Leaders orthodoxes |
L’éviction
des partis religieux du pouvoir est le fait singulier qui a marqué l’alternance
politique en Israël. Quelles que soient les convictions religieuses des
citoyens israéliens et au-delà des Juifs de la Diaspora, il s’agit d’un tournant.
Ce changement de paradigmes en Israël impactera la diaspora et les relations
avec Israël. On
s’était habitué à la présence des partis religieux dans les gouvernements
successifs formés en Israël, notamment ces 12 dernières années. Le premier
ministre avait accepté les exigences croissantes de ces partis indispensables à
son maintien au pouvoir ce qui se traduisait par un pouvoir de nuisance hors de
proportion avec la réalité. Pour comparaison, les Arabes israéliens
représentent 20% de la population, tandis que les citoyens, qui revendiquent
leur appartenance à la communauté orthodoxe ou très orthodoxe, les Haredi,
représentent près de 10%.
Paradoxalement, il est assez
évident que ce sont eux qui ont entrainés le départ de Netanyahou, sinon à son
insu, certainement par manque de discernement et de prise en compte du
changement au sein de la société. Plus
de la moitié des Israéliens se félicitent de leur départ et de la perspective
de nouvelles réformes. Les multiples difficultés structurelles rencontrées par
les citoyens et les incidents causés par les orthodoxes ou ultra-orthodoxes en
permanence, ont un retentissement international. La crédibilité des gardiens de
la Foi, prétendument détenteurs de la Vérité, l’absence de morale, envoient
autant de message de désynchronisation pour les Juifs libéraux à travers le
monde. L’agression récente contre les femmes du mur est le dernier message
envoyé.
En Europe, la population juive continue de diminuer. Elle serait
actuellement de 1,3 million. Historiquement, les Juifs ont été favorisés par
des structures multinationales non exclusives et culturellement sans
engagement. A ce titre, ils sont affectés par les tendances générales
émergentes, pour le meilleur ou pour le pire, en Europe et en Amérique du Nord,
où ils ont toujours été respectueux des institutions, des lois et des pratiques
religieuses intimes. Leurs efforts d’assimilation et d’intégration sont à la mesure
des enjeux sociétaux. Ce que les orthodoxes et plus encore les ultra-orthodoxes
refusent.
La nature et la qualité de l’interaction entre les
minorités juives et les majorités nationales au sein des sociétés européennes sont
d’une importance capitale. Il y a une désynchronisation avec le message que diffuse
la communauté orthodoxe d’Israël, qui ne prend pas en compte les conditions
propres aux juifs de la diaspora. Le noyau de la population
juive comprend ceux qui s’identifient comme Juifs par religion, ainsi que
d’autres qui ne s’identifient pas par la religion mais se considèrent comme Juifs
par ethnicité ou d’autres critères culturels. Certains ne s’identifient même
pas comme Juifs lorsqu’on leur demande pour la première fois, mais s’ils
descendent de parents juifs et ne détiennent pas une autre identité religieuse,
ils y sont inclus. Ce que les communautés libérales et progressistes
reconnaissent.
La distinction traditionnelle entre les
définitions normatives et opérationnelles est en pleine évolution. D'autres
décisions au sein des communautés libérales et reformées reconnaissent la
patrilinéarité ainsi que la matrilinéarité. Les définitions normatives
fournissent des critères théoriques absolus, mais elles sont pratiquement
impossibles à mettre en œuvre en théorie. Il faudrait vérifier le statut
personnel de toute l'humanité avant de tirer des conclusions.
ALLEMAGNE
Il y avait
environ 32.000 Juifs en 1989. Entre le début des années 1990 et 2005,
l’immigration, principalement en provenance des ex-pays de l’Est mais aussi de
quelques dizaines de milliers de jeunes israéliens, ayant trouvé sur place des
conditions de vie, une liberté introuvable en Israël a fait remonter ce chiffre
à près de 200.000 en 2021.
