En 1919 le traité de Versailles prive l’Allemagne de ses
possessions africaines. La vague Black
lives matter et ses effets collatéraux atteignent Berlin comme d’autres
capitales. Cédant aux pressions du parti SPD social démocrate et des Verts et des
associations antiracisme, la municipalité débaptise la rue des Maures (Mohrenstrasse)
en raison de sa connotation «raciste».
Tous ces groupes considéraient qu’il s’agissait d’un
outrage permanent. Ils ont exigé que ce changement soit appliqué sans délai,
car selon eux «cette appellation n’est
plus compatible avec ce qu’on entend à notre époque par démocratie et dont le
maintien, incriminerait et nuirait à la réputation nationale et internationale
de Berlin» sans pour autant donner d’autres explications sur cette sentence
catégorique. Au fond, coupables de nuire à la démocratie. Mais on ignore encore
comment. La rue porte désormais le nom d’Anton Wilhem AMO, premier étudiant
africain à avoir passé un diplôme de doctorat en philosophie en Allemagne en
1729. Il enseigna ensuite dans plusieurs universités [1].
Les associations contre le racisme et les activistes locaux
ont salué ce changement en déclarant «il s’agit d’un grand jour pour Berlin,
qui supprime ainsi ce qui représentait une insulte au centre même de la ville»
déclarait le porte-parole de «l’initiative postcoloniale» Mnyaka Sururu
Mboro tanzanien d’origine, qui a vécu 30 ans à Berlin et de conclure, que
Berlin «s’inscrit dans l’histoire
mondiale». Les mêmes qui soutiennent les droits des africains, des afro
allemands et d’autres minorités qui mettent en cause l’héritage( ?)
colonial allemand réclamaient ce changement depuis longtemps. Ils insistaient particulièrement
sur l’appellation «Maures» qu’ils estimaient discriminante.
Avant ce changement, la compagnie des transports publics
avait décidé en juillet de changer le nom de la station de métro du même nom.
Initialement elle devait devenir la station Glinka du nom du compositeur russe.
Las ! Le Sénat de Berlin a finalement rejeté ce choix, arguant que ce
compositeur faisait déjà l’objet d’accusations d’antisémitisme. On recherche
toujours un nouveau nom.
Le nom Maure date du Moyen-Âge et nombre de restaurants à
travers l’Allemagne l’utilisent. Rien ne dit qu’ils vont y renoncer, surtout si
ça leur porte préjudice. Ces associations considèrent également que c’était une
insulte pour l’ensemble des musulmans établis en Europe et en Afrique du Nord.
On en apprend tous les jours ! On ne peut que s’inquiéter d’une telle idéologie
qui tend à s’étendre, au delà des frontières.
Un faisceau d’événements survenus ces derniers temps en
Allemagne sont des signes inquiétants ; la multiplication des actes
antisémites, plus récemment, une tentative de pénétration par la force au
Bundestag pour contester le port du masque. Tout indique une montée de la
violence dans ce pays qui a certes une partie de sa population en provenance de
l’immigration, mais symétriquement également une poussée de l’extrême-droite de
l’AFD.
Alors sans être pessimiste, à ce rythme il n’est pas
interdit de se poser la question. En imaginant que des citoyens en fassent la
demande, l’Allemagne ira t-elle jusqu’à débaptiser la rue des Juifs (Judengasse,
Judenstrasse) qu’on retrouve dans de multiples villes à travers le pays ? On
a déjà procédé à une élimination physique à une autre époque, faudrait-il aussi
effacer les noms de rue ?
Berlin Station rue des Maures |
Par analogie, Paris fera t-elle écho à Berlin concernant la
rue du Maure et le passage du Maure, dans le 3° arrondissement ? A Lyon
faudra t-il changer le nom de Lyon-la-Londe-des-Maures, la rue des Maures à
Feyzin, le Cannet des Maures, la rue des Maures à Talence 33 ? Que dire
des nombreuses rues des Juifs à travers la France ? Pire, pour la rue de la juiverie, qui a une
connotation négative ? Il est vrai
qu’en 2020 la communauté juive en France
représente moins de 1% de la population. On peut imaginer qu’elle ne revendiquera
pas cette suppression ! En arrivera t-on à ce que toute la France revoit
en profondeur le nom des rues qui pourraient constituer une discrimination
envers une minorité tyrannique. Demain, après Colbert, faudra t-il déboulonner la statue de Jules
Ferry considéré comme auteur des lois instaurant l’instruction obligatoire et
gratuite. C’est le même qui s’exprimait en ces termes à l’assemblée
nationale : Messieurs, il faut parler plus haut et plus
vrai ! Il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un
droit vis-à-vis des races inférieures. (…) Je répète qu’il y a pour les races
supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir
de civiliser les races inférieures. L’illustre V. Hugo le défendait.
Demeurons très vigilants afin que ce qui se passe en
Allemagne ne revienne pas dans la France laïque comme un boomerang raciste, qui
ne ferait qu’ajouter à la polémique déjà créée par certains qui veulent être considérés
comme des ayants-droit identitaires, en rendant le pays actuel responsable
d’une histoire passée et assumée dont ils se prétendent les victimes actuelles.
Il s’agit bien d’une forme de révisionnisme qui consiste à
vouloir effacer les traces de l’Histoire pour réécrire le récit national, sous
prétexte de supprimer une forme supposée d’inégalité ou d’injustice identitaire. Rejetons et refusons ce diktat !
D'autant plus que s'attaquer aux apparences pour essayer de faire disparaître TOUTE trace d'une triste réalité ne sert à rien si ceux qui sont les artisans de ce révisionnisme ne s'attaquent pas d'abord à leur propre intérieur, savoir leur coeur. Car leurs actions, notamment de vandalisme, mettent en évidence qu'ils sont en eux-mêmes ce à quoi il s'attaquent en extérieur : Des êtres humains minés par LE MAL, même si ce mal n'est pas le même que celui qui a miné ceux qu'ils veulent combattre aujourd'hui...
RépondreSupprimer