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mardi 8 février 2022

Le Néguev est israélien par Albert NACCACHE

 


LE NÉGUEV EST ISRAÉLIEN


Chronique d’un papy flingueur Albert NACCACHE

 


Désert du Néguev

     Le Néguev est israélien. Faut-il le rappeler ? Car on pourrait en douter à la lecture des nombreux articles écrits à propos des manifestations des Bédouins du Néguev qui s’opposaient à la plantation d’une forêt par le KKL ou Fonds national juif. Certains ne l’ont jamais admis et beaucoup feignent de l’oublier. Oui le Néguev est israélien. Le Néguev de l'hébreu נֶגֶב est une région désertique du sud d'Israël. En hébreu biblique, Néguev signifie «sud». D’une superficie de 13.000 km2, ce désert forme un triangle posé sur l'un de ses angles, au sud au niveau du golfe d'Aqaba et de la ville d'Eilat. Il est limité à l'ouest par la péninsule du Sinaï et la bande de Gaza et, à l'est, par la vallée de l'Arabah qui constitue la frontière entre Israël et la Jordanie. Il couvre environ 60% de la surface d’Israël mais accueille moins de 10% de sa population. La ville principale est Beersheva. Parmi les autres villes, on trouve Dimona et Mitzpe Ramon et des cités bédouines dont Rahat et Tel Sheva.



Le Néguev est cité dans 96 versets du canon biblique juif et met en scène des personnages comme Abraham ou Moïse. Un épisode peu connu est celui de la jeune Aksa qui demande son père Caleb : «Fais-moi un présent ; puisque tu m'établis au pays du Néguev, donne-moi des sources d'eau... Et il lui donna les Sources d'en haut et les Sources d'en bas !». (Josué 15, 16-19).

L’arrivée des tribus bédouines dans le Néguev est récente. Elles ont quitté la péninsule arabique pour nomadiser dans une région englobant la Transjordanie et les déserts du Néguev et du Sinaï au cours des 18ème et 19ème siècle. La population de Bédouins du Néguev est estimée aujourd’hui à 280.000 personnes. En voie de sédentarisation, ils sont dirigés vers des villages et villes construits par le gouvernement. Une partie vit encore de nomadisme, dans des villages non reconnus où les conditions sanitaires sont précaires en raison de l'absence d'infrastructures et des démolitions exercées par les autorités israéliennes lorsqu'il s'agit de constructions illégales. Une situation conflictuelle où les incidents se déroulent de manière récurrente.

Cette opposition entre les sédentaires et las nomades est bien décrite par l’historien Ibn Khaldoun qui dans la «Muqaddima» (l'Introduction à son Histoire universelle). Il différencie les deux types de systèmes sociaux et politiques développés au cours de l’histoire : les sédentaires et les nomades, l’existence de l’État étant «à la fois produit et marqueur de la sédentarité».

Depuis plusieurs années, des journalistes français, reprenant le narratif du Hezbollah ou des Palestiniens ont du mal à admettre la souveraineté de l’État d’Israël sur la Galilée et le Néguev. N’oublions pas que le rêve du Hezbollah est d’occuper -même temporairement- une partie de la Galilée. Déjà le 10 octobre 2000, Alexandra Schwartzbrod, correspondante de Libération critiquait l’action des «colons juifs» de Galilée : «Feu sur les Arabes de Nazareth. Attaqués par des colons, ils ont été aussi réprimés par la police. C'était la fête de Yom Kippour, nuit de jeûne et de pardon, les rues étaient désertes à Nazareth. Dans la nuit de dimanche à lundi, des centaines de colons juifs ont quitté leur colonie de Netzrat Elite pour déferler sur Nazareth-Est, où vit une importante communauté arabe israélienne».

Le 12 octobre 2021, Samuel Forey, envoyé spécial de Libération dans le Néguev écrit : «En face, une colonie israélienne a tout l’équipement nécessaire». Pour Pierre Barbancey, grand reporter de l’Humanité les Bédouins d’Israël sont «victimes de la colonisation intérieure. Les Bédouins sont l’objet de harcèlement de la part des autorités israéliennes, qui voudraient les parquer dans des réserves et des bantoustans, et installer des familles juives à leur place». Il dénonce la politique de «judaïsation» de l’État Juif. «C’est une véritable politique d’apartheid».

