L’ESPOIR RENAÎT À GAZA QUI
VEUT INVESTIR DANS L’HÉBREU
Par Jacques BENILLOUCHE
Kamil Abu Rokon |
L’espoir renaît à Gaza car ses habitants voient le bout du tunnel avec le
calme revenu. Le chômage, avec pour conséquence la misère qui en découle, va
progressivement diminuer grâce à la bonne volonté des Israéliens, encouragés à lâcher du lest par les Égyptiens qui souhaitent que leur frontière soit
pacifiée. Le général druze, Kamil Abu Rokon, chef du COGAT (Administration
Civile israélienne dans les Territoires palestiniens) a annoncé avoir délivré
3.000 permis de travail supplémentaires à des Gazaouis portant le total des
permis à 10.000. C’est une grande avancée alors qu’il y a quelques mois encore
Gaza était totalement verrouillée : «La décision d’augmenter le quota
de commerçants a été prise par l’échelon politique à la suite d’une évaluation
de la sécurité sur la question. Les autorisations sont conditionnelles à la
préservation continue de la stabilité de la sécurité de la région à long
terme». La dénomination de «commerçant» est une figure de style pour
ne pas avouer qu’il s’agit de simples ouvriers interdits d’entrer en Israël.
Des Gazaouis de Jabalia se rassemblent pour demander un permis de travail en Israël |
Depuis que le Hamas a pris le contrôle de la bande de Gaza en 2007, les
restrictions de mouvement, combinées à de multiples guerres avec Israël, ont
dévasté l’économie de Gaza et laissé une majorité de la population du
territoire sans eau potable, électricité ou système d’égouts approprié. Gaza
avait préféré investir dans des fusées et des roquettes plutôt que dans le
bien-être de ses citoyens. Israël et le Hamas ont depuis tenu des pourparlers
indirects facilités par l’Égypte visant à renforcer le fragile cessez-le-feu
qui a mis fin aux hostilités. Benny Gantz a voulu faciliter ce qu’il qualifie
de «geste humanitaire» en assouplissant les restrictions sur les biens
et les matériaux entrant de la bande de Gaza et a élargir la zone de pêche de
Gaza. Du donnant donnant. Il a par ailleurs normalisé la résidence en
Cisjordanie de plus de 4.000 Palestiniens sans papiers, dont beaucoup avaient
quitté Gaza pour échapper au Hamas.
Alors, face à la forte demande de demandes de visas de «commerçants»,
certains Gazaouis veulent augmenter leurs chances de l’obtenir en apprenant
l’hébreu. Nous sommes cependant loin de la situation qui prévalait avant que le
Hamas ne prenne le contrôle de la bande de Gaza en 2007 car 120.000
travailleurs traversaient la frontière. Travailler en Israël est un rêve et un espoir pour des dizaines de milliers
de chômeurs, qui depuis 2000 ne travaillent pas parce que l’Autorité
palestinienne a cessé de fournir et de financer des emplois dans la bande de Gaza.
Les images des files d’attente de chômeurs devant les Chambres de commerce choquent
les dirigeants arabes mais ils n’ont rien fait pour créer des emplois pour un
quart de million de citoyens. Le taux de chômage dans la bande de Gaza est de 65%, alors que le taux de
pauvreté est d’environ 80%. Par ailleurs, des soupçons de corruption dans
l’octroi des permis sont une certitude. L’oisiveté met la population à la merci
des groupes terroristes qui trouvent ainsi un vivier de candidats au suicide
pour quelques shekels de plus.
Cours d'hébreu à Gaza |
Israël ne peut être tenu pour responsable des images des files d’attente de
jeunes, exprimant leur véritable souffrance alors que les autorités au pouvoir,
aussi bien à Gaza qu’en Cisjordanie, font tout pour rester à leurs postes et
pour dilapider à leur profit les aides internationales. Ils feignent de ne pas
réaliser que la population exige de la nourriture, de la sécurité et de la stabilité
et qu’elle n’a d’autres aspirations que de gagner sa vie face à des dirigeants
incapables de leur fournir un minimum de vie décente. Israël a compris qu’il
fallait rompre le lien de la population avec ses dirigeants corrompus et
égoïstes, en rendant les conditions économiques moins difficiles.
affluence à Gaza devant les chambres de commerce |
C’est le seul moyen d’affaiblir le Hamas qui dispose pourtant de nombreuses
recettes locales provenant des impôts et des droits de douane, dont une grande
partie part en fumée dans les missiles au lieu d’être utilisée dans des projets
stratégiques pour réduire le chômage et la pauvreté. La population a enfin compris
que la politique désastreuse du Hamas les a écartés de leur rêve, simpliste
pour certains, obtenir un emploi et ne pas dépendre d’une aide humanitaire
saisonnière. Ce n’est pas pour autant qu’elle approuve l’inertie de l’Autorité
palestinienne. Depuis le début de 2021, les familles pauvres n’ont reçu qu’un
seul paiement incomplet de 750 shekels (230$).
