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jeudi 14 janvier 2021

Anomalies politiques en Israël, peu de femmes et beaucoup de partis

 


ANOMALIES POLITIQUES EN ISRAËL, PEU DE FEMMES ET BEAUCOUP DE PARTIS


Par Jacques BENILLOUCHE

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A une ou deux exceptions près, les dirigeants politiques ont toujours considéré que les femmes israéliennes n’avaient pas vocation à participer à la vie politique du pays. Pas de surprise chez les deux partis religieux orthodoxes, séfarade ou ashkénaze, qui ont banni les femmes de leurs listes, beaucoup par suite d'une mauvaise interprétation des textes que par idéologie. Quelques partis intègrent des femmes alibis sans cependant leur donner des postes de responsabilité. La parité est donc une notion superflue dans le plus grand pays du hightech. Certes les listes électorales ne sont pas totalement établies mais généralement les candidats précédents sont reconduits à l’identique, à quelques epsilons près. Les femmes ont pourtant montré leur efficacité dans la gestion de la pandémie mais le machisme règne en Israël. Cette absence de femmes doublée de la multiplication des partis pourrait pousser les électeurs à l’abstention.



Nous sommes loin des élections de 2013 lorsque Shelly Yachimovich dirigeait le Parti travailliste, Tsipi Livni était à la tête d’Hatnuah et Zehava Gal-On conduisait Meretz. Mais elles faisaient tellement d’ombre qu’elles ont été renvoyées dans leurs cuisines. Même les partis nouveaux, malgré leur trop plein, n’ont pas songé à vaincre le machisme. Chaque jour, de nouveaux partis émergent des divisions internes mais iles restent toujours sous la conduite d’hommes. On se demande si les dirigeants politiques sont conscients de la situation politique sur le terrain. Par ailleurs, la multiplication des partis, au centre et à gauche, laisse perplexe car on ne vise pas l’efficacité tandis que la droite se maintient à un haut niveau dans les sondages. Ces nouveaux partis ne se justifient que par l’ego des meneurs qui ne se préoccupent pas de passer le seuil fatidique des 3,25% des voix.

Or il n’y a point de salut sans un regroupement des forces centristes et de gauche pour espérer compter renverser le paysage politique. Aux élections du 2 mars 2020, seul le dynamisme de l’union a porté le parti Kahol-Lavan à trois sièges du parti dominant, le Likoud. Aujourd’hui, il manque effectivement un leader fédérateur charismatique qui pourrait changer la donne.

Les leaders politiques tous masculins


Dans l’immédiat ont décidé de concourir Kahol Lavan de Benny Gantz, Yesh Atid de Yaïr Lapid, Telem de Moshé Yaalon, Tnufa de Ofer Shelah et NEP de Yaron Zelekha sans compter les Travaillistes et Meretz. Leurs idées sont voisines quand ils les expriment, mais ils tiennent à figurer en tête de liste, pour l’honneur et pour la frime, même si leur bataille politique est contre productrice. En Israël, il manque le génie d’un François Mitterrand qui avait réussi à regrouper tous les opposants à la droite dans un parti social-démocrate regroupant le Parti socialiste (PS), le Mouvement des radicaux de gauche (MRG) et le Parti communiste français (PCF). Cette structure a tenu, de 1972 à 1977, sur la base du Programme commun de gouvernement et a permis de gagner les élections présidentielles et législatives en 1981.

Leaders programme commun

Les leçons sont toujours tirées des échecs et Benny Gantz a compris tardivement qu’il s’était fait avoir par manque d’expérience et par discipline frisant la naïveté. Aujourd’hui il prône un rassemblement sans exiger le leadership, avec pour seule finalité la mise en minorité de Benjamin Netanyahou qui caracole en tête des sondages. Par analogie, il voudrait être le centriste français Jean Lecanuet qui avait contribué en 1965 à la mise en ballottage du Grand général de Gaulle qu’on considérait inamovible.

Aujourd’hui, dans l’état actuel des forces dispersées, il n’y aura point de salut pour l’opposition au Likoud sans un rassemblement. Netanyahou a un genou à terre mais il pourrait bénéficier d’un réveil de la population lassée par la querelle des chefs centristes dont la seule motivation est la prise du pouvoir même si aucun programme ambitieux nouveau n’est proposé pour les quatre années à venir. On ne parle plus de politique mais d’hommes et de portefeuilles ; on ne vise plus l’intérêt national mais la réussite d’un clan.

Opposition centriste

Yaalon, Shelah et Lapid n’ont pas songé à placer quelques femmes au sommet pour attirer à eux l’électorat féminin qui risque d’aller à la pêche le jour de l’élection. On ne s’étonne pas qu’à droite on singe les orthodoxes puisque les femmes sont ignorées. Pendant un certain temps, Ayelet Shaked avait fait illusion mais elle avait vite concentré sur elle toutes les oppositions. Pourtant dans les autres domaines les femmes ont crevé le plafond de verre en gagnant des directions de banques, de la Cour Suprême et même dans le monde des affaires et de la haute technologie. Alors on s’étonne de voir en politique les mêmes au charbon, les mêmes hommes bien sûr. Quand quelques-unes réussissent, alors les hommes se liguent contre elles pour les éliminer comme ils font fait en 2009 contre Tsipi Livni. Il n’était pas question d’avoir une nouvelle Golda Meir qui avait imposé ses vues à tous les machos d’Israël.

Tsipi Livni en 2009


Pourtant la Knesset de mars 2020 avait battu le record de 30 femmes élues mais rares au gouvernement, et encore plus rares à la présidence des grandes commissions : finances, affaires étrangères et sécurité, constitution, droit et justice. Quant aux postes ministériels, elles ont eu les postes qu’on attribue aux femmes, les excluant de fait des Finances et de la Défense.

L’opposition n’a pas compris qu’une femme à la tête d’un rassemblement centriste et de gauche avait les meilleures capacités pour faire tomber Netanyahou. Ce n’est pas demain la veille qu'elle songera à cette solution et la Droite a encore de beaux jours devant elle .

1 commentaire:

  1. Cher monsieur Benillouche,

    Vous écrivez : "En Israël il manque le génie d'un François Mitterrand..." Voire ! J'ai comme l'impression que tout le monde ne va pas être d'accord avec vous.
    Ainsi, je lis dans le dernier ouvrage paru de Michel Onfray, dont l'apologue se termine ainsi :

    "...Après la mort du général de Gaulle, il ne fut plus question de grandeur. Le général avait dit que le peuple avait choisi d'être un petit peuple, il eut de petits gouvernants. Le plus petit des petits de ceux-là eut à coeur de détruire tout ce qu'avait fait le général de Gaulle; ce fut sa seule constance : faire que ce qui avait été grand devînt petit, comme lui - il s'appelait François Mitterrand."

    Michel Onfray - Vies parallèles De Gaulle Mitterrand - Robert Laffont, éditeur.

    Très cordialement.

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