LE HAMAS PRIVILÉGIE SES INTÉRÊTS ÉCONOMIQUES
Par Jacques BENILLOUCHE
La queue pour les visas |
Ouvriers près d'un checkpoint israélien |
Si le Hamas a été créé pour lutter contre la présence
d’Israël dans la région, la situation économique dramatique ne permet plus
aucun écart à Gaza, abandonné par ses «frères» arabes qui le pressent de
composer avec l’État juif à la suite des Accords d’Abraham. De son côté, le
ministre des Finances Avigdor Lieberman a respecté ses engagements de réduire
le chômage en acceptant des ouvriers gazaouis dès que les armes se sont tues.
De 2.000 au départ, le chiffre est monté à 14.000 puis vient d’être fixé à
15.500 Palestiniens autorisés à traverser tous les jours le passage d’Erez. Il
s’agit d’ouvriers très recherchés en Israël car ils excellent dans le bâtiment
et surtout dans l’agriculture. Les agriculteurs et les kibboutzim avaient
maintenu des relations avec leurs anciens ouvriers au point de les aider
financièrement lorsque la frontière était fermée. Les promoteurs jubilent aussi
car beaucoup de chantiers sont arrêtés faute d’une main d’œuvre qualifiée.
Pour Israël, il s’agit des meilleurs travailleurs
étrangers car ils ne polluent pas les bas-fonds des grandes villes puisqu’ils
rentrent tous les jours chez eux après leur travail. L’extrême-droite ne pourra
pas se plaindre d’être submergée par des Arabes puisqu’ils ne résident pas dans
le pays. Cependant nous sommes loin des 100.000 travailleurs de Gaza qui
traversaient la frontière avant les évènements de 2014. Le nouveau gouvernement
israélien a choisi cette politique de gagnants-gagnants. D’une part Israël
résout en partie ses besoins illimités en main-d’œuvre. D’autre part près de 100
millions de shekels (29 millions d’euros) sont introduits chaque mois dans
l’économie de Gaza pour réduire la misère d’une population désespérée, sachant
que les salaires des travailleurs en Israël sont plus de dix fois supérieurs au
salaire moyen actuel à Gaza. Un seul ouvrier peut donc faire vivre cinq à dix
familles dans le besoin.
Femme palestinienne dans les champs |
Mais le gouvernement ne compte pas s’arrêter en si bon
chemin et il envisage à présent d’autoriser les femmes de Gaza à venir
travailler en Israël où elles sont très demandées. Les femmes sont très
intéressées par cette possibilité qu’elles réclamaient depuis longtemps pour
enfin bénéficier d’une indépendance financière. Certaines, très diplômées, sont
contraintes à des travaux de bas niveau pour survivre. Le 14 août, le général Ghassan Alian,
chef du Cogat, responsable des opérations du gouvernement israélien auprès des
Palestiniens, vient d’annoncer que le nombre de travailleurs autorisés en
Israël était porté à 20.000 immédiatement et à 30.000 en 2023, sans compter les
centaines de femmes prévues. Shaher Saad, secrétaire
général de la Fédération générale palestinienne des syndicats à Ramallah, a
confirmé que dans un premier temps Israël pourrait délivrer jusqu'à 500 permis
de travail aux femmes de Gaza.
Général Ghassan Alian |
Le site d’information Arabic Post a donné plus
de précision sur la nouveauté concernant les femmes de Gaza. Les domaines
proposés au travail seront concentrés dans les secteurs de l'agriculture, la
couture, les soins aux personnes âgées et les services liés à la propreté dans
les hôpitaux, les écoles et les municipalités des villages arabes du Néguev.
