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mardi 26 juillet 2022

Israël, leader de l'alliance militaire israélo-arabe


ISRAËL, LEADER DE L’ALLIANCE MILITAIRE ISRAÉLO-ARABE

Par Jacques BENILLOUCHE

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          A l’occasion de son voyage au Proche-Orient, la volonté de Joe Biden était de finaliser une alliance militaire israélo-arabe, soutenue bien sûr par les États-Unis. Il s’agissait en fait d’une délégation de pouvoir confiée à Israël pour favoriser le désengagement américain de la région. Il n’est pas sûr que cela réduira les tensions avec l’Iran mais au contraire les envenimeront. L’Iran a déjà annoncé qu’il interpréterait cette alliance comme une menace pour sa sécurité.





Tout est parti de la déclaration de la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jen-Pierre, le 7 juillet 2022, précisant que les responsables américains envisageaient la possibilité de relier les capacités de défense aérienne arabes et israéliennes dans la région «pour faire face à la menace iranienne croissante». Bien sûr les Iraniens ont peu apprécié ce projet. Dans une déclaration le 9 juillet, Nasser Kanani, porte-parole iranien du Ministère des affaires étrangères, «trouvait l’idée provocatrice et la considérait comme une menace pour sa sécurité nationale et régionale. L’entrée d'étrangers dans la région est en soi la principale cause de tension».

Ali Akbar Velayati et Khamenei

Ali Akbar Velayati, conseiller du Guide suprême, et ancien ministre des Affaires étrangères de 1981 à 1997, estime que «l'alliance militaire régionale envisagée est une idée inappropriée et ceux qui y sont impliqués nuiront à la région. Cette alliance proposée est calquée sur l’OTAN (Organisation du Traité de l'Atlantique Nord), complexe militaire notoire responsable de nombreux événements destructeurs à travers le monde». Il a par ailleurs condamné les volontés militaires de la Jordanie et des Émirats.

En fait, Nour News, le média du Conseil suprême de sécurité nationale, a prédit le 10 juillet que «si une menace est perçue, la réponse décisive de l'Iran sera dirigée vers les cibles les plus proches et les plus accessibles».  Il visait ainsi le Kurdistan irakien voisin et les Émirats arabes unis. Il est un fait que durant ces dernières années, l’Iran ne s’est pas privé d’y organiser diverses opérations qui lui ont été imputées.

L’IRGC, le Corps des gardiens de la révolution, s’est montré peu inquiet par cette éventuelle alliance régionale. L’adjoint aux affaires politiques Yadollah Javani, a estimé le 11 juillet «qu'une OTAN arabe serait une coalition faible et inefficace contre l'Iran et le Front de la résistance (les alliés de l’Iran)».

Réunion Charm el Sheikh mars 2022

        Ce projet d’alliance n’est pas nouveau chez les Américains. Ils l’avaient déjà soulevé lors des Accords d’Abraham de 2020 parce qu’ils voulaient contrer les drones et les missiles iraniens. Des réunions secrètes en Égypte en mars 2022 avaient déjà abordé l'idée d'un bouclier anti-drone arabo-israélien. Les pourparlers à Charm el-Cheikh avaient en effet abordé le sujet avec des responsables militaires des États-Unis, d'Israël, de Bahreïn, d'Égypte, de Jordanie, du Qatar, d'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis.  

Si le problème des missiles iraniens avait déjà inquiété ces pays, le programme de drones iraniens devenait plus préoccupant et cela d’autant plus que le Guide suprême Khamenei avait précisé que ce projet n’était pas négociable. Israël avait déjà soulevé la question des armes fournies au Hezbollah du Liban, au Djihad islamique de Gaza et aux Houthis du Yémen. L’Arabie et les Émirats ont déjà subi le tir de drones et de missiles tirés par les Houthis. L’ambassade des États-Unis en Irak a aussi été la cible d’attaques de groupes armés soutenus par l’Iran.

Drones iraniens


Les États-Unis, qui veulent ménager l’Iran, insistent pour préciser qu’il s’agit d’une alliance défensive mais le fait que le maitre d’œuvre serait Israël reste une préoccupation pour l’Iran. Les mollahs ne craignent rien de cette alliance mais ils perdraient une partie de leurs capacités de nuisance dans la région. Ils pourraient alors transférer certaines de leurs technologies à des alliés régionaux à des fins d’incitation supplémentaire. Ils pourraient surtout développer leur collaboration militaire avec la Russie pour obtenir d’eux un moyen de percer le bouclier anti-drone israélien.

D’ailleurs les Israéliens se demandent si les Américains ne les entrainent pas vers une impasse politique dans leurs seuls intérêts ; la question sur leur stratégie face à l’intervention russe en Ukraine est en cause. Le conflit ne concernait pas Israël, un conflit localisé entre deux «frères» d’armes. Poussé par les Etats-Unis, Israël avait tout à perdre en prenant une position dans le conflit russo-ukrainien. Il n’est ni le gendarme et ni même le juge de paix de la région. Son ingérence et surtout sa condamnation de «l’opération militaire» ne pouvaient qu’envenimer ses rapports avec les Russes et leur enlever toute opportunité d’arbitrage. Certes, l’intervention russe en Ukraine était d’une violence injustifiable mais le seul rôle d’Israël était d’aider le belligérant le plus faible sur le plan humain d’abord et sur le plan défensif ensuite.



Israël avait de bonnes relations avec Poutine mais en condamnant l’agression alors que d’autres pays occidentaux avaient été plus modérés, voire neutres, Israël a gâché un pacte de non-agression tacite en Syrie qui lui permettait d’agir à sa guise contre les convois iraniens à destination du Hezbollah. La décision de bloquer l'émigration de Juifs russes vers Israël est dramatique. Par ailleurs des sanctions économiques avaient déjà été prises contre la Russie avec des résultats très mitigés parce que la Russie a de bons alliés qui veulent tout ignorer de la politique. La Chine, l’Inde et l’Iran ont profité de ces sanctions pour consolider leurs positions dans la région face à la dépendance énergétique de l’Europe vis-à-vis de la Russie. Devenir le chef de file d’une alliance avec les Arabes est certes gratifiant, à condition qu’il permette à Israël d’être libre d’agir selon ses intérêts sécuritaires.

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