AFFAIRE RUSHDIE : LOUPS SOLITAIRES ET FATWAS LOUFOQUES
Chronique d’un papy flingueur Albert NACCACHE
Salman Rushdie |
Hadi Matar, 24 ans, arrive pour sa mise en accusation au palais de justice du comté de Chautauqua à Mayville, New York, le 13 août 2022. |
La thèse du «loup solitaire»
réapparait comme c’est souvent le cas pour ce type d’affaires. Elle est souvent
défendue par ceux qui ne condamnent pas tout à fait l’acte terroriste et
cherchent à en diminuer la portée. Ainsi Courrier international cite des
articles indiquant que Hadi Matar a agi seul et pour des motifs «qui ne sont
pas très clairs». Lina Farelli de SaphirNews rapporte que l’Iran «rejette
la faute sur l’écrivain», que les motivations de l’assaillant, «restent
encore à éclaircir». Le directeur de la Sûreté générale libanaise, Abbas
Ibrahim, affirme que Hadi Matar n'avait «jamais mis les pieds au Liban». L’Iran
et le Hezbollah démentent «catégoriquement» tout lien avec l’agresseur...
Sur les conseils de son avocat,
Matar interviewé en prison par le New York déclare n’avoir lu que deux pages des Versets
sataniques. Il a poignardé Salman Rushdie à dix reprises. Il indique «J'ai de l'estime pour l'ayatollah. Je pense que c'est quelqu'un de
remarquable». Et à propos de Rushdie : «Je
ne l'aime pas, je ne l'aime vraiment pas. C'est quelqu'un qui a attaqué l'islam».
Il a assuré ne pas être en contact avec les Gardiens de la révolution iraniens.
Radicalisation de l’auteur
Silvana Fardos, mère de Hadi Matar et son fils |
Dans une interview
exclusive au journal britannique DailyMail.com, Silvana Fardos, mère de Hadi
Matar, a révélé comment son fils, qui a grandi aux États-Unis, a changé après
un séjour d’un mois au Liban en 2018. Un séjour qui l'a transformé en «fanatique
religieux». La famille est originaire du village de Yaroun, au Liban-Sud.
Loup solitaire ou meute ?
Yaroun |
Autre témoignage, celui de l’islamologue Romain Caillet, un bon connaisseur de la mouvance musulmane extrémiste. Il présente sur Twitter Hadi Matar comme «un chiite libanais d’obédience khomeyniste». Selon Romain Caillet, sur le profil Facebook de l’agresseur présumé sont affichées des photos de «figures du régime iranien, ainsi que son fondateur, l’Ayatollah Khomeyni»
La fatwa
Ruhollah Khomeiny, le Guide
suprême du régime clérical iranien, n’avait pas lu le livre Les Versets
sataniques qui ne pouvait être qu’un livre satanique, n’ayant d’autres fins
que l’insulte ou le blasphème. Il publia le 14 février 1989 cette fatwa (décret
religieux) : «Au nom de Dieu tout-puissant. Il n’y a qu’un Dieu à qui
nous retournerons tous. Je veux informer tous les musulmans que l’auteur du
livre intitulé Les Versets sataniques, qui a été écrit, imprimé et
publié en opposition à l’islam, au prophète et au Coran, aussi bien que ceux
qui l’ont publié ou connaissent son contenu, ont été condamnés à mort.
J’appelle tous les musulmans zélés à les exécuter rapidement, où qu’ils les
trouvent, afin que personne n’insulte les saintetés islamiques. Celui qui sera
tué sur son chemin sera considéré comme un martyr. C’est la volonté de Dieu. De
plus, quiconque approchera l’auteur du livre, sans avoir le pouvoir de
l’exécuter, devra le traduire devant le peuple afin qu’il soit puni pour ses
actions. Que Dieu vous bénisse tous».
