Périodiquement l’on reparle de la tenue d’élections en Cisjordanie ou à
Gaza. C’est l’antienne qui revient régulièrement au devant de l’actualité. Mais
les conditions ne sont jamais réunies pour concrétiser le projet. Ismaël Haniyeh, avait pourtant déclaré le 28 octobre 2019 que le Hamas était prêt à
participer aux élections palestiniennes et à respecter les résultats à
condition qu’elles se passent dans la transparence et en respectant les règles
démocratiques. Mais le Hamas, qui est las d’attendre, veut prouver aujourd’hui sa
légitimité par rapport au Fatah, en revenant au devant des électeurs. La
dernière élection présidentielle palestinienne date du 9 janvier 2005 tandis que le parlement palestinien a
été renouvelé le 25 janvier 2006 avec le résultat que l’on sait. C’est dire si
les élus manquent de légitimité.
Sinwar et Haniyeh |
En tout état de cause, Yahia Sinwar, leader du Hamas, est disposé à
organiser des élections à Gaza. Le
président de la commission des élections, Hisham Kahil, a confirmé que le Hamas
avait accepté de tenir les élections législatives en premier. Selon une
déclaration du porte-parole du Hamas, Hazem Qassem : «le système
électoral qui sera mis en œuvre lors des prochaines élections, de même que son
mécanisme et sa programmation dans le temps, reposent sur le consensus
national, la meilleure garantie pour des élections libres et transparentes.
Quant à la participation du Hamas aux élections, qu’elle se fasse en solo ou
avec un allié, elle sera discutée en temps voulu, comme sera discutée la
participation des dirigeants du Hamas aux listes électorales. Mais ce qui est
certain est notre participation forte et positive aussi bien aux élections
législatives que présidentielles».
Abdel Sattar Qassem |
Encore faut-il, et ce n’est pas acquis, qu’un décret présidentiel en précise la date. Abdel Sattar Qassem, professeur de sciences politiques estime que «le problème avec le Hamas est qu’il manque de flexibilité politique et a des difficultés à établir des relations avec des gens qui se trouvent en dehors de son cercle organisationnel et idéologique. Le Hamas ne fait confiance qu’aux siens et ne fait que très rarement appel aux intellectuels. Il préfère le système des districts électoraux et ses options en matière d’alliance électorale sont limitées au djihad islamique». Certes le Hamas invite peu d’universitaires, de technocrates et d’hommes d’affaires dans ses listes alors qu’il a besoin de s’ouvrir en dehors de ses cercles habituels. Cette volonté de recourir à des élections législatives s’explique donc par les nombreux échecs du Hamas dus à son manque d’expérience dans travail gouvernemental.
On reparle donc d’élections législatives alors que le 26 septembre 2019, depuis la tribune des Nations unies, Mahmoud Abbas avait fait impression en promettant des élections en Cisjordanie, à Gaza et même à Jérusalem-Est. Bien sûr cette promesse n’a jamais été tenue. Le président de l’Autorité avait juste besoin d’entretenir une illusion pour rallumer une légitimité perdue et pour justifier son maintien au pouvoir.
Saeb Erekat et Mahmoud Abbas |
La société palestinienne est
lassée de l’autoritarisme et de la corruption de ses dirigeants vieillis et
souhaite l’émergence d’une nouvelle génération de responsables politiques. Saëb
Erekat, secrétaire général de l’OLP, qui occupe des responsabilités depuis de
nombreuses années, est mal placé pour prétendre que «le changement est
désormais son leitmotiv». Pour mettre un terme au déni de démocratie
dont souffrent les Palestiniens, les élections sont indispensables pour renouer
un lien de confiance avec l’Autorité. Pour Hanan Ashrawi : «La
démocratie n’est pas une option mais désormais une nécessité. Les élections
doivent se tenir. Après tout, le seul levier dont les Palestiniens doivent
s’emparer est la rénovation de leur situation politique intérieure».
Hanan Ashrawi |
Mais pour confirmer sa
légitimité à Gaza et même en Cisjordanie, le Hamas veut organiser des élections
en novembre 2020 pour se choisir un nouveau chef ou maintenir l’actuel leader
en place. Trois prétendants vont être en lice. Yahya Sinwar, Ismaïl Haniyeh et
le revenant Khaled Mechaal. Chacun d’eux est soutenu par un pays arabe
différent. Sinwar bénéficie du soutien de l’Égypte. Khaled Mechaal, ancien chef
du Hamas jusqu’en 2017, est l’homme de
la Turquie et du Qatar qui financent le Hamas. Ismaïl Haniyeh, actuel président
du bureau politique du Hamas, est l’homme de la Turquie et de l’Iran. Un
candidat pourrait créer la surprise en la personne de Saleh El-Arouri, adjoint
de Haniyeh. Malgré ce semblant de démocratie, le Conseil de la Choura du Hamas
est seul maître pour organiser dans le secret les élections et pour désigner
les candidats.
Saleh El-Arouri |
L'article a été publié dans Causeur.fr
https://www.causeur.fr/gaza-elections-hamas-181648
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