Les services sécuritaires israéliens approuvent totalement ces mesures car selon
eux, pour que le calme persiste à Gaza, il est nécessaire de modifier les
politiques de traitement et de prendre des mesures délibérées pour améliorer
l'économie de la bande, en accordant aux résidents des avantages économiques et
vitaux. Par ailleurs cela augmenterait le fossé entre les habitants et les
dirigeants du Hamas qui ont failli. En effet, le taux de chômage dépasse 50% à Gaza, les taux de
pauvreté atteint 33% et environ 80% de la population souffre d'insécurité
alimentaire, alors que le salaire mensuel moyen dans la Bande ne dépasse pas 260$.
Usine de confection à Gaza |
Le nouveau gouvernement Bennett-Lapid avait accepté de
lancer des mesures pour absorber la colère du Hamas, pour empêcher le retour
des tensions à Gaza et pour réduire la pauvreté et les mauvaises conditions
économiques. Pour les entreprises israéliennes il s’agit d’une aubaine car les
permis de Gaza relèvent de la catégorie des «besoins économiques», ce
qui signifie qu’ils ne sont pas tenus de fournir certains droits, comme les
congés payés, l'assurance maladie, l'indemnisation des accidents du travail,
les droits à la retraite ou l'indemnité de fin de service. Mais pour l’instant les
entreprises se plaignent des limitations sécuritaires : permis de travail
de six mois, emplois uniquement dans la construction et l’agriculture,
interdiction de se déplacer de plus de 30 kilomètres de la frontière de Gaza, ce
qui interdit le travail à Tel-Aviv et à Jérusalem où les besoins sont immenses.
Femmes à Gaza |
Mais certaines factions palestiniennes s’opposent au
travail des femmes en Israël car elles pourraient être plus facilement victimes
en devenant des informatrices pour le Shin Bet. Les réseaux sociaux se sont
engouffrés dans ce débat en prétendant qu’il existait «un risque auquel
elles pourraient être confrontées, notamment le chantage, et le risque de
tomber dans le piège de la collaboration avec Israël». Mais l’attrait du
salaire est trop tentant quand l’argent ne rentre pas dans le foyer. Les
14.000 Gazaouis travaillant
en Israël touchent un salaire mensuel minimum de 7.000 shekels (2.000 euros),
contre des salaires ne dépassant pas 1.300 shekels (370 euros) dans la bande de
Gaza. La comparaison ne tient pas.
Selon les données de 2021 du Bureau central
palestinien des statistiques, 65% de femmes sont sans emploi, souvent des
diplômées d’université, et 68,9% des jeunes de 15 à 24 ans sont majoritairement
touchés par le chômage. Pour les femmes, travailler en Israël n’est pas un
tabou et encore moins une honte. Peu importe le genre de travail qu’elles font
tant que cela n’entre pas en conflit avec les valeurs de la société
palestinienne. De nombreuses infirmières et sage-femmes diplômées ne trouvent
pas de travail alors qu’en Israël elles sont une denrée rare. Pour de
nombreuses femmes au chômage, elles voient une opportunité d’améliorer leur
situation financière, voire de perfectionner leurs compétences
professionnelles. D’autres seraient autorisées à ouvrir des petits ateliers de
confection pour vendre leurs réalisations, souvent originales, en Israël et à
travers le monde. De nombreuses petites mains qualifiées n’attendent que
l’opportunité d’être reconnues dans leur travail.
Film sur les femmes de Gaza
Le Hamas semble avoir choisi, peut-être pas la voie de
la paix durable, mais celle du pragmatisme dans le cadre d’un échange de bons
procédés en laissant ses armes et ses roquettes au vestiaire. Cela n’empêchera
pas quelques illuminés de se distinguer dans la violence mais ils resteront
mineurs par rapport au gain sécuritaire. Le Hamas fait lui-même la police. Un risque cependant à la veille des
élections ; le retour au pouvoir de la Droite, alliée aux extrémistes
résolument anti-Arabes et anti-Palestiniens, pourrait annuler ces avancées économiques et
ramener la région à une situation de conflit armé permanent avec le Hamas, conduisant à
une insécurité dans les localités du sud d’Israël, lesquelles votent en
majorité pour le Likoud. C’est le paradoxe des Israéliens dont le seul leitmotiv
reste le manque de confiance à l'égard des Arabes sous prétexte qu’une infime
minorité choisit les attentats pour se distinguer. La droite israélienne ne se
rend pas compte que cela entre dans sa stratégie politique. L’indépendance
économique acquise par Gaza réduirait à néant la création d’un État palestinien si la Cisjordanie seule est concernée.