Ahmed El-Falet |
Mais les milliers de Gazaouis, qui demandent des permis de travail, sont
aujourd’hui conscients de leur handicap parce qu’ils ne parlent pas l’hébreu non
enseigné dans le programme palestinien. Alors pour augmenter leurs chances
d’être choisis, ils cherchent maintenant
à apprendre l’hébreu dans des centres privés de formation de la langue
enseignée par d’anciens prisonniers qui l’ont apprise dans les geôles
israéliennes. Ainsi un directeur de l’un des centres, Ahmed al-Falet, ancien
prisonnier libéré dans le cadre de l’accord d’échange Shalit de 2011, est
convaincu qu’il est important que les travailleurs maîtrisent la langue
hébraïque pour faciliter la communication. Il organise des cours de six mois
avec cinq niveaux. 60 étudiants ont été inscrits dès le premier jour de
l’ouverture des cours de conversation. Aujourd’hui
il a délivré des diplômes à plus de 3.000 étudiants.
Usine de confection à Gaza |
Les coûts exorbitants
des transports maritimes ouvrent des perspectives aux Gazaouis qui peuvent se
substituer aux importations asiatiques. Ils envisagent de rouvrir les usines de
confection en sous-traitance pour les Israéliens, fermées après la guerre. Or
il est important pour ces petites PME de communiquer avec leurs donneurs
d’ordre en Israël. Certaines ont obtenu
le droit d’importer et d’exporter leur production. Alors il y a une ruée cers
l’Eldorado israélien avec le drame de nombreux universitaires de Gaza au
chômage, prêts à être ouvriers du bâtiment en Israël. Ils sont les premiers à
apprendre l’hébreu pourvu qu’ils puissent avoir un travail et vivre décemment.
Des garçons palestiniens apprennent l’hébreu dans une école |
Les Israéliens, de
leur côté, ont misé sur la paix par l’économie et espèrent abattre le régime du
Hamas en lui enlevant tous les soutiens de la population qui semble vouloir
jouer le jeu pour bénéficier des mêmes aides économiques distribuées aux
villages arabes israéliens que vient de décider la coalition. Mais pour cela, il faut que la paix règne et
que les missiles cessent d’être envoyés vers le sud du pays. Même si le Hamas
sait que l’amélioration de la situation économique à Gaza lui fera certainement
perdre le pouvoir, il est acculé sur le plan économique et même politique. Là
est tout le dilemme.
Voilà une façon intelligente de désamorcer le conflit, mais est-ce que les palestiniens seront suffisamment forts pour resister aux pressions du 'Hamas ?
RépondreSupprimerCette politique a ete appliquee par Israel de nombreuses fois et cela se terminait par des explosions aux fontieres ou meme a l'interieur d'Israel. A l'epoque ils n'aaient pas encore de missiles. Je ne suis pas tres optimiste, d'autant plus que ces ouvriers seront sous-payes et vivront dans des des conditions insupportables. Israel n'est pas un bisounours. Le donnant-donnant ne concerne que dans le profit economique des deux parties. Le Hamas n'a aucune intention de perdre le pouvoir, et si cela devait passer par une interdiction nouvelle de faire rentrer les ouvriers dans la Bande de Gaza, cela n'arreterait pas le Hamas d'un millimetre.
RépondreSupprimerEt tous les Israeliens qui croient que la presence dans la coalition gouvernementale actuelle et ces derniers developpements sont lies se trompent egalement. Mahmoud Abbas reprente les Arabes israeliens du Neguev, certainement pas les Gazaouis.
Cher monsieur Benillouche,
RépondreSupprimerEn somme, et puisque l’espoir renaît, comme le disait déjà la chanson : « Y a rien à s’dire (sauf si c’est de l’hébreu), y a qu’à s’aimer, y a qu’à se taire, qu’à la fermer, parce qu’au fond les phrases, ça fait tort à l‘extase :
https://www.youtube.com/watch?v=3LQCndJFeTA
Très cordialement.