Réunion entre militaires |
Dans un voyage éclair, Benjamin Netanyahou a rencontré dans un premier temps le ministre
russe de la Défense Sergei Shoigu, le 12 septembre 2019, à Sotchi, avant de
rencontrer Vladimir Poutine. Le premier ministre israélien poursuivait deux
objectifs. A quelques jours du scrutin pour les législatives, il s’agit pour
lui de capter l’électorat russophone favorable d’ordinaire à Avigdor Lieberman qui
reste à un haut niveau dans les sondages. Les partis de l’opposition ont
critiqué la démarche du premier ministre en l’accusant d’instrumentaliser les
questions de sécurité pour ses intérêts personnels.
Le deuxième objectif est
d’essayer de démontrer au président russe que l’Iran représente aussi une
menace pour la Russie. Netanyahou était accompagné par Meir Ben-Shabbat,
conseiller à la sécurité nationale et par un haut officier de l’État-major
israélien, le général de division A., pour leur rencontre avec l’équipe du
ministre russe de la défense. Les deux armées ont discuté de la coordination
des vols des avions de combat dans le ciel syrien.
En répétant ses accusations
contre l’Iran en Syrie, Netanyahou a voulu mettre en garde Poutine contre «le
danger que représente l’Iran pour l’avenir de la Russie. Le plus grand
mal est l’islam chiite que l’Iran contrôle, un islam qui cherche à se doter
d’armes nucléaires et à attaquer le Moyen-Orient». Il a expliqué que les
relations entre l’Iran et la Russie n’étaient pas étroites, mais que les deux
pays avaient des intérêts communs sur des questions spécifiques.
Je suis au milieu du show, qu'est ce que vous avez pour moi ? |
Mais le maître du Kremlin a voulu marquer sa mauvaise humeur en laissant attendre Netanyahou pendant trois heures. Par ailleurs, alors que le premier
ministre n’avait pas encore posé les pieds en Russie, la diplomatie russe a critiqué
la «récente vision expansionniste de Netanyahou sur la Cisjordanie et la
vallée du Jourdain». Elle pense que les décisions de Netanyahou ne font
qu’aggraver la tension au Moyen-Orient : «La réalisation de la promesse
annoncée par le Premier ministre israélien d’annexer un pan important de la
Cisjordanie risque d’exacerber la tension dans la région et de torpiller les
espoirs d’un règlement du conflit israélo-palestinien».
A la suite de la déclaration
israélienne du 10 septembre «d’appliquer, avec un futur gouvernement, la
souveraineté d’Israël sur la vallée du Jourdain et la partie nord de la mer
Morte», le ministère russe des affaires étrangères a publié une déclaration
: «Moscou a pris note de la déclaration qui a été faite par le Premier
ministre israélien, Benyamin Netanyahou, et qui a déjà provoqué une réaction
très négative dans le monde arabe, sur son intention de faire appliquer la
souveraineté israélienne sur la vallée du Jourdain. Nous partageons
l’inquiétude concernant de tels projets de la direction israélienne, dont la
matérialisation pourrait saper l’espoir d’établir la paix tellement attendue
entre Israël et ses voisins arabes. L’unique moyen fiable de régler tous les
différends existants passe par des négociations directes entre Israéliens et
Palestiniens sur la base du droit international, ce qui comprend les
résolutions appropriées du Conseil de sécurité des Nations unies, les Principes
de Madrid et l’Initiative de paix arabe».
Face aux dirigeants militaires russes, Netanyahou a déclaré jeudi qu'il
fallait autoriser Israël à agir librement contre l'Iran en coordination avec la
sécurité en Syrie : «La coordination de la sécurité entre nous est
toujours importante, mais c'est particulièrement important maintenant, car
depuis un mois, l'Iran tente de plus en plus de frapper Israël depuis la Syrie
et de placer ses missiles de précision à utiliser contre nous».
Les deux dirigeants se sont rencontrés plus d'une douzaine de
fois au cours des dernières années et les militaires des deux pays s'emploient à
éviter des affrontements accidentels en Syrie, où Israël a annoncé avoir mené
des centaines de frappes contre des cibles iraniennes pour empêcher Téhéran
d'établir une présence militaire permanente dans le pays. L'Iran et le parti
Hezbollah libanais, soutenus par l'Iran, ont aidé le dirigeant du régime,
Bachar Al Assad, dans la guerre civile syrienne. La Russie, qui aide
également Assad, a largement fermé les yeux sur les frappes aériennes
israéliennes. L'agence de presse russe RIA a annoncé que Poutine avait salué la
coopération militaire en matière de sécurité entre la Russie et Israël.
