NETANYAHOU FACE À LA GUÉRILLA DE SON AILE DROITE
Par Jacques BENILLOUCHE
Ben Gvir Mont du Temple |
À peine nommé
ministre, le 3 janvier 2023, le ministre israélien de la Sécurité intérieure,
Itamar Ben Gvir, a voulu marquer son indépendance en se rendant sur l'esplanade
des Mosquées, à Jérusalem-Est, contre la mise en garde du premier ministre.
Certes il l’a fait le matin tôt, 7 heures, avec le moins de publicité possible,
sans être accompagné habituellement d’un nombre important de sympathisants. Peu
de journalistes avaient été conviés à cette promenade de quinze minutes. Certes
Ben Gvir avait mis les formes mais il avait créé un choc au sein du gouvernement.
Ce fut ensuite la
déclaration fracassante de l'ancien général Zvika Fogel qui avait rejoint
Otzmah Yehudit. Le député avait appelé à l'arrestation des dirigeants des partis
d'opposition. Netanyahou
a dû condamner cette «déclaration malheureuse» en précisant que «dans
une démocratie, les dirigeants de l'opposition ne sont pas arrêtés. Nous
pouvons être en désaccord. Dans une démocratie, nous prenons une décision à la
fin s'il n'y a pas d'accord, mais nous devons également délimiter les limites
du discours».
Zvika Fogel |
Mais Netanyahou lui-même n’est pas à l’abri de
maladresse. Le 11 janvier 2023, il avait présenté aux côtés de Bezalel Smotrich
le programme économique du gouvernement et en particulier le plan contre la vie
chère. Ce jour-là, tous les observateurs politiques avaient été surpris de voir
que Nir Barkat, ministre de l’Économie concerné par ces affaires, se
trouvait dans la salle parmi les journalistes alors que sa place était sur
l’estrade. Il n’a pas été invité à s’exprimer. On sait que les relations avec
Netanyahou ne sont pas au beau fixe et que la main du premier ministre a été
forcée pour l’inclure dans son gouvernement. Mais il n’est pas question de
mettre en lumière un concurrent.
Plus récemment, le 20 janvier les
forces israéliennes ont démantelé un avant-poste en Cisjordanie. Tsahal
a expulsé
un petit groupe de militants juifs d'un avant-poste qu'ils avaient érigé
quelques heures plus tôt en Cisjordanie, contre l’avis du gouvernement. Le
ministre de la Défense, Yoav Galant, s’est opposé à cette installation et a
ordonné son retrait. Netanyahou a affirmé que «le gouvernement soutient la
colonisation, mais uniquement lorsqu'elle est effectuée légalement et
coordonnée à l'avance avec le Premier ministre et les responsables de la
sécurité, ce qui n'a pas été fait dans ce cas».
Les forces de sécurité évacuent Or Chaïm, l'avant-poste illégal établi en Cisjordanie, le 20 janvier 2023 |
Gallant a ouvertement défié Smotrich en ordonnant
l’évacuation de l’avant-poste illégal Or Haïm. Pour protester contre cette
expulsion, les ministres sionistes religieux ont décidé d’être absents du
conseil des ministres car pour eux il s’agit de la violation de l'accord de
coalition en évacuant un avant-poste sans coordination et contre les ordres de
Smotrich à l'administration civile : «Nous n'avons pas l'intention de
laisser passer cela et nous envisageons des étapes supplémentaires à l'avenir».
Après quelques semaines d’existence, le gouvernement est traversé par des turbulences internes, qui étaient certes prévisibles, mais pas à cette cadence. Netanyahou a été contraint d’inclure l’extrême-droite dans sa coalition mais il pensait que le contact avec la réalité du pouvoir allait pousser les extrêmes à plus de pragmatisme. Le contraire s’est passé, chacun a voulu imposer ses marques sans chercher le consensus. Face au terribles défis que traverse le pays, il n’est pas sûr que les nationalistes de droite aient tiré la bonne carte. L’épreuve de force avec cinq familles qui ont établi un nouvel avant-poste illégal sur une colline stratégique du nord de la Cisjordanie, n’est pas d’actualité. La décision de Netanyahou de démettre Arie Dehry de ses fonctions ministérielles, à la suite de la disqualification de la Haute Cour, va certainement engendrer des remous dont on ignore l’intensité et que le premier ministre aurait bien voulu éviter.
Arie Derhy et son parti ne quitteront pas la coalition, car en le faisant le gouvernement tomberait et nous nous retrouvions dans la crise politique d'avant les dernieres elections.
RépondreSupprimerAlors le projet de changer la nature du regime politique d'Israel sera acceleree, les graces seront donnees a tous les ministres munis de casseroles. Je ne pense que les democraties occidentales verront cela d'un bon oeil et Israel devra payer le prix dur pour ce changement, et ce sont pas les maifestations qui changeront quoique ce soit.