Démonstration de force du groupe Hayat Tahrir al Sham |
Le procureur fédéral a ouvert une enquête sur les activités du
groupe terroriste djihadiste, Hayat Tahrir al-Cham (Organisation de
Libération du Levant, HTS) basé en Syrie et doté d’un réseau international de
financement, qui reçoit le soutien de l’Allemagne, fidèle amie d’Israël. Ce
groupe, qui contrôle le gouvernement auto proclamé du nord de la Syrie à Idlib,
est accusé de graves crimes contre les Droits de l’homme, tout particulièrement
des meurtres perpétrés contre des personnes accusées d’adultère ou de
blasphèmes. Ces djihadistes font régner la terreur dans le territoire qu’ils
contrôlent. Très curieusement Berlin a exercé à plusieurs reprises de fortes
pressions sur Moscou et Damas, afin de ne pas attaquer HTS. Malgré le
changement de ministre des affaires étrangères allemand, la même politique se
poursuit.
Steinmeier devant le tombeau d'Arafat |
Dès 2016, les membres d’une autre organisation terroriste ont été
condamnés, alors que le ministre des Affaires étrangères d’alors, devenu
président de la République fédérale, Frank-Walter Steinmeier, voulait à tout
prix les associer aux négociations de paix. Il contestait l'exclusion de ces
terroristes, en déclarant : «on ne peut pas choisir ses partenaires de
négociation lorsqu'on tente de réorganiser la Syrie. Seuls Daesh et Al-Qaïda ne
sont pas autorisés à y participer». Sa déclaration était dirigée contre
Moscou pour qui des organisations, comme HTS affilié d’Al Qaeda, n‘auraient
aucun rôle dans la reconstruction de la Syrie et devaient en être exclues. Ce n'est que récemment que le procureur
fédéral a qualifié ce groupe «d’organisation terroriste»; si la justice allemande classait explicitement
Tahrir-al-Cham comme organisation terroriste, cela affecterait non seulement le
ministère allemand des Affaires étrangères, mais aussi la Turquie, également
membre de l'OTAN, qui soutient cette milice depuis des années.
Abu Mohammed al-Jawlani leader de HTS |
En 2017, le groupe a fusionné avec d'autres groupes pour former
HTS. Cette décision visait à accroître son propre poids et à se rendre
indépendant d’Al-Qaeda. L'organisation compterait environ 20.000 miliciens
opérant dans le nord de la Syrie, où en 2019 elle devient le groupe dominant.
HTS, comme Al-Qaeda, est classé organisation terroriste par l’ONU. Il contrôle
de facto le gouvernement des rebelles à Idlib, auto proclamé «gouvernement
syrien de salut». Trois millions de personnes vivent actuellement à Idlib,
dont plus d'un million de réfugiés - dont la majorité est composée de
salafistes et de djihadistes qui, après la reconquête d'Alep-Est et de la
Ghouta orientale par Damas, se sont installés dans ce territoire dominé par les
djihadistes. Les structures de pouvoir internes à Idlib se composent
principalement de personnalités HTS qui contrôleraient toutes les décisions
stratégiques et politiques.
Militants de Hayat Tahrir al Cham (HTS) en Syrie |
De plus, le groupe filtre tous les recrutements, administratifs,
éducatifs et le système judiciaire. Ses membres arrêtent systématiquement ceux
qui manifestent une forme d’opposition, beaucoup sont torturés. L'année
dernière, un rapport d'enquête des Nations Unies a confirmé que HTS avait
détenu, torturé et assassiné de nombreux civils qui exprimaient des «opinions
dissidentes», y compris des journalistes; Les femmes et les filles sont «systématiquement
victimes de discrimination» et privées de leur liberté. En novembre, l'ONU
a réitéré ses allégations et souligné que HTS était responsable, entre autres,
de l'exécution d’innocentes accusées d’adultère ou de blasphème : HTS en détient
un grand nombre qui ont été enlevées et torturées dans au moins 32 prisons à
Idlib ; on y parle aussi de viol et de meurtre.
Il y a quelques jours, le procureur fédéral a ordonné la
perquisition des domiciles de 14 personnes appartenant à «un réseau
international de soutien des activités terroristes du HTS en Syrie, accusé de
collecter des fonds pour HTS ; il y a soupçon de financement du
terrorisme et soutien d'une organisation terroriste à l'étranger».
Combattants du groupe Hayat Tahrir el Sham |
Ce n’est pas le premier procès mené en Allemagne relatif au soutien
d’organisations terroristes opérant en Syrie. Un procès devant le tribunal
régional supérieur de Stuttgart avait débuté en 2015 contre quatre membres
d’Ahrar-al-Cham (mouvement des hommes libres de Syrie). Après leur condamnation
et le rejet de l'appel par la Cour fédérale de justice le 22 novembre 2017, la
décision a provoqué une certaine agitation. En effet, le ministre des Affaires
étrangères de l'époque, Frank-Walter Steinmeier, avait officiellement proposé
d'associer ce groupe aux négociations de paix au début de 2016. Il a été dit
qu’il était sur place pendant toute la durée du procès. La question se posait
de savoir si le ministre voulait réellement qu'une organisation terroriste
participe aux négociations de paix ; définitivement oui. Le tribunal
régional supérieur de Stuttgart a répondu par l’affirmative, en concluant que «Ahrar-al-Cham
répondait parfaitement à la définition d'une organisation terroriste ...»
Ces dernières années, comme son prédécesseur, Heiko Maas a
préconisé à plusieurs reprises de mettre fin aux offensives menées par Damas et
son allié russe contre les terroristes de HTS. Le ministre a mis en avant des
préoccupations d'ordre humanitaire. Or ni Maas ni le gouvernement fédéral
n'avaient de telles inquiétudes lorsque la coalition anti-Daesh, avec la
participation de la Bundeswehr, bombardait Mossoul, Raqqa, d'autres villes
irakiennes et syriennes et y aurait commis des crimes de guerre majeurs.
En fait, Berlin couvre et cautionne de facto une organisation
terroriste. L'argument humanitaire n’est qu’apparent, le véritable motif est
d’empêcher le gouvernement de Damas de reprendre le contrôle pour se ménager
une zone économique et bénéficier d’un possible renvoi d’ascenseur par les
djihadistes, l’heure venue, si elle arrivait un jour. Paradoxe des paradoxes,
le Hezbollah est totalement interdit, mais il ne contrôle pas de territoire.
S’il est vrai que l’Allemagne est une puissance sur le plan économique, il n’en
va pas de même au plan diplomatique, surtout dans une U.E où 27 ministres des
affaires étrangères espèrent se faire une place au soleil. C’est également la
démonstration que le système judiciaire peut parfois manifester son
indépendance face au pouvoir politique et ses objectifs. Le zèle diplomatique
ne peut pas remplacer un certain sens moral.
Manquait plus que ça ! et la chancelière Angéla, elle a rien à dire? elle s'en va sur la "pointe des pieds" et basta...?
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