En prévision du 31 juillet, Dahlan vient au secours de Gaza

 

EN PRÉVISION DU 31 JUILLET, DAHLAN VIENT AU SECOURS DE GAZA

Par Jacques BENILLOUCHE

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Mohammed Dahlan, assiste à une réunion du Conseil législatif palestinien à Gaza par vidéoconférence

Mohammed Dahlan est persévérant car il s'est fixé comme but de prendre le leadership des Palestiniens. Il peaufine sa stratégie qui pourrait lui permettre de remplacer Mahmoud Abbas le 31 juillet 2021 et en conséquence, il soigne ses électeurs de Gaza où il a été pendant longtemps l’homme fort et le chef des services de sécurité de Yasser Arafat. L'Autorité palestinienne a été chassée de Gaza après un coup d'Etat sanglant tandis qu’Israël n’a aucune raison de s’intéresser plus particulièrement aux conditions de vie des Gazaouis. Vivant en exil aux Émirats arabes unis en tant que conseiller du prince héritier Mohammed ben Zayed Al Nahyane (MbZ) et disposant d’un budget conséquent pour en faire profiter cette petite enclave, il a décidé d’organiser des envois de médicaments gratuits à destination de Gaza sous l’égide de son parti le Courant réformiste démocratique  et du ministère de la santé émirati.

 Dahlan vise les prochaines élections palestiniennes. En effet, Mahmoud Abbas, a publié le 15 janvier 2021 un décret ordonnant des élections générales dans les territoires sous son autorité. Les élections législatives auront lieu le 22 mai et une élection présidentielle se tiendra le 31 juillet avec une date limite fixée au 31 août pour la création du Conseil national palestinien.

            L’aide médicale organisée par Dahlan était certes liée à la pandémie du coronavirus qui prospère à Gaza. Ghazi Hamad, sous-secrétaire du ministère des Affaires sociales du Hamas, a accueilli le convoi de 30 ventilateurs, 2.000 kits de test PCR, 12.000 blouses de laboratoire et 10 bouteilles d'oxygène en présence des dirigeants locaux du Courant réformiste démocratique. Le risque sanitaire est grand dans l’une des régions les plus peuplées du monde avec 2 millions d’habitants.  Le ministère de la Santé du Hamas avait lancé un cri d’alarme le 25 novembre 2020 car l'oxygène liquide s'épuisait dans les hôpitaux de Gaza. Pour l’instant les chiffres sont relativement alarmants avec 453 décès et 211 cas sérieux nécessitant une assistance médicale.

Des tonnes de matériel médical et de kits de test de coronavirus pour Gaza

            

          C’est le deuxième convoi médical qu’a organisé Dahlan, après celui du 17 décembre 2020 contenant 130 ventilateurs.  Il négocie actuellement le don de vaccins gratuits pour Gaza qui ne peut plus compter sur l’Autorité palestinienne. En Cisjordanie, le comble avait été constaté le 21 mai 2020 lorsque Mahmoud Abbas avait refusé cette aide médicale sous prétexte que les Émirats avaient normalisé leurs relations diplomatiques avec Israël. Cependant Dahlan n’a pas uniquement une préoccupation sanitaire. Il a donc décidé de se substituer aux autorités de tutelle du Fatah qui avaient statué que «toute aide envoyée aux Palestiniens via la normalisation avec Israël et sans coordination avec l'Autorité palestinienne est considérée comme douteuse et est rejetée». Le sectarisme et la politique ont primé sur la santé des Gazaouis dès lors que le Fatah estimait que son ennemi juré n’avait que des objectifs politiques consistant à «apaiser la colère palestinienne face à l’accord de normalisation».

Moussa Abou Marzouk

            

          Cependant il est fort probable que la candidature de Dahlan aux élections palestiniennes sera rejetée par le tribunal palestinien qui l’accuse d’être «un fugitif qui se réfugie aux Émirats arabes unis». Pourtant Moussa Abou Marzouk, dirigeant du Hamas, est plus pragmatique et n’entend pas suivre les directives de l’Autorité : «Nous nous félicitons de toute aide humanitaire qui nous parvient via n'importe quel État, et nous ne refuserons aucune assistance pour des raisons politiques». Personne ne comprend la logique palestinienne consistant à refuser les aides médicales pour une raison politique alors que, dans le même temps, la coordination sécuritaire avec Israël a été réactivée. La contradiction est évidente.

            En fait, Mahmoud Abbas a peur du résultat des élections et surtout de la candidature de Mohammed Dahlan qui peut réussir malgré de nombreux ennemis en Cisjordanie. Pourtant c’est le seul moyen pour le président de déterminer ou de vérifier la popularité et l’influence politique de son adversaire. Il faut noter que les Émirats mettent tous les moyens à la disposition de Dahlan pour qu’il soit nommé à la place de Mahmoud Abbas car c’est le seul dirigeant capable, selon eux, d’avancer dans le processus de paix, à fortiori lorsqu’il est soutenu par les États-Unis et l’Égypte et de manière discrète par Israël. On ignore encore si Mahmoud Abbas se représentera aux élections présidentielles.