YULI EDELSTEIN, LE REBELLE
Par Jacques BENILLOUCHE
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Edelstein avait invité la presse au tombeau de Joseph |
Il a bien sûr été
sanctionné pour son absence intentionnelle lors du vote sur la réforme
judiciaire. Il ne sera plus autorisé à proposer des projets de loi d'intérêt
privé, à soulever des sujets de discussion ou à parler au nom du Likoud au
plénum de la Knesset pendant les trois prochaines semaines. Il avait osé demander
au gouvernement de suspendre sa campagne coup de poing à la Knesset visant à
faire adopter des législations très controversées qui introduiront des «changements
radicaux dans le système judiciaire israélien». Il a évoqué la nécessité de
donner une opportunité à des discussions avec l’opposition dont l’objectif
serait d’assouplir le plan, ajoutant que d’autres, au parlement, partageaient
le même point de vue que le sien.
Edelstein s'adresse aux opposants à la réforme judiciaire |
Edelstein a un passé
de militant discipliné, très proche de Netanyahou mais il a été le premier à
faire acte de rébellion. Il pourrait attirer à lui d’autres frondeurs. «Nous
avons l’opportunité d’arrêter, pour une période limitée, le processus
législatif. Si on se réunit en adultes, sans agir comme des enfants de
maternelle, alors il sera absolument possible de mettre au point un projet
conjoint». Pour lui, Israël, qui se vantait d’être le pays le plus
démocratique, est en passe de devenir une république bananière soumise à la
volonté du Prince. Les règles démocratiques sont bafouées.
Yuli-Edelstein avec Shamir en 1987 |
Dans le passé, à la
tête de la Knesset, il avait montré son soutien indéfectible au premier
ministre au point d’avoir été critiqué par ses amis, d’être accusé de se
comporter comme ceux qu’il avait combattus dans jeunesse et de fomenter un coup
de force au parlement en bloquant le vote dans les commissions. À l’époque, le
chef de l'État Reuven Rivlin, pourtant vétéran du Likoud, avait tancé
Edelstein en estimant «qu’un Parlement paralysé entravait le bon
fonctionnement d'un État en situation d'urgence». S’adressant à lui, il l’avait
imploré de «ne pas laisser la crise nuire au système démocratique». Mais
c’était un autre temps. Edelstein se comportait alors en complice des manœuvres
du Likoud pour empêcher le vote des lois, le travail parlementaire et la
désignation des commissions parlementaires. Il ne respectait ni la loi et ni le
parlement.
Edelstein et les refuzniks |
Cela démontre que Yuli Edelstein
était un bon soldat au service du premier ministre et que sa rébellion est
aujourd’hui justifiée. Il n’est pas sûr qu’il sera suivi par d’autres militants
qui tiennent à leurs postes et à leurs avantages matériels. Mais l’alerte est donnée
par un pilier historique du Likoud qui, en fait, ne veut pas combattre
Netanyahou mais celui qui est en train de s’élever au-dessus de tous les
militants historiques, à savoir Yariv Levin, que personne n’avait vu venir et
qui ouvertement a fait une OPA sur son parti.
Mais nombreux sont ceux qui souhaitent qu’Edelstein se prononce
ouvertement contre le projet parce que son absence lors du vote à la Knesset n’est
pas selon eux suffisante. Quelque 500 manifestants se sont rendus près de son domicile
à Herzliya pour lui demander de se prononcer sans équivoque contre le projet
législatif. Pour eux : «hier, nous avons vu Edelstein dans une
démonstration de demi-courage. C'est plus que rien, mais moins que ce qui est
nécessaire. Par conséquent, jusqu'à ce qu'Edelstein prenne une position sans
équivoque, nous sommes ici». Une petite pierre est tombée de tout l’édifice
du Likoud mais elle peut avoir des conséquences plus graves pour l‘avenir du
parti et de la coalition car c’est la première fois qu’un frondeur s’affiche
ouvertement.
