L’ESPOIR PALESTINIEN D’UN RETOUR VERS OSLO
Par
Jacques BENILLOUCHE
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On
ignore encore réellement la politique qui sera suivie par Joe Biden vis-à-vis des
Palestiniens mais il est certain qu’elle sera différente et plus modérée que celle de Donald
Trump. Ils attendent beaucoup de la
nouvelle administration américaine plus ouverte à des discussions. C’est
pourquoi, ils anticipent la bonne volonté de Biden en lui facilitant la vie à la
veille de son entrée à la Maison Blanche et en reprenant la coopération
sécuritaire avec Israël. Ils n’ont jamais cessé de croire aux Accords d’Oslo
même s’ils sont mal appliqués de part et d’autre, mais seul ce document officiel permet
de maintenir des liens, même tendus.
Général Kamil Abu Rukun |
En mai, Mahmoud Abbas avait mis fin à la coopération civile et
sécuritaire avec Israël à la suite de l'annexion prévue par Benjamin Netanyahou
de grandes parties de la Cisjordanie devant faire partie d’un éventuel futur
État indépendant. Le général de division Kamil Abu Rukun, coordinateur israélien des
activités gouvernementales dans les territoires, a d’ailleurs écrit le 17
novembre une lettre au ministre palestinien des affaires civiles en lui
rappelant que : «Les accords bilatéraux israélo-palestiniens continuent de
former le cadre juridique applicable régissant la conduite des parties sur les
questions financières et autres». Cette missive a pris les Palestiniens par
surprise car il est bien évident qu’elle a été envoyée avec l’accord du gouvernement israélien.
Hussein al-Sheikh |
Aussitôt, l'Autorité palestinienne a décidé de rétablir les liens
avec Israël, renouvelant la coopération civile et sécuritaire après une impasse
de six mois qui a empêché des millions de recettes fiscales de parvenir dans
les caisses des Palestiniens à court d'argent en Cisjordanie. Aussitôt, Hussein
al-Sheikh, ministre palestinien des Affaires civiles, a répondu que «la
relation avec Israël reviendra à ce qu'elle était». Il est vrai que la
baisse de l'aide des donateurs étrangers au milieu de la pandémie a accéléré la
crise de financement de l'Autorité palestinienne alors que la Banque mondiale
avait prédit que l'économie palestinienne pourrait se contracter jusqu'à 11% en
2020. Les fermetures d’entreprises touchées par le coronavirus ont aussi
diminué les revenus locaux.
Les dirigeants palestiniens espèrent que l'arrivée d'une administration Biden se traduira par une amélioration des relations avec Washington. D’ailleurs, Kamala Harris a déjà annoncé qu'elle rétablirait l'aide aux Palestiniens gelée sous Trump, en plus de rouvrir le consulat américain à Jérusalem-Est et la mission palestinienne à Washington. Hussein al-Sheikh a écrit de son côté que : «À la lumière des appels lancés par le président Abbas concernant l'engagement d'Israël aux accords bilatéraux signés, et sur la base des assurances verbales et écrites officielles que nous avons reçues, confirmant l'engagement d'Israël à leur égard, la relation avec Israël reviendra à ce que c'était».
Bien sûr, fidèles à leurs habitudes, les Palestiniens ont justifié leur décision par «une victoire sur l’accord du siècle». C’était un peu osé mais le revirement politique palestinien devait trouver une justification acceptable de manière interne.
Le soulagement est net auprès des Palestiniens qui vont voir leur
sort s’améliorer puisque depuis plusieurs mois ils ne percevaient pas
l’intégralité de leurs salaires. L’argent va aussi remplir les caisses d’une
Autorité en faillite depuis que les Saoudiens et les États arabes ont réduit de 81%
l'aide aux Palestiniens.
Les Israéliens pourront trouver leur intérêt dans le revirement
palestinien, en plus des questions sécuritaires, car cette reprise des relations risque de faire exploser les
négociations de réconciliation Fatah-Hamas qui se tiennent au Caire dès lors
que le renouvellement de la coordination sécuritaire n'est pas accepté par le
Hamas. Le Hamas a fermement dénoncé le retour de la coopération avec les «occupants
sionistes criminels». Le FPLP (Front populaire pour la Libération de la Palestine)
s’est lui aussi élevé contre cette décision. Durant tout son mandat, Netanyahou
n’a eu de cesse de créer la zizanie entre les clans et de manière indirecte il
parvient à ses fins.
Oslo 1995 |
Les islamistes palestiniens ne sont plus en état d’imposer leurs vues car le monde arabe a évolué tandis que le Qatar hésite à fournir de l'argent au Hamas à Gaza. Quant au FPLP, il dépend de l’Autorité pour sas allocations. Cela explique la prise de décision brutale des Palestiniens alors qu’ils n’ont rien reçu de plus. Ils savent que si Joe Biden est plus ouvert à leur égard, il ne fera aucune pression sur Israël, du moins au début de son mandat. Leur seul espoir réside dans le sursoit de l’annexion d'une partie de la Cisjordanie qui pourrait ne pas être actée par Biden car elle serait en violation de la résolution 2334 votée à la veille du départ de Barack Obama de la Maison Blanche.
Les Palestiniens, de leur côté, ne pourront pas défier la nouvelle administration américaine au moment où le transfert des pouvoirs s’effectuera à la Maison Blanche. En fait toutes les parties sont intéressées par la tournure des événements. En Israël, la Gauche espère qu’elle pourrait revivre ou survivre à l’arrivée des Démocrates au pouvoir. Les Travaillistes se prennent ainsi à rêver à un Oslo-II confortant ainsi les craintes des nationalistes juifs.
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