Partie I :Ainsi la politique d'apaisement mise en oeuvre avec générosité par Israel-que doit on à Gaza dont les dirigeants font des guerres répétitives à Israel et se fondent encore sur une Charte affichant une volonté de destruction?- serait l'apanage du gouvernement actuel semble t'il plus encensé dans cet article que les gouvernements précédents lesquels bénéficient pas de la sympathie de l'auteur car de "droite et d'extreme droite" .
RépondreSupprimerA relever une contradiction : les gouvernements précédents ont fait rentrer 100.000 gazéens pour travailler alors que le gouvernement actuel s'évertue à faire passer le nombre de 20.000 à 300000!!
Il faudrait aussi rappeller qu'avant le retrait de Gaza les travailleurs de cette région souffraient moins des restrictions puisqu'ils étaient présents sur place dans la construction et dans l'agriculture en bénéficiant des droits du travail sous la loi israélienne.
Par ailleurs une excelllente entente moins explosive qu'aujourd'hui existait de façon générale entre ces travailleurs et les colons honnis par la gauche israélienne. Les multiples guerres par missiles en témoignent.
L'idéologie islamiste ayant pris le dessus la population de Gaza a perdu ces avantages tout en ayant gagné d'etre prise en otage ... par ceux qu'elle a élu démocratiquement.
Enfin il serait bon de se départir de l'idéologie contestable selon laquelle la droite et l'extreme droite seraient "racistes" et la gauche angélique.
Les accords d'Oslo ont été mis en oeuvre par la gauche bourgeoise Tel-Avivienne qui voulait se séparer des arabes pour empecher qu'ils ne débordent démographiquement chez eux dans les années à venir. D'où l'idée de les placer derrière une ligne à défaut de frontières immédiates possibles.
Le slogan "nous ici et vous là-bas" illustre cette volonté que d'aucuns stigmatisent de racistes. Les premiers à l'avoir compris sont les arabes eux-memes rappelant qu'un de leurs députés à la Knesseth déclarait préférer discuter avec un collègue de droite plutot que de gauche. Et pour cause il rejetait un paternalisme à son sens hypocrite.
L'extreme droite, elle, celle qui refuse ces accords d'Oslo, celle des hommes qui se sont installés sur place au contact des arabes - donc loin de celle que les journalistes se plaisent à caricaturer- considére au contraire que vivre sur le meme ensemble territorial est possible en leur accordant les memes droits sociaux et économiques à condition qu'ils acceptent la légitimité d'Israel et ne la combattent pas par le le terrorisme appuyé par l'idéologie islamique, quitte en cas de refus à proner des mesures radicales qui font horreur à la gauche (expulsion - transfert).
Une conception raccourcie en relation avec une situation européenne actuelle selon le schéma "tu es chez moi et tu te comportes selon mes lois . A défaut si tu remets en cause ma légitimité existentielle par les armes alors tu seras mis dehors".
Idée vraiment d'extreme droite? Itshak Rabin avait expulsé hors d'Israel avec sa famille un imam pronant le terrorisme et menacait de reprendre militairement les territoires que les palestiniens ont recu dans le cadre des Accords d'Oslo si le terrorisme se poursuivait.
Pour rappel également, Avigdor Liberman,de droite autrefois conspué par la gauche lorsqu'il faisait partie du gouvernement Natanyahou projetait vu l'incessant terrorisme dans le cadre d'éventuels accords de paix un transfert afin de séparer la population juive d'une population manifestant son hostilité à l'existence d'Israel.