Khomeiny est même allé jusqu’à
affirmer que «si un non-musulman apprenait où se trouvait Rushdie et pouvait
l’exécuter plus rapidement que les musulmans, il incombait aux musulmans de
payer une récompense ou des frais en échange de cet acte». « Il est vrai
que ladite fatwa de l’Ayatollah Khomeiny est, métaphore oblige, une bombe
nucléaire culturelle prononcée par le théoricien de la religion politique
iranienne de Wilayat al Faqih (Vicariat du jurisconsulte). Dans cette doctrine
politico-religieuse, le juriste-théologien ou jurisconsulte, agit en tant que
vicaire terrestre, mandataire de l’Imam occulté invisible, lui-même conçu comme
l’ombre de Dieu sur le monde. Les sentences d’une telle autorité canonique
engagent naturellement le croyant fidèle et demeurent valides tant qu’elles
n’ont pas été annulées par l’instance d’autorité qui les a proclamées. [2]
Pour la fatwa |
En 2005, Khamenei, validant la fatwa de son prédécesseur,
déclare que tuer Rushdie demeure licite car autorisé par la religion. De plus,
en 2016, une levée de fonds organisée en Iran par plusieurs médias, a réussi à
augmenter la prime de la tête de Rushdie d’un montant de 600.000 dollars
américains. Elle se monte actuellement à trois millions de dollars. Pour un
croyant convaincu d’être le justicier de Dieu, la connaissance de l’ennemi est
tout à fait secondaire. Le combat ne se déroule pas dans le contexte guerrier
classique d’un face-à-face mais dans un conflit asymétrique où le visage de
l’ennemi disparaît au profit d’une métaphore : le criminel, l’infidèle,
l’occupant, l’apostat, etc. Le compte
Twitter @khamenei_ir, qui reprend les opinions de Khamenei a posté en 2019 que
la fatwa était «irrévocable».
Cheikh Sadek al-Naboulsi, un
des porte-parole du Hezbollah, a justifié la fatwa de 1989, appelant à tuer
l’écrivain britannique d’origine indienne, Salman Rushdie, par le fait qu’elle
a été émise par la plus haute autorité islamique, l’ayatollah iranien Rouhollah
Khomeiny. Il a considéré qu’elle est destinée à tout musulman authentique. À
ses yeux, la diplomatie iranienne ne serait qu’un détail lié à des intérêts
ponctuels, notamment les négociations nucléaires avec les États-Unis. Les
effets de la position diplomatique iranienne s’arrêtent donc à ce stade, et ne
sont nullement liés au projet ultime, qui est l’État de Wilayat al-Fakih.
Celui-ci ne reconnaît aucune loi, locale ou internationale, parce qu’il
s’estime au-dessus de tous ces textes dans la mesure où il considère qu’il tire
son autorité de Dieu… N’est-il pas un ayatollah et ne représente-t-il pas
l’esprit de Dieu (Rouhollah) ?
Sur cette photo d’archives prise le 26 février 1989, le Hezbollah brûle une effigie de l’écrivain britannique Salman Rushdie. |
La presse iranienne a largement
célébré cette attaque. Le principal quotidien Kayhan, a félicité
l'agresseur : «Bravo à cet homme courageux et conscient de son devoir
qui a attaqué l'apostat et le vicieux Salman Rushdie. Baisons la main de celui
qui a déchiré le cou de l'ennemi de Dieu avec un couteau».
Ciao les préjugés
Dans un programme éducatif religieux intitulé :
La Casa del Hikma Saphirnews s’interroge : La fatwa, une
condamnation à mort ? «La fatwa
est un des vocables de l'islam d'un usage désormais répandu en France mais dont
le sens originel est largement dévoyé. Alors, que faut-il comprendre de ce mot
? Faut-il ne l'associer qu’à une menace ou à une condamnation à mort ? C'est le
thème du premier épisode de la saison 2 de la série La Casa del Hikma. Ciao les
préjugés. L’entrée dans le langage courant
du terme fatwa dans les sociétés occidentales s’est accompagnée, au gré de
