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mercredi 24 novembre 2021

Réunions de familles juives à Paris et à Damas par Albert NACCACHE

 

RÉUNIONS DE FAMILLE JUIVES À PARIS ET À DAMAS


Chronique d’un papy flingueur Albert NACCACHE


La façade de Maghen Abraham, la dernière synagogue de Beyrouth


L'ambassadeur du Liban en France, Rami Adwan, a organisé une «réunion de famille» en l'honneur de la communauté juive libanaise résidant en France, au siège de l'ambassade, rue Copernic, à Paris. La reconstruction et la réouverture de la synagogue juive Maghen Abraham à Wadi Bou Jamil, dans le centre de Beyrouth, en 2014, a été acceptée par tous les partis libanais, y compris par le Hezbollah.



A l’intérieur de la synagogue

L’invitation

L'invitation envoyée par l'ambassade aux Juifs libanais souligne l’importance de la communauté juive libanaise pour un pays «attaché à la promotion de son modèle inclusif» et dont «l’avenir ne dépend que de nos capacités à rester solidaires, et de notre volonté de rester ouvert sur le monde et ses richesses». L'ambassade a ajouté qu'elle organisait la «réunion de famille» en l'honneur de la communauté juive, «avec la détermination à retrouver ces racines qui nous sont communes et cette aspiration à un monde en paix qui reste notre raison d’être». Malgré le caractère unique de cet événement, il s'inscrit dans le cadre de la logique constitutionnelle libanaise, la communauté juive étant officiellement reconnue au Liban

Le carton d’invitation

Les Juifs ont résidé au Liban pendant des siècles. Le Liban est le seul pays arabe dont la population juive avait augmenté après la création d’Israël en 1948, pour atteindre environ 10.000 personnes. Mais la population a rapidement diminué par la suite, ne comptant plus que quelques centaines de personnes dans les années 1970 après la guerre des Six-Jours de 1967 et la guerre civile libanaise qui a commencé en 1975 dans un contexte d'antisémitisme croissant, pour se réduire à quelques dizaines de personnes. Il ne reste que 29 personnes sur les quatre mille inscrites sur les listes électorales. Ceux qui restent dans le pays vivent dans la clandestinité, priant en secret, malgré la restauration de la synagogue Maghen Abraham  

Comme de nombreux expatriés libanais, les juifs libanais occupent des emplois importants en France, et leur intérêt pour le Liban s'est accru ces derniers temps, notamment après l'explosion du port criminel de Beyrouth.  Ces Juifs libanais qui ont gardé la nostalgie pour la «terre d'enfance ou du sanctuaire des pères et des grands-pères» ont peu de contacts avec le Liban officiel. L’ambassadeur Adwan, qui en rencontrait certains individuellement, a voulu effacer le sentiment négatif des Juifs libanais à l’égard du Liban officiel et son initiative a été bien accueillie par l’ensemble de la communauté libanaise en France.

La réunion de famille-1

Lors de la réunion du 1er novembre à l'ambassade, l'ambassadeur a déclaré que le pays était en danger et que les citoyens de toutes les religions devaient s'unir pour le sauver. 50 personnes ont participé à la réunion de famille destinée à resserrer les liens avec les Juifs qui ont quitté le Liban et leurs descendants. L’ambassadeur du Liban en France a demandé aux Juifs français d’origine libanaise, leur soutien dans le contexte de l’effondrement économique de son pays. Selon le quotidien libanais An-Nahar, le grand rabbin de France Haïm Korsia a également participé à l'événement.

Dans l'escalier de l'Ambassade

        
     Une photo de l'événement montrait une foule de personnes de tous âges debout dans l'escalier de l'ambassade, ainsi que l'ambassadeur du Liban et le grand rabbin Korsia (en bas et à droite de la photo). Quatre générations de Juifs libanais qui ont quitté le pays par vagues successives étaient présentes à l’événement organisé lundi soir à l’ambassade du Liban à Paris, qui a servi de la nourriture cacher. Une femme de 70 ans, qui a quitté le Liban il y a 30 ans, a demandé à l'ambassadeur libanais Rami Adwan «Pourquoi maintenant ?». Il répondit «L'État libanais a parfois manqué à ses devoirs. Cet État est actuellement en danger, et tous ses citoyens appartenant à différentes communautés doivent s'unir pour le sauver».

