Billet d’humeur
PARIS
OUTRAGÉ, PARIS BRISÉ, PARIS MARTYRISÉ
Par Jacques BENILLOUCHE
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Hôtel rue de Seine fermé |
Après neuf mois de confinement en Israël, une virée vers la France nous a permis de découvrir un Paris inconnu de nous jusqu’alors. De nombreuses boutiques sont fermées dans des quartiers d’ordinaire très fréquentés. Les boutiques n’ont pas survécu aux manifestations des Gilets jaunes ni à la crise du coronavirus. Partout, les magasins ont définitivement baissé leurs rideaux. De grandes marques de vêtements ont mis définitivement la clé sous la porte. Les cafés et restaurants ont basculé leurs tables sur la chaussée à la place des parkings de voitures, dans des terrasses éphémères, au détriment de la circulation qui nous parait de plus en plus difficile face aux travaux qui émaillent les rues de la Capitale. Paris a pris l’allure d’un décor exceptionnel avec le transfert des activités sur les trottoirs.
A l’entrée de certains hôtels,
la pancarte «fermeture définitive» est dramatique car les visiteurs
étrangers sont absents. L’ambiance n’y est plus, les rues sont rendues tristes
par l’absence de visages, tous cachés par les masques protecteurs. Des salles de
café réputées, autrefois bondées, à l’image du café des Éditeurs, place de
l’Odéon, attendent les clients qui ne viennent plus. Pourtant les espaces ont
été respectés et le gel est placé à tous les endroits. Les Deux Magots de
Saint-Germain des Près offrent leurs tables libres alors qu’il fallait, hier,
avoir de la chance pour trouver un siège. Cependant les cafés et restaurants
s’en tirent au mieux avec une fréquentation à 30% et la mise au chômage
technique d’une partie de leur personnel. En revanche, les taxis sont dans le
désespoir, sans les touristes, sans les déplacements des Parisiens, et sans les
courses vers les aéroports. L’aide de 1.500 euros par mois est négligeable face
au budget fixe.
La population a peur et préfère
s’enfermer chez elle pour éviter toute contamination. Les personnes à risque
craignent de se trouver à terme sous respiration artificielle. Les passants
désertent les trottoirs qui faisaient l’originalité de la Capitale.
L’incertitude règne dans les esprits ce qui ne facilite pas l’optimisme. Paris
semble avoir perdu son souffle. On ne s’aventure plus à traîner dans les rues et
l’on se borne à être servis rapidement au comptoir afin de partir aussitôt, après
avoir épié son voisin suspect. L’alignement de clients résignés et disciplinés dans
des queues devant les commerces rappellent aux anciens les images du passé,
lors des pénuries alimentaires.
Les
commerçants sont camouflés derrière des vitres protectrices et des vitrines à
glissières pour échanger les tickets de caisse et la monnaie sans oublier à
chaque échange l’opération du gel hydro alcoolique. De temps en temps on découvre
un spectacle à la Tchernobyl lorsqu’un employé municipal équipé d’une
inquiétante combinaison intégrale blanche, masque à gaz sur le visage,
pulvérise dans la rue un inquiétant liquide. Signe que les choses ne tournent
décidément pas tout à fait rond, on ne peut plus acheter les livres d’occasion à
l’entrée de Gibert du Quartier latin car les manipulations sont risquées. De
plus en plus, les consommations à emporter se développent à travers une vitre
impersonnelle. Quelques exceptions cependant dans certains quartiers réfractaires au
confinement, comme si le mal était stoppé à l’entrée. Les marchés en plein air
sont bondés car les habitants prennent d’assaut les étals pour faire des réserves avant le confinement volontaire.
Si Paris a pris l’allure d’une ville désertée, certains habitants veulent résister à la morosité. Alors la rue de Seine ignore le coronavirus. La rue est envahie par les terrasses de cafés. La population s’y attable sans succomber aux impératifs du coronavirus. Mais on sent que le cœur n’y est plus. Nos amis «d’un certain âge» se cloîtrent chez eux et n’acceptent qu’une rencontre dans un parc en plein air. C’est dire si la terreur est tenace. Elle est d'autant plus tenace que la population a perdu confiance dans ses dirigeants, et même dans ses médecins. Là est le problème.
En lisant l'article d'un Paris à l'article on a envie de chanter sous les ponts vu cette gueule d'atmosphère à l'abandon: "j'ai la rate qui s'dilate l'estomac qui s'contracte.".Bref on a plus envie de se promener sur les grands boulevards...
RépondreSupprimerIl ne faut rien exagérer, ccela va comme dans tous les pays touchés par le Covid, c'est tout!
RépondreSupprimerMais Paris c'est Paris même si "tous les pays sont touchés par le Covid".
RépondreSupprimertu as raison Jacques et en plus les rues sont sales et la pollution persiste
RépondreSupprimerParis est sans doute outragé mais c'est Israël qui est confiné aujourd'hui !
RépondreSupprimerComme quoi, le monde des perceptions n'est pas celui des certitudes. Deux mois passés en France, dont une bonne partie à Paris, m'ont fait découvrir une capitale très différente. Avec beaucoup moins de touristes, ce qui explique la difficulté des taxis, et une moindre animation. Mais, par le miracle des terrasses installées sur la rue devant les restaurants et cafés, dans presque tous les quartiers, une ambiance nouvelle de villes du sud. La très forte amplification des baladeurs en vélo, participe à ce sentiment de nouveauté personnellement ressenti.
RépondreSupprimerSentiment ressenti d'ailleurs dans quelques villes de province visitées pendant ce séjour.
Donc, sans oublier le drame économique, voilà un témoignage plus positif, en contrepartie mais sans garantie bien entendu