Les deux
dirigeants ont aussi abordé les élections du 17 septembre en Israël. Le Kremlin
est préoccupé de savoir qui allait remporter le pouvoir car, selon Poutine : «5 million d'immigrants de l'Union soviétique vivent en Israël. Nous les
avons toujours considérés comme notre peuple, nos compatriotes. Et, bien sûr,
nous ne sommes pas indifférents au type de personnes qui entreront au parlement
israélien». Le président russe Vladimir Poutine a déclaré qu'il espérait que celui qui serait élu aux prochaines élections maintiendrait les bonnes relations entre les deux pays.
Netanyahou a ainsi réussi à arracher cette déclaration à destination des électeurs russes pour les mettre en garde sur le bon choix. C’était son premier objectif.
Netanyahou a ainsi réussi à arracher cette déclaration à destination des électeurs russes pour les mettre en garde sur le bon choix. C’était son premier objectif.
Cher monsieur Benillouche,
RépondreSupprimerEt si, dans le cas qui vous préoccupe, c'était la diplomatie russe qui avait raison ? La déclaration de Benjamin Netanyahou n'a-t-elle pas déjà "provoqué une réaction très négative dans le monde arabe" ?
Prendre un tel risque pour des raisons électoralistes, n'est-ce pas jouer avec le feu, au moment où "l'Iran tente de plus en plus de frapper Israël depuis la Syrie" ?
Est-ce qu'assurer une victoire électorale mérite de risquer un embrasement général dans la région ? Et jusqu'où les États-Unis seraient prêts à aller dans leur confrontation avec l'Iran, pour rétablir leur hégémonie mondiale ? C'est une question qu'on est en droit de se poser.
Mais si confrontation militaire il devait y avoir, ce qu'à Dieu ne plaise, bien avant les États-Unis, c'est Israël qui serait aux premières loges. Cela demande tout de même réflexion.
Très cordialement.
Pardon mais quel que soit les déclarations d'un dirigeant Israélien, certain pense que les pays arabe vont applaudir..?
RépondreSupprimerSi le Premier Ministre prend cette décision c'est surement avec le "feu vert" des américains, on va pas s'attendre à des applaudissements de la part des européens non plus, alors...(?)
Vu le nombre de dictatures arabes ou musulmanes dans le quartier, il faudrait se taire..? quand aux Russes avec un PIB digne du Bénélux, ils ont "d'autres chats à fouetter"..non..?
le désastre en Afghanistan devrait les rendre plus prudent que ce soit en Syrie ou avec les relations Turcs et Iraniennes...
Israel a aussi des champions d'échec et mat..
La fuite en avant est le maître mot au M. O.
RépondreSupprimerMais comme Israël c’est nos tripes, notre mémoire et notre futur, nous avons raison de nous projeter.
Que ce soit la Russie ( pauvre donc belliqueuse) avec un ardent besoin de vendre leur technologie à tous les haineux potentiels dans ce coin du Monde (Turquie, Iran, Syrie, Yémen (?) et même à l’Égypte et aux pays pétroliers riches.
D’accord avec Denis. Il faut voir Israël « face » au M. O. sur la durée (et pas en fonction des élections). Le cas de figure actuel (3 généraux démocratiques !) en lice pour le pouvoir, n’est pas inquiétant pour le futur d’Israël. Ils semblent moins retords que Bibi mais s’ils sont élus, ils devront combler très vite leurs lacunes du vice (dans le M. O.)
On est dans la durée et aussi dans l’instantané. La Russie va pactiser avec l’Iran, en Syrie.
Et Israël dans tout ça ? Éloigner l’Iran sans l’extirper de Syrie, il me semble.
L’empêcher d’avoir l’arme atomique tout en fermant les yeux sur le fait qu’elle l’aura ? Donc, ne pas attaquer l’Iran d’une frappe qui risquerait l’arrivée d’Armageddon dans un futur proche ?
On semble oublier qu’Israël, avec bientôt 10 millions de personnes doit faire face à des poids lourds à 100 millions : Turquie / Iran / Égypte / Russie.
Faudra les former (très vite) et les aider à s’enrichir, en parallèle de se défendre, éternellement ( sauf l’Iran bien sûr, pour l’instant).…
Heureusement, rien n’est éternel au M. O.