s’accumulent, l’action législative se consacre très principalement à la mise en
sécurité juridique du pouvoir en place, et à la satisfaction de l’idéologie des
alliés religieux. Alors qu’un procès est en cours, équitable autant qu’on
puisse le savoir, un ensemble coordonné d’actions sont entreprises, visant visiblement
à désarmer le pouvoir judiciaire. Alors que le comportement d’une personne
accusée qui se sait innocente serait de le démontrer devant la Cour, une
batterie de barrières législatives sont élevées d’évitement de confrontation judiciaire.
Aimant visiblement paraphraser Galilée, le prof, malicieusement, s’exclama, Pourtant, elle tourne ! Bien qu’en crise généralisée, la démocratie demeure la seule vraie institution capable de préserver un niveau suffisant de «gouvernement du peuple». Peut-être parce que le peuple est plus fort que le gouvernement. Peut-être parce qu’il entre plus vite, et mieux que l’univers politique, sclérosé, hors sol, dans un monde en expansion technologique, culturelle. Partout dans ce monde, peut-être plus directement en Israël, la société civile doit-elle aider à rétablir un peu plus d’horizontalité dans la gouvernance supposée la représenter. A coup d’hypothèses mathématiques, on peut peut-être y arriver, pensa finalement Jonathan.
Penser faux est devenu le privilège de l'élite.L'auteur de l'article n'y échappe pas . Ayant cru à ses divagations Jonathan, dégouté, a obtenu une poste d'enseignant dans la bonne France, pas la vieille, la nouvelle, où il pourra se joindre à pléthore d'associations citoyennes-de préférence antiisraéliennes-.
RépondreSupprimerSe croyant intelligent il prendra un abonnement au " Monde" et à "Libération" Il pourra s'addonner sur place à résoudre les "questions urgentes, économiques, sociales, climatiques, sociétales" qui s’accumulent ... dans son pays. Il pourra meme assister à un débat organisé par ses amis au parlement européen sur le bien fondé de la réforme judiciaire en cours en Israel en tenant compte des leçons de morale prodiguées par cette institution si proche de ses convictions.
Cher Philippe,
RépondreSupprimerAvez-vous oublié "Temps et Contretemps" dans votre liste "Monde" et ""Libération" ?
Philippe Bliah est un humoriste qui s’ignore.
RépondreSupprimerAccuser l’auteur de « penser faux » est un honneur s’il est le « privilège de l’élite ». Monsieur Bliah qui ne fait pas faire partie de l’élite puisqu’il pense « juste », devrait s’abstenir de sans cesse faire un parallèle entre la politique française et israélienne. Surtout par les temps présents.
-Y a-t-il des religieux d’extrême-droite au pouvoir en France?
- Y a-t-il un premier ministre et sa coalition qui voudraient changer à leur convenance les Lois Fondamentales en mettant bas la Cour Suprême?
En Israël les manifestations géantes rappellent s’il en était besoin, qu’un gouvernement élu à la majorité n’a cependant pas tous les pouvoirs. Du moins en démocratie.
Comme quoi, un nom peut révéler un ratage.
RépondreSupprimerA défaut d'être habile, on se montre ëtre à bile.