Les trois grands lynchages
médiatiques, quasi simultanés, de cette rentrée 2019 ont une particularité :
ils frappent des personnalités qui incarnent l’idéologie dominante, la pensée
correcte, vertueuse : Moix, Thuram, Bruel. Tous les trois, chacun dans son
genre, ont été érigés en emblèmes télévisuels de l’antiracisme, du culte de la
migration et du combat contre le «populisme». Cependant, par le plus étrange des paradoxes,
les voici à leur tour pris pour cibles de la vindicte médiatique, comme si la
révolution du politiquement correct se mettait à dévorer ses propres enfants.
Les trois lynchages de la
rentrée ne frappent pas des personnalités présumées réactionnaires, ni des
politiques, mais des People parfaitement bien-pensants. Aujourd’hui, le
processus de lynchage s’est autonomisé. On ne lynche plus au nom de l’idéologie
correcte et progressiste contre la supposée «réaction», mais il faut
lyncher pour lyncher, dans une spirale sans fin. Toutes les têtes qui
dépassent, sans exception, sont susceptibles de tomber sous le couperet.
Le lynchage de Patrick Bruel,
est, à vrai dire, assez minable et répugnant. Il est vaguement accusé par une
jeune masseuse, qui n’a pas porté plainte, d’exhibitionnisme pendant un
massage. Le monde médiatique, radios, télévisions, presse, se vautre dans cette
accusation et s’en donne visiblement à coeur joie. Et voici Bruel, jadis idole
de la jeunesse, véritable sex-symbol national autour duquel se déchaînaient des
flots de jeunes filles amoureuses, traîné dans la boue, humilié, ridiculisé,
sans le moindre commencement d’une preuve ou d’un indice, et encore moins d’une
condamnation. Mystère : pourquoi la meute s’est-elle lâchée contre lui ?
Pourquoi brûle-t-elle sans vergogne et avec autant de jubilation ce qu’elle a
si longtemps adoré ?
Celui de Thuram est différent.
Voici un joueur de football, qui pour des raisons diverses, a été porté par le
système médiatique au rang de maître penseur national, au moins équivalent, par
le poids donné à sa parole, d’un Finkielkraut ou Marcel Gauchet… Ne pas lire
dans ces lignes un quelconque mépris : il est possible d’être pétri de bon sens
et d’intelligence sans avoir fait la moindre étude. Mais là, c’est tout autre
chose. Qui peut citer une phrase un peu originale de M. Thuram ? Il fait partie
de ces icônes médiatiques, issues du show business ou des terrains de football,
érigées artificiellement au rang de professeur national de vertu. Dans ce
contexte, il prononce une phrase ignoble, parlant de «culture blanche»
raciste, sans véritable conscience de la portée de ses mots. Là-dessus, la
France dite «d’en haut» se déchaîne. La LICRA condamne, SOS racisme
soutient. Des paroles qui fussent passées totalement inaperçues quelques années
auparavant suscitent une tempête médiatique.
Troisième lynchage, le plus
violent, le plus durable, celui de Yann Moix. Encore davantage que les deux
autres, cette icône médiatique, omniprésente dans les écrans de télévision,
personnalise la parole correcte et l’idéologie du Bien : au-delà du fanatisme,
poussant à l’extrême l’idéologie sans-frontière, ce dernier qualifie de
«criminelle», toute esquisse de maîtrise de l’immigration. Et puis, à l’issue
d’une sordide affaire de règlement de compte familial, ses dessins et écrits
antisémites de jeunesse, auxquels Brasillach, Béraud ou Céline n’auraient rien
à envier, sont largement diffusés dans les médias. Eternel décalage entre le
profil médiatique du donneur de leçon national et la réalité d’un personnage :
sous le vernis de la pensée radieuse, l’obscurantisme d’un autre âge. Pendant
des mois, la «France d’en haut», médiatique, a craché sur les Gilets
Jaunes en les vouant à l’ignominie du populisme. Or, le pire se dissimulait,
non pas sur les rond-points de la France profonde, mais sur les plateaux de
France télévision, derrière le masque télévisuel de la vertu et de la pureté
idéologique.
Comment les Français,
pourraient-ils s’y retrouver ? Comment attendre autre chose de ces scandales
qu’un mépris toujours croissant du pays profond pour les acteurs du grand
spectacle médiatique ?
Bravo de remettre les pendules à l'heure dans cet univers médiatique qui fait feu de tout bois. Désolant cette dérive de la presse qui a oublié son rôle
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