tragiques actualités à travers le monde, de discours simplistes et caricaturaux,
porteurs en conséquence de confusions sur cette notion. La fatwa renvoie
malheureusement dans de nombreux esprits à l'anathème, à une menace de mort et
à un appel au crime. L’usage de plus en plus répandu de l’expression « lancer
une fatwa sur la tête de quelqu’un » en France en est d’ailleurs un exemple
manifeste, entendue notamment à maintes reprises après l’odieux assassinat de
Samuel Paty en octobre 2020. Ce
détournement de sens, qui ne part pas de nulle part et dont des musulmans sont
aussi responsables, s’inscrit dans un continuum avec les préjugés traversant la
notion de « charia » dès lors qu’elle est réduite à un système pénal archaïque
présenté comme islamique et qui prévoirait uniquement des sanctions, en
particulier des châtiments corporels. Or, la fatwa est avant tout un avis
juridique consultatif émis pour toute question – parfois même jugés loufoques –
par des spécialistes de la jurisprudence islamique et qui peut avoir dans des
pays musulmans (et pas ailleurs) une valeur décisionnelle selon le système
politique adopté par les Etats ou encore la place accordée au pouvoir
religieux. Une fatwa ne revêt jamais un caractère intemporel. Pour Tareq Oubrou,
ce qui est permis aujourd’hui peut être interdit demain. C’est le contexte qui
détermine l’intensité normative de la fatwa. Après avoir expliqué le jihad et
la charia, c’est à nouveau avec Tareq Oubrou, le recteur de la mosquée de
Bordeaux, que La Casa del Hikma consacre une vidéo sur la notion de fatwa». [3]
Fatwa loufoque |
Le tweet de Chems-Eddine Hafiz
Samedi 13 août, Salman Rushdie
vient d’être poignardé lors d’une conférence donnée aux Etats-Unis. Le recteur
de la Grande Mosquée de Paris (GMP), modéré, publie sur les réseaux sociaux un
texte au contenu violent.
Le tweet de Chems-Eddine Hafiz |
Alain Jakubowicz, ancien
président de la Licra, répond à @chemshafiz : «J’eusse aimé que ce tweet fusse le premier sans ce troublant
retard à l’allumage». De
quoi rassurer Salman Rushdie ? L'auteur d'Harry Potter, J. K. Rowling a reçu une menace de mort sur
Twitter après avoir publié un message de soutien à Salman Rushdie, «Ne
t'inquiète pas, tu es la suivante».
La journaliste Dima Sadek |
Après avoir publié sur son compte Twitter une
photo du commandant de la force Al-Qods, au sein des Pasdaran iraniens Kassem
Soleimani et du leader de la révolution islamique en Iran, Ruhollah Khomeiny
avec, pour légende, Versets sataniques, la journaliste Dima Sadek,
réputée pour être aux premières lignes de l’opposition au Hezbollah, est
victime d’une violente campagne menée contre elle par l’armée électronique de
la formation pro-iranienne. Un photographe de presse, Hassan Chaabane, est
également menacé par des partisans du Hezbollah. Dima Sadek dénonce une
campagne «d'incitation au meurtre» contre sa personne menée notamment
par le fils de Hassan Nasrallah.
[1] OLJ / le 15 août 2022
[2] Antoine Courban, Ici Beyrouth 15 août 2022
[3] Hanan Ben Rhouma Rédactrice en chef de Saphirnews 13 avril 2021
أما قصية سلمان رشدي فهي مأساة قديمة جديدة تتكرر على مر الأعوام لأنناـ بكل بساطة ـ نمشي إلى الوراء نفكر بعقلية قديمة ندعي التقدم وحرية الفكر و الرأي و المعتقد..و.. و.. القضية ليست قضية دبن، ليست قصيد الدفاع عن الإسلام. ما حصل لسلمان رشدي ليس قضية..لا توجد قضية ، يوجد اعتداء