Ces journalistes sont les compagnons de route des activistes pro palestiniens dont la propagande inonde Internet et qui publient dans toutes les langues et hashtags disponibles sur les plateformes de médias sociaux Facebook, Instagram, Twitter, Tik Tok... Se sont manifestés pour cette affaire : Assawra, AURDIP, Middle East Eye, Middle East Monitor, Al Jazeera, Mondoweiss, Mayadeen, Charleroi pour la Palestine, Chronique de Palestine, Free Palestine, Palestine Vaincra, Capjpo Europalestine, ISM, BDS, Centre palestinien d’information, AFPS, Chrétiens de Méditerranée, Jean-Pierre Palestine. Où sont apparus les termes : «transfert forcé, c’est-à-dire à un crime de guerre», «Forces d’occupation», «l’occupation cherche à soumettre notre peuple à Al-Naqab à ses politiques», «résistance à l’occupation israélienne», «dénoncer les politiques brutales de l’occupant», «La guerre continue. La résistance continue», «40 villages bédouins du Néguev, menacés par le régime colonial sioniste», Planter des arbres dans le Néguev, ce n’est pas du reboisement, c’est de l’épuration ethnique, un nettoyage ethnique».  

Toute ces brillantes idées sont reprises dans le rapport délirant d’Amnesty International qui vient d’être publié, accusant Israël d’apartheid. Un document «mensonger, biaisé, antisémite» qui a pour but d’ôter toute légitimité à Israël.

Manifestation contre le KKL


Hazem Qassem, porte-parole du Hamas est catégorique : «Le soulèvement du Néguev révèle l’incapacité de l’occupation et de ses outils coloniaux à résoudre le conflit avec notre peuple palestinien. La lutte nationale se progresse clairement dans tous les domaines de la résistance à la machine coloniale sioniste. Notre combat contre l’occupation continue et qu’il ne peut s’arrêter qu’avec la victoire de notre peuple, le propriétaire de la terre et le droit».

Les réactions de la population juive israélienne

Analyse politique de Daniel Haïk 

«Le Néguev, territoire perdu de l'Etat d'Israël» [1]. «La fusillade entre deux clans rivaux lundi soir devant l'hôpital Soroka de Beer Sheva a remis sur le devant de l'actualité un problème dramatique : celui de la criminalité grandissante au sein de la communauté des Bédouins du Néguev. Ben Gourion, qui rêvait de voir prospérer le Néguev aurait été certainement peiné de découvrir que "son" désert est devenu, au cours des dernières années, une immense zone de non-droit, dans laquelle de nombreux Bédouins israéliens font régner un véritable terrorisme social: contrebande, vols, trafic d'armes, rackets permanents sur les routes, règlements de comptes meurtriers, regain du nationalisme palestinien, et par-dessus tout, implantation illégale sur des milliers d'hectares de terres domaniales… le Néguev s'est ainsi transformé en un véritable État dans l'État, un "territoire perdu" d’Israël, sur lequel ne règne ni Dieu, ni Loi… Comment en est-on arrivé là ? Comment cette minorité arabe, admirée par le passé pour l'excellence de ses pisteurs qui servaient fièrement dans Tsahal, est-elle devenue un vivier de délinquance, de violence et de mépris de l'Etat de droit ? On peut avancer trois facteurs majeurs. Tout d’abord, la démographie galopante dans ce secteur de la population. La population bédouine du Néguev compte environ 282.000 âmes Son taux de natalité est tel qu'elle double tous les 16 ans ! L'une des raisons essentielles de ces données démographiques est la polygamie, demeurée pratique courante dans cette communauté. Des milliers de Bédouins du Néguev ont plusieurs épouses …Ces femmes donnent naissance à des dizaines d'enfants et petits-enfants, qui souvent se radicalisent. A cela, il faut ajouter le développement illégal de la culture très juteuse du cannabis…Tous les prétextes y sont bons pour déclencher des batailles rangées entre clans rivaux, motivées par un seul mot d’ordre : la vengeance. Des vengeances souvent sanglantes qui, selon l'aveu de beaucoup de Bédouins, font partie intégrante de leur culture et qu'ils brandissent comme une tradition suprême, prévalant non seulement sur la loi israélienne mais également sur la loi de l'islam !» 

