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lundi 19 octobre 2020

La liste arabe unie rate encore une occasion

 

LA LISTE ARABE UNIE RATE ENCORE UNE OCCASION

Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright © Temps et Contretemps   

            

Meeting de la liste arabe

          Il est difficile de s’opposer à la volonté de paix de la part de certains pays arabes qui ont décidé d’enterrer la hache de guerre.  Le conflit israélo-arabe perdure depuis plus d'un siècle mais les dirigeants des Émirats Arabes Unis et du Bahreïn ont eu le courage de changer le cours de l’Histoire en reconnaissant enfin l’existence de l’État d’Israël. Cependant, la normalisation n’a pas été acceptée par les députés arabes d’Israël qui calquent leur politique sur celle de l’Autorité palestinienne. Ils ne sont toujours pas majeurs dans leurs décisions.




À une immense majorité, 80 contre 13, les députés de la Knesset ont voté pour la normalisation qui ne peut apporter que la paix et la réussite dans un monde de guerre et de conflits, même si l’on peut avoir des doutes sur la finalité du projet. Les Arabes ont été les seuls à s’opposer, à la Knesset, à une avancée politique importante. Sous prétexte que «cette approche garantit la poursuite du conflit, des souffrances et des effusions de sang», les députés arabes ont voté contre la volonté historique. Ils se sont distingués en n’étant pas Israéliens mais en étant Palestiniens avant tout. Ils ne comprennent pas que cette opposition systématique engendre la haine et la désolation dans leurs villages. Ils sont censés représenter l’État d’Israël mais ils agissent comme des supplétifs palestiniens, n’ayant aucune autonomie, aucune indépendance d’esprit et aucun pouvoir original de décision.

Les députés arabes émargent pourtant au budget d’Israël et ils bénéficient de tous les avantages matériels et financiers liés à leur fonction. Ils qualifient l'accord de normalisation de «trahison arabe et de coup de poignard dans le dos», arguant qu'il viole une position panarabe de longue date selon laquelle Israël ne pourrait normaliser ses relations qu'en échange de terres. Mais ils occultent les avantages que peut en tirer l’État d’Israël. Qui sont-ils pour critiquer ceux qui les ont longtemps défendus et financés et qui ont été lassés par leur intransigeance ?

 Ils restent sur une attitude stérile : «le remplacement du principe de la terre contre la paix par la vision trompeuse de Netanyahou de la paix pour la paix entraînera un désastre pour le pays et tous ses habitants. Cette approche garantit la poursuite du conflit, des souffrances et des effusions de sang». Ils se grandiraient à mettre leurs convictions en accord avec leurs actes en ne participant pas à un État dont ils renient les fondements.

Ayman Odeh

Le président de la liste arabe, Ayman Odeh estime que «le seul accord qui apporterait la paix et la prospérité dans la région serait un accord de paix créant un État palestinien indépendant aux côtés d'Israël. L'accord signé aujourd'hui fait partie de la vision dangereuse de Trump qui perpétuera le régime militaire sur des millions de Palestiniens, les colonies et les avant-postes». Que fait-il en Israël alors que sa place est donc aux côtés de ses frères palestiniens et de Mahmoud Abbas en particulier. Il n’a pas compris qu’il aurait été un excellent pont entre les deux communautés pour sortir de ce refus systématique de s’asseoir à une table de négociation. De nombreux Israéliens sont partisans de la création d’une entité  palestinienne car ils veulent vivre dans un État juif faute de quoi nombreux seraient ceux qui iraient rejoindre le pays de leur naissance. Mais sa position les poussent à être passifs.

La politique de la chaise vide qui dure depuis 1948 a joué en défaveur de ceux qui voient jour après jour leur espace se réduire parce qu’ils laissent le champ libre à l’extrême-droite israélienne. Ils se sont appuyés sur l’existence éventuelle de clauses secrètes pour s’opposer au vote mais ces clauses ne les concernent pas directement. Selon le député Moshé Yaalon, elles comprennent «une annexe secrète sur les armes avancées destinées aux Émirats qui pourraient avoir un impact critique sur l'avantage militaire stratégique d'Israël dans la région». Netanyahou a réfuté cette hypothèse en affirmant que l'accord avec Abu Dhabi ne contenait «aucune annexe secrète ni aucun programme caché».

Gantz et Yaalon
            En quoi un éventuel accord sur la vente d’armes américaines, des F-35 en particulier, pourrait influer sur le vote des députés arabes israéliens ? Il s’agit d’une excuse cousue de fil blanc. Il est temps que les Arabes israéliens se dotent d’un parti qui ne soit pas systématiquement négatif, qui s’insère dans le paysage politique israélien, et qui défende les intérêts matériels des communautés arabes vivant en Israël. Les lacunes sont encore énormes dans ce domaine mais elles sont masquées par des exigences politiques qui sortent du cadre israélien. 

Plus les Arabes persistent dans leur entêtement à se considérer avant tout comme palestiniens et moins ils obtiennent des avancées sociales. Certes, les accords de normalisation ne mentionnent ni un État palestinien ni une solution à deux États, mais les députés arabes israéliens ont déjà leur État sauf à renier son existence et à refuser d’être présents dans les travées de la Knesset lors de l’hymne national israélien. Ce paradoxe détruit tout espoir de voir la communauté arabe insérée politiquement alors qu’elle participe déjà grandement à la vie économique du pays : médecins, pharmaciens, infirmiers, promoteurs immobiliers et commerçants. 

            À chaque refus politique arabe, le gouvernement israélien répond par une mise en chantier de nouveaux logements en Cisjordanie qui se rétrécit de jour en jour au point qu’un État croupion ne peut y avoir une existence concrète.

Plan Lieberman
            Les députés arabes doivent choisir : être des citoyens israéliens ou bien être des citoyens palestiniens. Dans ce dernier cas ils doivent accepter l’intégration de leurs villages frontaliers à la Cisjordanie pour donner corps à un État viable. C’est d’ailleurs la proposition faite depuis longtemps par Avigdor Lieberman et qui a été ignorée parce qu’ils veulent le beurre et l’argent du beurre. Ils veulent vivre au sein de la démocratie israélienne en refusant d’être sous juridiction palestinienne. C’est le paradoxe d’une communauté qui cherche toujours sa voie mais qui reste toujours dans l’impasse. En votant contre les accords de normalisation, les députés arabes ont voté contre la paix.

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