«C'est un événement spécial pour moi», a déclaré à An-Nahar Nagi Gergi Zeidan, l'auteur du livre «Juifs du Liban». «Ce que l'ambassadeur Adwan a fait, tous les responsables libanais n'ont pas réussi à le faire». Les autres personnes présentes étaient des Juifs libanais, dont certains retournent au Liban régulièrement, ainsi que d’autres qui n’y sont pas retournés depuis des décennies. Tous les participants ont déclaré qu’ils avaient apprécié le geste

Des citoyens libanais vivant en France ont déclaré à An-Nahar qu'ils étaient réconfortés par l'initiative d'Adwan, car ils craignaient d'avoir des contacts personnels ou professionnels avec la communauté juive pour cause de «malveillance politique». De nombreux utilisateurs de médias sociaux ont exprimé leur soutien à l'événement et l'ont vu comme un signe d'espoir, d’autres ont également exprimé leur opposition, craignant qu'un tel événement pourrait être un prélude à la normalisation avec Israël ou au contraire simplement une tentative de donner une meilleure image du Liban aux puissances occidentales.

An-Nahar avait souligné avant cet évènement, qu'«un pays qui se présente au monde comme un « modèle de coexistence» ne peut rester silencieux sur le sentiment d' «ostracisme» d'un groupe de ses citoyens, tandis qu'Israël, qui est vu comme l'État des Juifs raciste, héberge pourtant trois mille Libanais qui y ont trouvé refuge après le retrait du sud du Liban, il y a vingt et un ans. Ces Libanais déclarent y être les plus heureux du monde en Israël, avec le seul regret de ne pouvoir revoir leur patrie, ce que leur interdit le Liban officiel.

Des Juifs de Brooklyn se sont rendus à Damas avec le feu vert du régime syrien

Un groupe de 12 Juifs de Brooklyn s’est récemment rendu à Damas, la capitale syrienne, avec le soutien du régime d’Assad, selon la chaîne publique israélienne Kan. Ces 12 Juifs New-Yorkais nés en Syrie ont quitté le pays il y a plusieurs décennies et souhaitaient visiter le lieu de leurs racines. Une visite qui interpelle sur les intentions du gouvernement syrien concernant ses anciens citoyens.  Assad cherchant à améliorer son image dans le monde en courtisant les Juifs syriens.

Les 12 dans un restaurant à Damas


Les résidents locaux les ont accueillis et leur souhaité la bienvenue : «Vous êtes dans votre pays, pourquoi ne revenez-vous pas ? Voyez ce qui est arrivé à notre pays, revenez s'il vous plaît». Au cours des derniers mois, un nombre important de Juifs de l'ancienne communauté juive se sont rendus en Syrie. Les responsables du gouvernement local ont encouragé de telles visites et ont promis de protéger les touristes juifs pendant leur séjour en Syrie.

Le souk de Damas

       Les responsables de la communauté juive ont estimé que le régime d'Assad souhaitait rétablir des liens avec les Juifs syriens afin d'améliorer sa mauvaise image dans le monde. D'après les conversations avec des responsables de la communauté juive syrienne, il est révélé qu'il y a trois ans, une invitation du régime de Damas a été déjà envoyée aux Juifs syriens pour visiter la Syrie. La propriété et les bâtiments des Juifs de Damas sont maintenant entre les mains du gouvernement syrien, avec une famille en charge de ces biens.  

Plaque de la synagogue Eliahou Hanabi Damas

Parmi eux se trouve la synagogue juive Eliahou Hanabi, à Jubar, dans l’ancien quartier juif de Damas. Selon la tradition, la synagogue a été construite au sommet d'une grotte dans laquelle Élie le prophète s'était caché. La salle de prière était également le site de l'onction d'Élisée par le prophète Elie. Le magnifique et ancien bâtiment de la synagogue a été en grande partie détruit après la guerre. Après la reprise du quartier par Bachar el-Assad, il est question de rénover la synagogue et, selon des sources de la communauté juive syrienne, une collecte de fonds est organisée pour reconstruire la synagogue et rénover l’ancien cimetière juif de Damas qui est une source précieuse d'informations pour les chercheurs sur l’histoire de la communauté juive en Syrie.

la synagogue détruite


5 commentaires:

  1. Monsieur Naccache,

    Vous lisant comment ne pas se souvenir de l’attentat contre la synagogue de la rue Copernic précisément, du 3 octobre 1980, premier attentat contre les Juifs en France depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ?