L’AVENIR
La
stabilité numérique d’une population – juive ou autre – dépend principalement
de sa capacité à se reproduire. La famille a traditionnellement constitué un
puissant moteur de transmission de la vie et des valeurs culturelles d’une génération
à l’autre. Le mariage et la famille nucléaire ont longtemps constitué le
principal vecteur de la formation de la famille juive. De nombreux paramètres
ont évolué que le judaïsme orthodoxe n’a pas su ou voulu intégrer. Il s’agit des
nouvelles formes d’union et de cohabitation qui jouent un rôle plus important
aux côtés des cadres familiaux conventionnels. Malgré les changements récents –
tels que la fréquence croissante des partenariats enregistrés de personnes qui
ne sont pas officiellement mariées, de familles monoparentales ou de familles
de même sexe – ceux-ci n’ont pas encore supplanté le rôle central de la famille
dans la naissance et la socialisation des enfants en général, ni des enfants
juifs en particulier, mais leur pourcentage est en croissance. Il faudra
s’habituer à l’existence de multiples frontières possibles de définition des
populations juives et apparentées. Ce que le judaïsme libéral et réformé a bien
pris en compte.
FRANCE
En 2002 la
population est évaluée à 500.000, plus 75.000 non juifs issus de ménages juifs.
Plusieurs suivis indiquent une diminution de la population juive, due à
l’émigration, principalement vers Israël (plus de 51 000 entre 2000 et 2019),
mais aussi vers le Canada, les États-Unis et d’autres pays. En 2015, une
enquête basée sur une «définition élargie de la population juive» n’a
pas abouti à des conclusions fermes, mais a fourni des informations sur leur
migration passée et future. 39% ont déclaré avoir eu de la famille en Israël,
tandis que 31% avaient des parents aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni et
ailleurs. Cela correspondrait à un ratio de migrants de 56% vers Israël contre
44% vers d’autres pays. Concernant une éventuelle migration future, 13% ont
déclaré qu’ils envisageaient sérieusement de déménager en Israël et 30% y
avaient pensé. En supposant qu’Israël ait attiré la moitié à deux tiers du
total des personnes qui ont émigré, entre 75.000 et 100.000 Juifs et membres de
leur famille auraient quitté la France depuis 2000. Certains sont retournés en
France faute de s’y adapter tant pour des raisons professionnelles, économiques
que religieuses. Pour 2021 l’estimation des Français Juifs est de 448.000.
Delphine Horvilleur |
Le
développement des communautés libérales et réformées en France est ascendant,
car sans remettre en cause la transmission et la loi, ses responsables
comprennent qu’il faut intégrer les nouveaux arrivants, plutôt que de rejeter
ceux qui se considèrent juifs mais choisissent une voie personnelle. Bien
qu’elle ne soit pas la seule en France, Delphine Horvilleur la femme rabbin la
plus connue dans l’hexagone, est le symbole emblématique de cet essor. Lors
d’une cérémonie dans laquelle elle officiait, une participante a rassuré une
autre, inquiète, en lui soufflant «c’est une rabbine laïque». Cette
affirmation peut résumer ce qui précède. Elle avait trouvé le mot juste qui
correspond à la perception de la nouvelle génération. Religieux et politiques doivent
être séparés. Israël État-nation juif, saura-t-il, voudra-t-il, pourra-t-il
s’inspirer de ce que sont les lois de 1901 et 1905 pour la France ? Bien sûr,
certains diront, ce n’est qu’un rêve. On leur rappellera les mots prononcés par
un autre grand rêveur Theodor Herzl au congrès de Bâle en 1897 : "Si vous le
voulez ce ne sera pas un rêve".
Ouvrages de D. Horvilleur : Vivre avec nos
morts, en tenue d’Ève, dix mille façons d’être juif ou musulman
Monsieur Moritz,
RépondreSupprimerJe ne pousserai pas ici la cruauté, jusqu'à paraphraser Chateaubriand qui en 1840 écrivait :
"Détruisez le christianisme et vous aurez l'islam."
Cordialement.
Cher Monsieur Moritz,
RépondreSupprimerIl ne faut pas confondre la représentativité du judaïsme orthodoxe avec sa pratique sur le terrain. Jamais il n'y a eu autant de synagogues en activité en Israël. Jamais il n'y a eu autant de jeunes et de moins jeunes cherchant à se rapprocher de l'étude de nos textes. Ce mouvement de "téchouva" est d'ailleurs si fort qu'il a suscité chez les femmes un désir de ne pas en abandonner la direction à leurs seuls homologues masculins. En vous limitant à une lecture statistique de la réalité (ne confondez pas la carte avec le paysage), vous passez à côté de cette tendance forte du retour d'une grande majorité silencieuse juive attachée à ses sources et soucieuse de les transmettre. Je vous souhaite d'ailleurs d'en faire partie.