          Jacques Benillouche [2]

est ravi car «Israël songe enfin à peupler le Néguev. Au cours de la dernière décennie, le Néguev est devenu une sorte de Silicon Valley orientale, la vitrine technologique d’un État qui veut s’affirmer dans l’agriculture de pointe, la robotique et la cybersécurité. C’est là qu’un procédé de micro-irrigation a été découvert et qui permet d’irriguer aujourd’hui 80% des terres du pays. L’État d’Israël a voulu sédentariser les Bédouins nomades, afin de récupérer les terres les moins arides... Le 28 décembre, Ayelet Shaked, ministre de l’Intérieur et membre de Yamina, a planifié la création de quatre implantations juives dans le Néguev, les premières sur un projet de 12, afin d’installer 3.000 familles. Une localité orthodoxe est même prévue. Pour rendre attractives ces nouvelles zones, il a été planifié la mise en œuvre de projets d’infrastructure et d’industrialisation comme l’électricité haute tension, le chemin de fer, et une usine de phosphate. En contrepartie, le gouvernement a signé le 3 novembre 2021 un accord avec Mansour Abbas pour le développement de trois villages arabes, Rahma, Abdah et Khashm Zana, habités par 7.000 bédouins, ainsi que la création d’une nouvelle ville bédouine. Ces projets s’accompagnent par le transfert d’usines militaires et de centres de formation militaire. Tsahal a déjà évacué plusieurs bases administratives du centre du pays, libérant ainsi de nombreux terrains pour des logements civils. Cela implique la construction d’une autoroute Nord-Sud et probablement d’une ligne de chemin de fer».  

«Et nous ferons refleurir le désert! Crise bédouine et KKL, où en sont les piliers du sionisme ?» Par Marc Brzustowski [3] : «Plutôt que de critiquer un gouvernement depuis Paris, comme un manteau d’Arlequin fait de bric et de broc, ce qu’il est sans aucun doute ! peut-être convient-il de voir aussi en quoi l’État Juif serait “moins seul”, si des soutiens probants, voire une Aliyah plus massive venait renforcer les points de peuplement qui sembleraient faire défaut… Ne te demande pas ce que l’État doit faire pour toi, mais ce que toi tu peux faire pour lui».

La police israélienne détient un protestataire 12 janvier 2022

17 janvier 2022 Des arabes appellent à des manifestations violentes en signe de solidarité avec les Bédouins du Néguev

Manifestation de solidarité


On peut noter trois éléments positifs dans cette crise :

1- L’entrés progressive des bédouins dans la modernité avec en particulier la participation de femmes aux manifestations. Pendant des années, les hommes et les mouvements conservateurs, y compris le Mouvement islamique, se sont opposés à la présence de femmes en première ligne pour des raisons de «modestie» et de conservatisme.

Des femmes et des filles bédouines protestent


Des femmes et des filles bédouines protestent contre le boisement et l’expropriation de leurs terres par Israël [4]. Jénine al-Azraq, une jeune fille de 17 ans, est devenue célèbre après que les photos de son arrestation ont été devenues virales.

Une arrestation


La police israélienne arrête Jénine al-Azraq lors d’une manifestation dans le village d’a-Sa’wa al-Atrash dans le Néguev, le 13 janvier 2022.

2- Pour la première fois, un parti arabe fait partie du gouvernement.

A 47 ans, Mansour Abbas dirige le parti Raam, un parti islamiste conservateur modéré lié aux Frères musulmans. Les électeurs de Raam sont principalement des Arabes bédouins, qui comptent parmi les citoyens les plus pauvres du pays. Mansour Abbas est chargé des Affaires arabes et obtient des budgets importants, et contribue à l’adoption de politiques favorables à ses électeurs. L’approche pragmatique de Mansour Abbas lui a donc permis d’obtenir des financements pour le logement, l’électricité et la lutte contre la criminalité dans le secteur arabe. Sans oublier qu’il a récemment reconnu Israël comme un État juif, s’attirant les foudres de citoyens arabes.

Mansour Abbas


3- Le nouveau paradigme avec l’intégration de l’État juif dans la région.   Dernier épisode avec la réception d’Itzhak Herzog à Abou Dhabi. Israël a vécu un moment historique très émouvant avec l’hymne national israélien qui a résonné dans le palais royal des Émirats arabes unis en l’honneur du président israélien Itzhak Herzog et la réception avec tous les honneurs du couple présidentiel.

Le président israélien Itzhak Herzog reçu avec tous les honneurs


[1] i24NEWS 18 novembre 2021

[2] https://benillouche.blogspot.com/2022/01/israel-songe-enfin-peupler-le-neguev.html

[3] 13 janvier 2022 Tribune Juive

[4] Sa’wa al-Atrash, Naqab, 12 janvier 2022.

 

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