RépondreSupprimerبلا مبرر.. إنسان متعلم مثقف ليس له من سلاح سوى القلم والإبداع في مواجهة إنسان لم يتعلم ام يتثقف لا يحسن استعمال القلم وإعمال الفكر، له سلاح يطعن به ويقتل به وينهي حياة الأبرياء .. شدّ ني كثيرا عنوان المقال للكاتب الصحفي " ألبرت نقاش" الصحفي الكاتب لا يدين ولا يدافع، لكنه يثير مأساة سلمان رشدي الإنسان المتعلم " ألبرت نقاش" الصحفي يرى سلمان رشدي المثقف الذي بحمل القلم و يُعمل الفكر " وحيدا".. منزوعَ السلاح قد غُلب على أمرع بسبب الجهل والتعنت والتعصب وعدم فهم الدين و تفسير فكر سلمان رشدي بلا دراسة بلا بحوث بلا معرفة .. كل الذين يداوفعون على الدين ـ في كل الديانات ـ لا يقرأون .. يدخلون في معارك ساخنة تؤدي إلى التطاحن و والجدل العقيم وهم لا يقرأون ..، يجادلون عن قلة معرفة وعدم فهم وتعصب لأفكار بالية ..أصبح مزعجا جدا، جدا أن تتعلم و تقرأ و تلهث وراء المعرفة و تجد نسفك أمام متعصبا لرأي أو فكرة يدعي المعرفة و يريد أن يزرعها في تفكيرك لتحصد معه الجهل.. أصبح مزعجا جدا أن تُجبر على الصمت أن تعيش الخوف وغيرك،.. ويحيا الجاهل و يتمتع بجهله و فتاويه و ترهاته الدينية الفارغة ةيحمس لها وأنت تتفرج.. لا أعتقد أن سلمان رشدي بعد أن يتعافى سيخاف وينقطع عن الإدلاء بآرائه في مجاله.. ولكن قد يخاف غيره.. قد يخاف كل إنسان يفكر بعقله فيخرس لسانه و يحجم قلمه عن الكتابة .. ويصبح تابعا للمتعصب و المتعنت و الكافر بكل فكرة جديدة تهم الحياة والدين . و هذا ما بدأ يشعر به العديد من المفكرين و المثقفين.. خاصة في السنوات الأخيرة.. لقد أصبح المتعلم يخجل من أن تتكلم في مجاله أو أن يتدخل بفكرة.. لأن الكل أصبح يتكلم و يتدخل بأفكار غريبة ليس لها جذور أفكار " شارعية " يتداولها العامة في الشارع في الحافلة في محطات القطارات وسط المجموعات المتزاحمة على الأخبار اليومية داخل المقاهي ما يجعل الواحد يتساءل.. لماذا تعلم ؟؟ ماذا سيفعل أمام جهل الجاهلين وهل مازالت الشهادة العلمية صالحة؟؟.
Traduction de l’opinion en langue arabe à partir de Google
RépondreSupprimerL'attentat contre Salman Rushdie est une tragédie ancienne et nouvelle qui s'est répétée au fil des ans parce que nous revendiquons le progrès et la liberté de pensée, d'opinion et de croyance. Il ne s’agit pas de la défense de l’islam mais d’une agression sans justification.
Une personne instruite, éduquée qui n'a d'autre arme que la plume et la créativité se trouve face à une personne qui n'a pas appris, n’est pas est éduquée et ne sait pas utiliser la plume et dont la seule pensée est de poignarder et tuer et mettre fin à la vie d'innocents.
Tous ceux qui prônent la religion - dans toutes les religions - ne lisent pas.. Ils entrent dans des batailles acharnées qui mènent à la discorde et au débat stérile alors qu'ils ne lisent pas.. Ils se disputent sur l'ignorance, l'incompréhension et l'intolérance des idées dépassées.
C'est devenu très ennuyeux, très ennuyeux d'apprendre, de lire et de courir après le savoir et de se retrouver en danger devant un fanatique meurtrier. C'est devenu très ennuyeux d'être contraint au silence et de vivre dans la peur.
L'ignorant se satisfait de son ignorance, des fatwas et des bêtises religieuses vides, il s'enthousiasme de son fanatisme.
Je pense que Salman Rushdie, après sa guérison, aura peur et cessera d'exprimer ses opinions dans son domaine..
C’est ce que beaucoup de penseurs et d'intellectuels ont commencé à ressentir.. Surtout ces dernières années. La personne instruite a honte de parler dans son domaine ou d'interférer avec une idée intolérante. Parce que tout le monde commence à parler et à interférer avec des idées intolérantes qui n'ont pas de fondements et qui circulent parmi le public, dans la rue, dans les bus, dans les gares, parmi les groupes qui se bousculent pour l'information quotidienne dans les cafés, ces idées intolérantes qui deviennent la pensée dominante par ce phénomène de foule, ce qui fait qu'on ne peut plus s’y opposer
La plupart, si ce n'est la totalite des personnes attaquant les "Versets Sataniques" ne l'ont pas lu. Je ne suis pas musulman, j'ai lu le gros pave de Salman Rushdie, il m'a paru assezennuyeux, mais je devais le lire, rien que pour comprendre la partie adverse. Et je ne comprends pas...
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