Très cordialement.
Ainsi donc, pendant que Monsieur Moritz se réjouit du "déclin du judaïsme orthodoxe" et rêve qu'Israël s'inspire de la laïcité à la française, Monsieur Yaakov Neeman se réjouit du nombre croissant des synagogues en Israël.
RépondreSupprimerMais aucun des deux n'est là pour nous rappeler que c'est grâce aux Chrétiens - aujourd'hui au nombre de 2,2 milliards de par le monde - que la Bible est devenue "un patrimoine culturel de l'humanité", comme le rappelle André Chouraqui.
Mme Arnaud, excusez moi, j’ai beau lire et relire votre message, et je me dis « mais quel rapport « ?! Qu’est ce que la Chrétienté vient faire ici ?. La Bible ? Mais c’est davantage l’Evangile que
Supprimer« cette secte qui a réussi » (sans vouloir offenser quiconque ) a diffusé sur les 5 continents. Je respecte le monde Chrétiens, j’ai beaucoup d’amis Catholiques, Protestants..., mais pardonnez moi, si l’on évoque le rôle de diffusion du Christianisme, moi je le verrais différemment voyez-vous. J’évoquerais davantage l’apport extraordinaire du Christianisme dans la diffusion de l’antisémitisme à travers les siècles. En Europe et partout ailleurs. Combien de morts, de persécutés, d’exils, de malheurs, de spoliations, chez nos coreligionnaires depuis 2000 ans par la faute de l’Evangile précisément ? Je conseille à tous de relire Léon Poliakov, un historien incontournable sur cette question.
Bien cordialement,
La méthode Coué. Rien de tel pour se rassurer sur ses choix idéologiques.
RépondreSupprimerHorvilleur, rabbin laïc et l'expression vous plait. Ajouter sans dieu ni révélation et attachée à un judaïsme essentiellement cathodique (et peut-être même catholique) dont l'une des occupations favorites, que vous semblez partager, est de faire du nec plus ultra orthodoxie bashing. En public de préférence et sur les chaînes du service publique si possible.
Une forme de haine de soi qui tend à montrer aux non-juifs combien l'assimilation juive peut être en parfaite adéquation avec les courants main stream progressistes.
à Elie BENOUCHOU : Pour ma part, je me permets de vous conseiller de lire l’EVANGILE pour nous montrer à tous ici présents en quoi précisément l’Evangile a été fautif et responsable «de morts, de persécutés, d’exils, de malheurs, de spoliations, chez nos coreligionnaires depuis 2000 ans.»
RépondreSupprimerProuvez-nous à tous, en tout cas à MOI, ce que vous affirmez haut et fort ici. Donnez-moi des exemples précis de ce que vous dites, exemples tirés bien entendu de l’EVANGILE (ou Bonne Nouvelle) et non pas du livre de Léon Poliakov dont il est plus qu’évident que vous en avez fait votre pain béni.
Je précise que dans la Bible il y a quatre Evangiles, qui sont les quatre témoignages de trois témoins oculaires directs JUIFS, disciples et apôtres du Messie, Yeshoua, et d’un médecin grec (Luc) qui a, quant à lui, rapporté fidèlement les événements après un travail personnel de recherches très fouillées sur le terrain de l’époque.
Je précise aussi que la lecture des Evangiles ne prend pas beaucoup de temps. En effet,
- L’Evangile selon Levi-Matthieu contient 28 chapitres,
- L’Evangile selon Yohanan-Marc, 16 chapitres,
- L’Evangile selon Yohanan-Jean, 21 chapitres,
- L’Evangile selon Luc, 24 chapitres.