Suite Partie II :
RépondreSupprimerReste enfin à se poser la question si l'idée de transfert si rebutante peut déboucher sur une situation d'apaisement pour des populations qui historiquement et idéologiquement ne peuvent vivre ensemble car influencées par des intérets ou des puissances extérieures .
Les Alliés ont expulsé aprés guerre la population allemande par centaines de millliers de certaines régions de Pologne et de Tchèkoslovaquie pour éviter que ne perpétuent dans l'avenir des foyers de guerre.
L'Otan a séparé des populations serbes et croates allant jusqu'à créer au coeur de l'Europe un nouvel Etat : l'Albanie.
On pourrait multiplier les exemples (Inde et Pakistan) en accordant une large place au conflit entre la Russie "prompts" protéger à tort ou à raison ses populations russophones au préjudice de pays qui ne le sont pas ou plus.
Une conclusion est-elle possible? Sans doute pas encore. Tout au plus peut-on souhaiter relativiser concernant Israel dans le cadre de son conflit complexe de défense existentielle les notions d'extreme droite et de "racisme" trop souvent galvaudées, tout autant que démenties par des réalités sur le terrain.
Arrêtons de nous en prendre à la droite. Si le Hamas ne détournait pas les milliards reçus de l'étranger soit pour enrichir les dirigeants soit pour entretenir à très grands frais un arsenal militaire, tel que la fabrication des roquettes et le creusement de tunnels souterrains pour annihiler Israël, la bande de Gaza se suffirait à elle même pour y créer des emplois. Israël n'a aucun devoir à entretenir une population prise en otage par un groupe terroriste Toutefois, libre à Israël d'utiliser une main d’œuvre qualifiée et bon marché. Même les partis de droite se rallieraient, si les conditions sécuritaires sont réunies. Cordialement.
RépondreSupprimerM.Bliah, j'ai lu votre rponse avec interet. Vous avez neanmoins commis quelques fautes:
RépondreSupprimerL'exercice du pouvoir d'une minorite sur une majorite s'appelait colonialisme, puis apartheid.
Il se trouve que le nombre d'Arabes vivant sur le territoire liminte a l'est par le Jourdain et a l'Ouest par la Mediterranee est nettement plus eleve que celui des Juifs.
Ces permis de travail me font homnte. Nous exploitons a bon compte de pauvres heres, nous nous permettons de ne pas beneficier des memes avantages que leurs collegues juifs. Cela fait fremir rien que d'y en penser. Mais cela vous laisse froid comme un concombrre.
Une autre erreur concerne l'Albanie, pays europeen forme en 1918 au lendemain de la 1e Guerre Mondiale. C'etait meme au bebut une royaute. L'OTAN a cree un Etat pour mettre de l'ordre (incertain) en ex-Yougoslavie. Cet Etat s'appelle le Kossovo.
Il n'y a aucun doute que l'immense majorite des Israeliens juifs voudraient voir partir cette population arabe. Seul petit probleme: ils vivent tres bien en Israel, meme mieux qu'en France ou ailleurs. En Europe, les Juifs ont ete accuses (non sans aison) de filous et de voleurs. Avant la Shoah, pour designer un travail mal fait, on parlait de Yiddishearbet" (travail juif en yiddish). Aujourd'hui, en Israel on parle de travail arabe,
Nos juifs sont devenus les Arabes et ceux ci savent exploiter a leur aise tout ce qui peut l'etre: en Israel, pas une seule entreprise industrielle ou commerciale ne se soustrait a la "Protection". Cela permet aux Bedouins d'Israel d'etre probbablement la classe la pllus riche d'Israel tout en se dissimulant dans des oripeaux ou des baraques en toles.
La solution: partir d'Israel. Ce pays n'est pas le notre, il est celui des Arabes.