    L’ enquête révèlera que les cinq membres du commando sont repartis dès le 4 octobre d’un aéroport parisien pour Beyrouth.

    Ce n’est que le 1er novembre 2008 que le chef du commando de nationalité libanaise et canadienne, un certain Hassan Diab, professeur à l’Université, est arrêté.

    Jusque là, c’est-à-dire pendant près de trente ans c’est la piste de l’extrême droite qui a prévalu autant pour les associatifs religieux ou laïcs que pour les hommes politiques de tout bord et les media.

    Quarante ans après les faits le dossier vient d’être renvoyé, une fois de plus, devant les Assises !

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Attentat_de_la_rue_Copernic

    Difficile donc de ne pas en déduire qu’en France comme au Liban, et quels que soient les « gestes » symboliques de l’ambassadeur du Liban en France en direction des Juifs libanais, il n’est pas sûr que ce soit suffisant pour assurer la paix et la tranquillité entre les religions, ici en France, où les musulmans sont prêts à apporter leur voix aux politiques qui s’engageraient à soutenir leurs revendications sociétales, ou au Liban où l’État est déjà complètement subverti par le Hezbollah islamiste.

    Très cordialement.

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  2. à Marianne Arnaud

    Un collègue d'IBM Roland Gozland dont la sœur fut déportée suite à une dénonciation a quitté la France à la suite de l'attentat contre la synagogue de la rue Copernic.

    Je me dois de présenter les informations qui me semblent important, cependant comme vous je suis très pessimiste sur cette question.
    Et ce n'est pas par hasard que mon article se termine par la photo des ruines de l'antique synagogue du prophète Élie à Damas.

    bien cordialement

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  3. لا أريد أن أعلق على المقال أريد أن أقول كلنا في الهم يأس و مع ذلك.. لا شك أن صاحب المقال مازال يذكر
    معهد كارنو وتونس ..وله ذكريات في ذلك المكان و تلك الأنهج .. قرب معهد كارنو يوجد كنيس مهمل، الأسبوع الماضي سيجوه بباب حديدي
    ALBERT NACCACHE::ليحفظ الكنيس من التلف..أرجو أن يفرح الخبر أو المعلومة الصحفي

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  4. Patrimoine : Qui se souvient de la synagogue Beit Yaakov ?
    Par Hatem Bourial -Avr 24, 2019

    La synagogue Beit Yaacov est la plus ancienne des synagogues du centre-ville de Tunis. Fondée à la fin du dix-neuvième siècle, probablement en 1890, elle se trouve à la rue Eve Nohelle, anciennement rue de la Loire.

    Cette synagogue quoique inutilisée existe encore et se trouve à proximité du lycée Carnot et de la rue d’Alger dans la continuité de laquelle se développe la rue Eve Nohelle.

    Protégée par les services de sécurité, cette synagogue est un lieu de mémoire malgré ses dimensions modestes. Assez étroite en termes de façade, d’une grande simplicité, son aspect monumental est souligné par les baies vitrées qui surplombent son portail.

    Surmontée d’un oculus et d’une étoile de David, l’entrée de la synagogue porte aussi l’inscription Beit Yaakov sur son fronton.

    Notons que ce lieu de culte portait également le nom de Slat Shalom Cohen en reconnaissance des bienfaits de celui qui avait offert le terrain et probablement érigé cette synagogue.



    Shalom Cohen était le propriétaire du terrain sur lequel s’élève cette synagogue et aussi du fameux Palais Cohen sur l’avenue de Paris.

    Passant par des difficultés financières, Cohen avait revendu son palais en 1898. Ce dernier deviendra le Palais des Sociétés françaises et abrite actuellement les locaux de la maison Ibn Rachiq et ceux de l’Institut de Musique et du Conservatoire de Tunis.

    Antérieure à la grande synagogue de l’avenue de la Liberté, Beit Yaakov demeure un lieu de mémoire et la première synagogue construite dans le nouveau centre-ville européen.



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