LA COALITION SENSIBLE AU SORT
DES ARABES ISRAÉLIENS
Par Jacques BENILLOUCHE
Deux soignants arabe et juif prient en pause pendant le Covid |
Le nouveau gouvernement a compris que son rôle était aussi de s’intéresser à la situation économique des villages arabes israéliens. La communauté arabe a montré sa loyauté durant la crise du covid-19 en se dévouant pour soigner toute la population. A l’exception d’extrémistes arabes dans certaines villes mixtes, qui seront vite neutralisés, les Arabes et les Juifs ont décidé de jouer le jeu de la collaboration. On le doit au député Mansour Abbas du parti islamiste Raam qui a compris qu’il devait s’insérer plus en avant dans la politique israélienne sans risquer d’être traité de «collaborateur». Il avait visé juste puisque le gouvernement a approuvé un plan quinquennal pour le développement économique des villes et villages arabes israéliens.
Village bédouin dans le Néguev |
Parallèlement au débat sur
le budget national 2021-2022, le gouvernement a adopté le 24 octobre 2021 le
plan quinquennal de développement économique pour 2022-2026 afin de «combler
les lacunes de la société arabe» selon ses propres termes. Pendant les
douze années du régime de Netanyahou, les Arabes ont été abandonnés à leur
sort. Aujourd’hui, le gouvernement leur a alloué 30 milliards de shekels (9,3
milliards$) pour la période 2022-2026.
Ce plan ambitieux a pour but de développer l’emploi et d’augmenter le
nombre de cours pour les professions en demande dans l’économie. L’accent sera
mis sur l’acquisition de la maîtrise de l’hébreu afin d’encourager
l’intégration qualitative sur le marché du travail. L’activité dans les
garderies sera élargie pour pousser les femmes arabes à entrer dans le cercle
de l’emploi.
Dans le cadre de l’innovation technologique, le gouvernement réduira les
lacunes dans les services de santé parmi les résidents des communautés
minoritaires à travers le pays d’au moins 25% dans deux des questions sur lesquelles
le plan se concentrera : la santé des femmes, les premières années de vie, le
diabète et l’obésité, la santé mentale, le tabagisme et les maladies
pulmonaires.
Mansour Abbas et des membres du gouvernement |
Le plan prévoit des actions pour promouvoir de nouvelles constructions, 5.000
unités résidentielles seront commercialisées en 2022 et jusqu’à 9.000 en 2026. En
outre, il est prévu de réhabiliter et de développer les infrastructures dans
les quartiers plus anciens, y compris le drainage des eaux de pluie pour
prévenir les inondations, les infrastructures électriques, les communications
et les risques pour la sécurité, les obstacles à la planification et à la mise
en œuvre seront supprimés. Selon le Premier ministre Naftali Bennett : «Aujourd’hui,
nous mettons en œuvre un plan global pour faire progresser le secteur arabe. Notre
objectif est de réduire les écarts dans l’éducation, la protection sociale,
l’emploi des femmes et la sphère économique et municipale en particulier. Plus
nous intensifierons l’enseignement des mathématiques et des sciences dans le
secteur arabe et augmenterons la participation arabe au marché de la haute
technologie, plus nous y gagnerons tous».
Yaïr Lapid, Mansour Abbas et des membres du gouvernement visitent le Néguev le 21 octobre 2021 |
Face à l’augmentation
de la criminalité au sein des villages arabes, le gouvernement a décidé de lutter
contre la criminalité et la violence en prévoyant un budget de 2,5 milliards de
shekels (770.000$) afin de démanteler les organisations criminelles en
garantissant la sécurité de la population. Ce plan a été développé à
l’initiative de la ministre Merav Cohen (Yesh Atid) en collaboration avec
plusieurs ministères et le directeur général de l’Autorité pour le
développement économique de la minorité arabe, Hassan Towafra.
Mansour Abbas, Yaïr Lapid et Meir Cohen |
Mais tout cela ne fut
possible que grâce à la persévérance du député de Raam, Mansour Abbas, qui a
été impliqué à chaque étape de l’élaboration du plan de développement
économique. Il s’agissait pour lui d’un défi symbolique pour justifier son
soutien à la coalition sans aucune connotation personnelle. Les membres de Raam
ont participé à la négociation dans les moindres détails pour définir la
destination précise des aides votées. Abbas arbore une certaine fierté d’avoir
fait le bon choix en rejoignant la coalition et en impliquant la communauté
arabe. Raam a l’intention de publier le détail, shekel par shekel, de l’usage
fait des fonds alloués.