Un autre depute du Likoud, roule dans la farine par son chef, Doudi Amsallem, recoit les coups sans broncher. Avec Edelstein et un autre, ils pourraient faire tomber le gouvernement. Mais ils ne le feront pas, le risque est trop grand, risques politiques, mais aussi personnels.
RépondreSupprimerA droite, on n'a jamais rechigne a pratiquer des crimes politiques.
IL FAUDRAIT SOUHAITER QUE DES DEPUTES DE L'OPPOSITION EN FASSENT DE MEME QUAND LES PROPOSITIONS DU GOUVERNEMENT ACTUEL CORRESPONDENT A CE QU'ILS AVAIENT DECLARE DANS LE PASSE RECENT AU SUJET DE CETTE FAMEUSE REFORME SUR LAQUELLE JE SUIS CONVAINCU ILS POURRAIENT ET ILS SE DOIVENT DETROUVER UN COMPROMI.
RépondreSupprimerIL SERAIT BON POUR LA DEMOCRATIE.
MONSIEUR BENILLOUCHE VOUS POUVEZ ENCOURAGER TOUS LES PARTIS A SE RENCONTRER ET A DENONCER UN POINT QUI POUR LES JUIFS DE LA DIASPORA QUI NOUS INTERPELLE ET NOUS INQUIETE SONT CES APPELS A LA DESOBEISSANCE DE LA POLICE ET DE L'ARMEE. MERCI
Bel exemple de la nécessité de lire Tocqueville.
RépondreSupprimerLe risque premier de la démocratie est d'ouvrir la voie à la dictature de la majorité.
Et nul besoin se sortir les vieilles lune du ''complot'' (cette fois-ci, de la CIA !!), pour dénaturer les voix de l'autre moitié du corps électoral
Jonathan, il ne me reste donc plus qu'à rétorquer à Tocqueville :"Si je comprends bien, l'avantage de la dictature est d'ouvrir la voie à la démocratie de la minorité... Et nul besoin alors de sortir les nouvelles lunes de ceux qui ne financeraient pas l'anéantissement d'un petit pays, guère plus grand que deux départements français, qui sert de refuge à ceux qui sont les victimes de antisémitisme, voir la France où vous n'osez plus vous aventurer avec une kippa dans certains quartiers sous peine de vous faire attaquer."J'habite en Suisse, et je me suis fais traité hier de nazi en pleine rue. Et dire que c'était un ami, mais qui n'appréciait pas que je défende Israël dans les journaux.
RépondreSupprimerEt je me permettrais encore d'ajouter avec la permission de Monsieur Benillouche, et concernant l’affirmation du chancelier allemand Olaf Scholz ayant déclaré hier qu’il “observe de très près et, franchement, avec beaucoup d’inquiétude la réforme juridiqued’Israël”, qu'il conviendrait quand même de rappeler qu’en Allemagne, la Cour constitutionnelle fédérale (Bundesverfassungsgericht), équivalent de la Haute cour, est composée de deux sénats, chacun composé de huit juges, et d’un sénat commun, qui regroupe les deux sénats, et que les juges de la Cour constitutionnelle fédérale sont nommés par le gouvernement fédéral et les gouvernements des Länder. La réforme judiciaire de Levin vise donc à faire nommer les juges par le gouvernement, comme en Allemagne. Olaf Scolz est victime de la désinformation des médias «bien pensants»
RépondreSupprimerLe grand problème n'est pas la nommination des juges mais la fin du contrôle juridique des lois. Cela permettrait à la knesset de voter les pires abus sans contrôle ni limite.
SupprimerAnonyme _ Dans aucun pays il n’existe un contrôle juridique sur des des édicté par des députés démocratiquement élus. Tout au plus existe-t-il un droit au référendum après la récolte de tant et tant de signatures. Voir aussi https://israel247.org/2023/03/un-sondage-qui-derange-ce-que-la-presse-tente-de-nous-faire-croire-sur-la-reforme-judiciaire-tout-le-monde-nest-pas-contre-loin-de-la/
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