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dimanche 22 janvier 2023

Ebrahim Raïssi, le boucher des exécutions massives en Iran

  


EBRAHIM RAÏSSI, LE BOUCHER DES EXÉCUTIONS MASSIVES EN IRAN


Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright © Temps et Contretemps 



En ordonnant des pendaisons massives, Raïssi n’en était pas à ses débuts. Il avait déjà une certaine expérience acquise lors de ses précédentes fonctions. Sa proximité avec les Conservateurs et l’Ayatollah Khamenei, qui ont réussi à disqualifier ses principaux adversaires, lui ont permis de s'élever dans la hiérarchie. Né le 14 décembre 1960 à Mashhad, ce religieux et homme politique peu charismatique était directeur de Astan-e Qods-e Razavi, la puissante fondation de charité qui gère le mausolée de l'imam-Reza à Machhad ainsi qu'un immense patrimoine industriel et immobilier. Depuis mars 2019, il était chef du système judiciaire iranien et vice-président de l'Assemblée des experts.




         Sa carrière a été fulgurante. Nommé procureur général de Karaj, à côté de Téhéran, à seulement 20 ans, au lendemain de la Révolution islamique de 1979. Il restera plus de trois décennies dans le système judiciaire : procureur général de Téhéran de 1989 à 1994, et chef adjoint de l'Autorité judiciaire de 2004 à 2014, année de sa nomination au poste de procureur général du pays. Il n’avait rien de modéré tandis que ses actes et ses déclarations témoignent en sa défaveur. Toujours coiffé d'un turban noir de Seyed, descendant de Mahomet, il est marié à une professeure de sciences de l'éducation. Il fut l’élève du Guide suprême dans ses cours de religion et de jurisprudence islamique. Il est donc vu comme un possible successeur du Guide suprême sachant qu’en tant que membre du bureau directeur de l'Assemblée des experts, il participe à la nomination du Guide.



            Raïssi a la réputation d’être un «boucher» dénué de tout sentiment humain. Il avait commandé des exécutions massives de prisonniers marxistes ou de gauche du temps où il était procureur adjoint du tribunal révolutionnaire de Téhéran. Il est le plus connu pour son implication dans l'élimination de dissidents dans les prisons iraniennes en 1988, vers la fin de la guerre Iran-Irak. Des milliers de gauchistes, dont beaucoup étaient des membres des Moudjahidine e-Khalq (MEK) mais aussi de nombreux communistes, ont été exécutés avec son approbation. Il s’est défendu en expliquant qu’il n’appliquait que l’ordre donné par Khomeini pour procéder à cette épuration : «À Téhéran, il y avait 100 à 120 assassinats par jour contre les forces révolutionnaires. C’est mon honneur d'avoir lutté contre l'hypocrisie».

Manifestation de femmes en Iran


Il appuie toutes les mesures contre les femmes car, avec un esprit anachronique, Raïssi a défendu les règles pour limiter les interactions entre hommes et femmes dans les espaces publics : «Empêcher le mélange des hommes et des femmes dans l'environnement de bureau est pour que les hommes et les femmes puissent fournir de meilleurs services aux gens, et c'est une bonne initiative pour créer un environnement de travail et des efforts appropriés pour les femmes. C'est tout à fait défendable et les premiers défenseurs seront des femmes».

Les dernières pendaisons de jeunes manifestants et surtout celle d’un dignitaire irano-britannique accusé d’espionnage, ont été effectuées avec son imprimatur ; certains disent qu’il les a ordonnés. L’ancien haut responsable de la défense iranienne, Alireza Akbari, 61 ans, avait été condamné pour «corruption sur Terre et pour atteinte à la sécurité intérieure et extérieure du pays pour avoir transmis des renseignements au Royaume-Uni». C’est un président sans pitié qui ne respecte pas les droits élémentaires de la défense puisque les jugements sont expéditifs.

Alireza Akbari


Ces pendaisons ont pour but de détourner l’attention sur les réels problèmes que traverse l’Iran. Elles ont aussi pour objectif d'éliminer des concurrents politiques. Ainsi l’exécution d’Akbari intervient alors que l’Iran est secoué par des manifestations déclenchées depuis le 16 septembre. Conscient des difficultés économiques, Raïssi préconise une «économie de résistance autosuffisante» et le développement de l'agriculture plutôt que d’attendre les investissements occidentaux : «Je vois l'activation d'une économie de résistance comme le seul moyen de mettre fin à la pauvreté et aux privations dans le pays. Il serait erroné d'attribuer tous les malheurs économiques de l'Iran aux sanctions imposées au pays par les États-Unis. L'inflation est l'un des graves problèmes auxquels les gens sont confrontés aujourd'hui. Le prix des produits de base a considérablement augmenté». Malgré cela, la situation a empiré.

Sans le soutien de Khamenei, Raïssi ne serait rien. Il est partisan de la ligne dure. Seuls 18 millions d'électeurs sur 59 millions d'inscrits lui ont accordé leur confiance, prouvant que la population a massivement approuvé le boycott des élections et que le président est le plus mal élu de l’histoire. C’est pourquoi, pour contenir la protestation, il est amené à rouvrir les plaies de la répression meurtrière de 2019. Sombre perspective pour l’Iran.

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