Mansour Abbas avait
anticipé ces décisions en se rendant dans la région du Néguev avec Yaïr Lapid, Meir
Cohen, ministre des Affaires sociales et Yoav Ségalovich parce que le
gouvernement avait décidé de reconnaitre trois villages bédouins ce qui leur
permettra d’être financés et de recevoir des infrastructures. Pour Lapid :
«De plus en plus de communautés seront connectées à l’électricité et les
trois premiers villages non reconnus passeront par le processus de
légalisation. Des changements historiques sont en cours, et la société arabe
prend la responsabilité avec nous de faire face à des choses qui ont été
négligées pendant des années et qui seront maintenant réparées dans l’intérêt
de l’État d’Israël et de tous ses citoyens».
Bibi et Abbas |
En fait les négociations ont failli être rompues car le gouvernement hésitait dans
ses décisions. Mais c’était sans compter sur le ministre des Finances, Avigdor
Lieberman, qui a exigé de son ministère qu’il travaille sur les demandes
d’Abbas. Il a obtenu satisfaction dans le cadre d’un consensus, chaque partie
mettant du sien. Le plan qui a été adopté a été baptisé «Takadum (avancement)».
Netanyahou, qui avait le premier envisagé un accord avec Raam et qui avait
préparé son discours faisant l’éloge d’un partenariat entre le Likoud et Raam,
a immédiatement critiqué le gouvernement : «Tout en Israël devient de
plus en plus cher, pour financer les milliards que Bennett transfère au mouvement
islamique». Sa fonction de chef de l’opposition ne lui impose pas une
critique systématique des actes du gouvernement, parfois sans fondement.
Campement bédouin illégal détruit
Cette avancée
politique a donné des ailes au député Walid Taha du parti Raam pour présenter une
proposition de loi permettant aux maisons arabes et bédouines construites
illégalement d’être raccordés au réseau électrique national. Pour les Arabes,
il s’agit d’un premier pas important vers un développement économique plus
important. Mais ils attendent la mise en œuvre du plan pour être réconfortés
sur la volonté effective du gouvernement.
Pour Meir Cohen, ministre
du Travail, des Affaires sociales et des Services sociaux : «ceux qui
disent que nous vendons le Néguev aux Arabes devraient cesser de blabber (*). La légalisation et l’application dans le Néguev
sont des intérêts urgents de tous les citoyens de l’État».
Cependant
l’intégration des Arabes à la nation israélienne sera totale le jour où les
écoles enseigneront le programme de l’éducation nationale en hébreu, le matin, libres à
elles de le compléter par des cours supplémentaires en arabe, à
l’instar des écoles juives en France. La langue commune reste le seul ciment d’une
nation diversifiée.
(*) Discours vide ou mensonger destiné à éblouir.
Meir Cohen est un politicien. En fait, Bibi, des 2008, avait sacrifie deux regions d'Israel au profit du centre du pays et des territoires. Le Neguev est bel et bien un territoire arabe, encore plus que la Galilee, dexieme terrain abandonne a son sort.
RépondreSupprimerLe calcul de Bibi et de ses predecesseurs depuis 1965, etait, faute de moyens financiers suffisants de se concentrer sur les regions en developpement, comme le Centre, puis des 1967, les Territoires. On a ainsi bati des colonies dans le Sinai qui furent demolies lorsque le Sinai fut rendu a l'Egypte. Il en alla de meme a Gaza. En bon francais, on appelle cela "jeter l'argent par la fenetre".
Selon la minorite arabe israelienne, il existerait aujourd'hui 2 ou 3 dizaines de "villages" illegaux.
D'ou proviennent-ils? Il sont tous de la communaute bedouine qui etait nommade et avec l'accroissement de la population du pays se retrouverent a l'etroit dans les villages agricoles arabes. Et donc, ils s'installerent ou bon leur semblait, et comme la majorite des jeunes Bedouins font l'armee (ils sont utilises comme pisteurs, alors que les Juifs ethiopiens ne sont pas moins bon, mais ils sont Noirs), ils eurent acces facilement aux armes et il existe aujourd'hui plusieurs millions d'armes a feu, aussi bien dans la pegre juive, que parmi la totalite des Arabes. Leur raison officieuse: on ne nous fera plus le coup de 1948.
C'estdans ce contexte delicat, aggrave par l'explosion demographique des Bedouins due a la reconnaissance tacite par les autorites de leur polygamie (les familles bedouines de 40 enfants sont monnaie courante), que l'actuel gouvernement a alloue sur 5 ans, 30 milliards de shekels. Pour arriver a cela, il en faudrait au moins 10 fois plus.
Puissent les 1000 "artistes" ayant signé dans le journal Libération un manifeste contre un soit disant apartheid pratiqué par Israël envers les arabes prendre connaissance de votre article, Monsieur Bennilouche
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