Je précise encore que l’Evangile est la première partie de ce qui est appelé (grec) «Christianisme» ou (hébreu) Messianisme et est contenu dans la section de la Bible appelée communément «Nouveau Testament». Mais «Livre de la Nouvelle Alliance» serait plus approprié. En effet, les enseignements du Messianisme (ou Christianisme) BIBLIQUE constituent les termes d’un contrat d’ALLIANCE avec DIEU, alliance dans laquelle chaque être humain peut entrer LIBREMENT, c'est-à-dire de son propre chef. C’est une démarche PERSONNELLE vis à vis de DIEU, démarche choisie, consentie, éclairée. Et j’insiste sur tous ces termes car ce n’est absolument pas le cas des religions où la plupart des gens dans le monde entrent sans qu’on leur demande leur avis, et sans relation avec DIEU. On est donc de cette religion-ci ou de cette religion-là par tradition, par «héritage». J’ajoute que ceci est aussi valable pour le Judaïsme, je précise RABBINIQUE (puisque le seul Judaïsme divin est le Messianisme biblique), où les enfants n’ont pas d’autres choix, au départ, que celui que leurs parents prennent POUR EUX, ET A LEUR PLACE, jusqu’à ce qu’ils décident eux-mêmes soit de suivre le même chemin soit de le quitter...
Le Messianisme (ou Christianisme) BIBLIQUE, qui est un contrat d’ALLIANCE avec DIEU - alliance scellée par le SANG expiateur du sacrifice expiatoire du Messie, Yeshoua, pour le pardon de nos péchés -, n’a donc rien à voir avec la religion ou une religion, quelle qu’elle soit.
Donc, Cher Elie BENICHOU, j’attends les preuves indiscutables de ce que vous avez dit à propos de l’EVANGILE MESSIANIQUE...
Monsieur Benichou,
RépondreSupprimerJe n'ai pas à vous excuser, et rien à vous pardonner non plus. Chacun de nous est responsable de ce qu'il écrit devant les lecteurs qui ont à en juger.
Mais lorsque vous écrivez : "Combien de morts, de persécutés... depuis 2000 ans par la faute de l'Évangile...?", je me sens autorisée à vous demander de me citer une seule phrase, tirée d'un des quatre Évangiles, qui vous permet d'affirmer ce que vous écrivez.
Dans l'attente de vous lire,
Très cordialement.
Mme ARNAUD,
SupprimerMais c’est très simple, le texte des Évangiles est là. Il annonce la Bonne Nouvelle. Soit. Mais c’est l’interprétation qui en a été faite qui pose problème, vous en conviendrez. Et c’est quand même ça qui est fondamental. Les Pères de l’Eglise ayant besoin de se définir comme le nouvel Israël, ont laissé depuis 2000 ans se répandre l’accusation du peuple Juif déicide dans les diocèses, dans les cours de catéchisme, les prêches etc...(pour ne citer qu’un exemple, regardez combien l’antisémitisme reste encore aujourd’hui tres prégnant en Pologne, peuple oh combien catholique pratiquant). Enfin, je vous apprends rien là-dessus... Il a fallu attendre Vatican II pour qu’enfin l’on constate un nouveau regard de l’Eglise sur le Peuple Juif.
@marianne Arnaud
RépondreSupprimerChère Marianne,
Je me permets d’intervenir suite à votre commentaire répondant à Elie Benichou.
L’antisémitisme a besoin de fondements pour s’exprimer pleinement et les chrétiens ne s’en sont pas dispensés bien au contraire car au nom de Jésus crucifié combien de pogromes, agressions, massacres ont eu lieu depuis 2000 ans envers les juifs. Il a fallu attendre Vatican II pour dissiper l’obscurantisme de cette version:
« Jules Isaac a frappé à la porte. Le Concile Vatican II l’a ouverte par la Déclaration Nostra Aetate. Il fallait dès lors avancer sur le chemin de la reconnaissance mutuelle des Juifs et des Chrétiens. Mais il était impossible de passer par profits et pertes deux millénaires ensanglantés. Il fallait, pour tracer les chemins de l’avenir, clarifier et assumer le passé ». La Promesse, Jean-Marie Lustiger.
Bien cordialement
RépondreSupprimerAu moment où par une dialectique étrange, lorsque je pose une question sur les Évangiles, on me répond : antisémitisme, je préfère laisser la parole à André Chouraqui qui ne peut pas être soupçonné d'antisémitisme, et qui pourtant évoque le "génie" de Jésus de Nazareth, et ose terminer son Liminaire pour "Un Pacte Neuf", en interpellant les hommes ainsi :
"Hommes, mes frères, il est temps de répondre à l'appel de l'amour !"
https://nachouraqui.tripod.com/id90.htm
Bien à vous !